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L'Écrhistoires
6 avril 2017

Mes astuces pour « entrer en écriture »



Ce mois-ci dans ma boîte à outils :  tout pour convoquer inspiration et motivation.

En écrivant l'article sur l'impératif de faire de la place, j'ai pensé à ma quête de l'inspiration et combien cette nécessité lui est liée. Qu'on envisage l'écriture comme un loisir ou un travail, si on décide de pratiquer sérieusement, il arrivera un jour où vous n'aurez pas envie de vous asseoir pour prendre le stylo. Que celui qui n'a jamais la flemme me jette le premier coussin, dont je me saisirais pour m'assoupir quelques heures minutes !

Oui, écrire est ma passion. Oui, j'accède souvent à une intense sensation de joiedevant ma feuille ou mon écran. Pourtant, certains jours, le canapé m'interpelle, le ménage fronce des sourcils, le désir de papoter avec une amie me taraude. Et c'est là, dans ces instants d'hésitation que réside la différence entre ceux qui progressent et les autres. Comme il serait facile de s'abriter derrière l'excuse de l'inspiration : « Ah, je ne suis pas d'humeur à écrire... Je manque d'inspiration, pauvre de moi ! Tant pis, j'écrirai demain... ».

Au lieu de cela, j'ai cherché des solutions pour écrire malgré tout. Non pas me forcer mais me mettre en humeur d'écriture. Je ne dis pas que ces propositions vous conviendront, ni qu'elles feront des miracles. Toutefois elles peuvent aider quelques écrivants à (re)trouver la motivation.

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Se créer un rituel



Selon Twyla Tharp, célèbre chorégraphe et auteure de l'ouvrage The Creative Habit : learn it and use it for life, les rituels sont primordiaux pour entretenir sa créativité. Ces habitudes peuvent consister en ce qui vous correspond le mieux. Ce peut être se préparer une tisane puis la déguster en lisant la production de la dernière séance. Ou encore vous installer dans un endroit particulier. À force de toujours pratiquer quelques gestes ou actions avant d'écrire -ou peindre, ou danser,...-, le simple fait d'accomplir le « rituel » vous mettra dans le bain. Comme si vous disiez à votre esprit : là, je m'apprête à travailler, à créer. Et hop, votre cerveau se mettra en « mode créativité ». Un peu comme le fait de sourire nous met de meilleure humeur même quand le sourire est d'abord de « façade » -une étude scientifique a étudié le phénomène, si vous en connaissez les références, partagez-les en commentaires, je n'arrive plus à les retrouver-.

Je ne peux que vous conseiller de mettre en place un rituel et de vous y tenir pour que ce dernier devienne ce coup de pouce qui change tout.

 

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Entrer en écriture grâce à celle-ci

 

Dans l'article que j'évoquais en introduction, je parlais d'écrire pour faire place nette ou vider la poubelle de vos émotions. Je connais quelques auteurs qui utilisent cette pratique. Faire appel aux mots pour trouver les mots. Vous pouvez soit parler de vous -et de vos difficultés- soit utiliser une consigne d'écriture. Cela correspond finalement aux gammes pour les musiciens ou au travail à la barre pour les danseurs. Personnellement, j'utilise rarement cette méthode. En vérité, j'y ai recours seulement devant un blocage très important. Pourquoi ? Parce que j'ai du mal à me détacher des phrases que je viens d'écrire et que cela revient alors à une rumination sur le papier. Reste que c'est une piste qui convient à certains. Je répète qu'il n'y pas UNE recette miracle, seulement des pistes pour trouver ce qui vous aidera VOUS.

 

La méditation et autres outils personnels...

 

Enfin je vais vous parler de ce que je mets en place lorsque je ne suis pas d'humeur à écrire. Non seulement je dispose de mes propres rituels de secours mais aussi de quelques outils auxquels je fais appel quand mes habitudes ne suffisent pas. La première pratique que je tente reste une courte séance de méditation. Cinq à vongt minutes suffisent en général. Je reviens au moment présent, je me « recentre » et cela me ramène à un état qui me convient particulièrement pour écrire. Dix-neuf fois sur vingt, la méditation résout mon problème. Et si vraiment, je continue à bloquer ou à avoir la flemme je...vais prendre une douche. Oui, oui, vous avez bien lu. Pourquoi la douche ? Parce que c'est un moment où je lâche complètement prise. C'est un peu mon couteau-suisse émotionnel. Un blocage d'écriture ? Une douche. Un problème avec mon manuscrit ? Une douche. Une angoisse diffuse ? Une douche. Pas très écologique mais ça fonctionne.

