En hommage à Simone Veil : le sang des femmes
Qui a entendu le cri
Silencieux de Maria
Quand le médecin lui a dit :
Ton nouveau-né mourra ?
Condamnée à la grossesse
Pour ne donner que la mort
Par une loi sans souplesse
Sans pitié, sans remord.
Faut-il se résigner
À perdre un peu nos âmes
Quand sur le monde entier
Il pleut le sang des femmes ?
Ô Chili, rien ne console
L'espoir qu'on assassine.
Ses larmes souillent ton sol
Ma belle terre latine.
Qui soigne la joue meurtrie
De la discrète Florence
Violentée par son mari
Dans un foyer de silence ?
À genoux et tremblante
Elle nettoie son propre sang
Quand les langues avoisinantes
Ne se délient pas un instant
Faut-il se résigner
À perdre un peu nos âmes
Quand sur le monde entier
Il pleut le sang des femmes ?
Ô France rien ne console
Qu'ainsi on reste myope
Au sang qui souille ton sol
Ma belle terre d'Europe
Qui a vu la terreur
Dans les yeux de Ramatou
Quand la vague de douleur
S'est propagée partout ?
Et l'utérus en charpie
Mourir à vingt printemps
Car dans son pays
On meurt d’avortement.
Faut-il se résigner
À perdre un peu nos âmes
Quand sur le monde entier
Il pleut le sang des femmes ?
Ô Niger, rien ne console
Cette mort sans logique
Son sang souille ton sol
Ma belle terre d'Afrique
Qui a compris la rage
D'Arefa que l'on hisse
Sur une table du village
Pour lui écarter les cuisses ?
Sa mère l'encourage
Lorsque la lame entame
D'un geste en héritage
Son intégrité de femme.
Faut-il se résigner
À perdre un peu nos âmes
Quand sur le monde entier
Il pleut le sang des femmes ?
Car vraiment rien ne console
Cette barbarie ancienne
Son sang souille ton sol
Ma belle terre indienne
Qui pense encore à Sara
Enceinte de son violeur
Morte de son embarras
Pendue à un arbre en fleur ?
Une guerre sans conscience
Où le viol est une arme
A noué dans le silence
Une corde tissée de larmes.
Faut-il se résigner
À perdre un peu nos âmes
Quand sur le monde entier
Il pleut le sang des femmes ?
Ô Syrie, rien ne console
Ce suicide terrifiant.
Son sang souille ton sol
Ma belle terre d'orient.
Faut-il se résigner
À perdre un peu nos âmes
Quand sur le monde entier
Il pleut le sang des femmes ?
De la banquise aux Antilles
Rien ne console la Terre
Quand le sang de nos filles
Forment des rivières