À défaut du coup de la douche, se connaître est le premier impératif. Observez-vous et trouvez vos propres outils, vos propres astuces pour vous mettre en posture d'écriture...



Et vous, quelles astuces vous aident à « entrer en créativité » ?

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23 février 2017

Les dictionnaires : les alliés de tous



Ce mois-ci dans ma boîte à outils : les dictionnaires



Le mois dernier, pour inaugurer la boite à outils, je m'amusais à vous parler des gros mots. Un article finalement tout à fait sérieux, que vous pouvez retrouver ici... Lors de l'élaboration de cette première chronique, j'avais eu recours à un outil bien connu de qui manie un tant soit peu la langue : le dictionnaire. Finalement, puisque c'est « l'outil » que j'utilise le plus fréquemment, il semblait logique d'aborder le sujet. En ligne, sur papier, spécifiques, nombreux sont les dictionnaires qui, au quotidien, sont devenus des alliés.

 

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Les dictionnaires en lignes



À l'ère du numérique, il serait dommage de ne pas profiter des dictionnaires en ligne. Définitions et vocabulaire à porter de clique, quoi de plus simple et sans danger ? Sauf que l'on peut très bien, dans la précipitation, utiliser Internet à mauvais escient. Le risque est d'utiliser des informations dépassées ou pire erronées. Si, pour écrire votre roman contemporain, vous utilisez le Littré1, il va de soit que vous risquez quelques déconvenues.

Pour ce qui est du bon vieux dictionnaire de français, je ne jure que par le site de Larousse, que je trouve ergonomique et sérieux. Lorsque je donne des définitions, elles sont en général issu de cet espace.

Par contre quand, plus rarement, j'ai besoin d'avoir recours à un dictionnaire des synonymes je préfère de loin aller . Agréable visuellement, simple d'utilisation et précis, c'est un des mes sites favoris. Si aujourd'hui je me contente de partager mes ressources, il faudra à l'occasion que je revienne sur l'utilisation particulière du dictionnaire des synonymes. Refuser de le consulter ou en abuser peut jouer contre vous.

De manière sporadique, j'ai besoin d'un dictionnaire des rimes. Ma bibliothèque est pourvue d'un tel ouvrage (acheté il y a plus de 15 ans) mais j'avoue que je le sors si peu souvent qu'il se cache derrière deux rangées de romans... Donc il m'a fallu trouver une solution plus pratique : ce site. De même que pour le dictionnaire de synonymes, je pourrais écrire un article sur la question.

 

Synonymes

 

Les dictionnaires en ligne sont des outils fort utiles mais certains ouvrages papiers continuent d'accompagner mon travail...

 

Les irremplaçables papiers



Les trois dictionnaires « papier » que je feuillette le plus ne sont pas des compagnons quotidiens dans mon travail sur l'écriture. Mais le plaisir que j'ai en les consultant, la myriade d'éléments que j'ai appris grâce à eux, font qu'ils avaient leur place dans cet article.

Le premier, et non des moindres, date de l'époque fort lointaine où je possédais encore une carte d'étudiante. Un ouvrage de référence, acquis pour un cours, que je consulte encore de temps à autre, parfois pour le simple plaisir d'apprendre une broutille ou deux. Il s'agit du Dictionnaire étymologique et historique de la langue française de Beaumgartner et Ménard. Possible qu'après toutes ces années, mon édition date quelque peu mais je l'adore. Oui, oui, j'adore un dictionnaire, on s'abstient de se moquer, merci... J'évite de le sortir quand je suis submergée de travail car j'ai tendance, quand je plonge dans ces pages, à m'y noyer avec délectation.

Viennent ensuite deux parutions de Larousse qui sont sans doute très plaisantes mais que je consulte pour le boulot. Le premier est le Dictionnaire des expressions et locutions traditionnelles. On peut trouver son équivalent en ligne pourtant je le préfère dans sa version papier -allez comprendre...-. Riches d'exemples, il fourmille de petits trésors...

Enfin le troisième me sert pour la correction, encore une édition Larousse : Dictionnaire des difficultés de la langue française. Lorsque -je ne sais pas encore quand mais c'est prévu- je consacrerai un article sur mes outils pour la correction, nous verronsi son utilisation plus en détails. Reste que c'est un ouvrage de référence dont je peux difficilement me passer. Quand j'aborde la thématique « Retravailler un texte » avec un client, je l'emporte avec moi.

 

Pour conclure, j'avoue que d'autres dictionnaires sortent régulièrement de ma bibliothèque (Dictionnaire de l'Ancien Français, de mythologie, des symboles, dictionnaire culturel de la bible...) mais ils sont si spécifiques que je préfère les garder pour les sujets auxquels ils sont liés...

Peu importe ceux que vous utilisez, faite-le à bon escient et, surtout, prenez du plaisir à baguenauder dans le paysage varié de notre langue...

 

Et vous, les dictionnaires, numériques ou papiers ? Généralistes ou spécialisés ? Partagez vos trouvailles...

 

 

1 Dictionnaire ancien, paru de 1873 à 1877

26 janvier 2017

Gros mots, grossièretés et autres jurons



Ce mois-ci dans ma boîte à outils : les gros mots.

J'aurais pu commencer cette nouvelle catégorie -à retrouver une fois par mois- avec une définition un brin poussiéreuse et savante, telle la stichomythie1. Mais non... Je préfère commencer par un thème tout aussi important -oui,oui...- mais un poil de licorne plus amusant : les gros-mots, jurons et autres joyeusetés que notre belle langue nous offre.

Mais en quoi les gros mots ont-ils leur place dans la boîte à outil d'un écrivant ?

Tout d'abord un petit rappel, ami lecteur, sur ce que j'entends par gros mot. J'ai choisi de m'en tenir à la définition qu'en fait Pierre Guiraud Il s’agit plutôt des termes qui choquent parce qu’ils touchent des domaines tabous notamment la religion, la sexualité et la scatologie.2

 

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Les gros mots : un art mouvant



En général, on qualifie une langue de vivante parce qu'elle est pratiquée de nos jours mais, pour moi, la première caractéristique d'une langue vivante est bien qu'elle est douée de vie. Donc dans le mouvement, la transformation, l'évolution. Vouloir graver le français dans le marbre d'une académie serait un blasphème. Les gros mots, comme tout le reste de notre vocabulaire, ont un passé. À chaque terme même grossier correspond une histoire, une biographie, une fiche d’identité.

Prenons un mot à la vulgarité limitée mais beaucoup utilisé dans nos embouteillages : le bon vieux « con ». Son arrivée dans notre langue daterait du XIIIe s. et ne désignait alors que les parties naturelles de la femme3 . À cette époque, c'était certes un mot qui évoquait l'intimité mais ce n'était pas une insulte. Ce n'est qu'au XIXe s. que « con » est devenu une injure vulgaire au sens d’abruti, de crétin. Et que dire de notre langue contemporaine ? dans laquelle on peut se demander si con, un peu usé, possède encore l'aura de scandale attaché aux gros mots...

Gardez cela à l'esprit, que les mots -gros ou pas- ont tous une histoire et que le sens qu'on leur donne aujourd'hui n'est peut-être pas celui qu'on leur prêtait hier.

 

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Variété de figues communément appelée "Couille du pape" - et oui ça me fait rire... 

 

Le gros mot au service du personnage



Le plus souvent lorsque l'on rencontre des gros mots dans un roman, ils sont placés dans la bouche ou les pensées d'un personnage.

N'oubliez pas que tous les dialogues n'ont pas pour fonction de donner du réalisme à l’œuvre. Prenons pour exemple Oscar Wilde. Dans Le Portrait de Dorian Gray, les dialogues fourmillent de bons mots, d'aphorismes,... L'esprit prime sur le réalisme et c'est, entre autres, ce qu'apprécient ceux qui admirent Wilde.

Mais si vous voulez que vos dialogues apportent l'impression d'être « réels», les gros mots auront leur place dans votre boite à outils.

Dans l'idéal, chacun de vos personnages doit être identifiable par sa manière de « parler ». Notre langage transporte toute notre histoire et dépend aussi bien de notre éducation, notre lieu de vie, notre niveau social que de notre caractère ou de notre rapport aux autres et à nous-même...

Quelques termes d'argots, un gros mot ou une expression imagée situent parfois plus efficacement un personnage qu'un interminable paragraphe sur sa biographie. Émile Zola, par exemple n'hésitait pas à donner à ses personnages un ancrage profond dans leur réalité sociale : Nom de Dieu de nom de Dieu ! répéta Maheu en relevant la tête. Nous sommes des jean-foutre, si nous acceptons ça (Germinal, p.175)

Dans la même idée, le récit lui-même peut se situer depuis le point de vu d'un personnage. Une description de l'océan changera du tout au tout selon si elle est transmise par un narrateur neutre, une jeune femme romantique ou un artiste dépressif. Bref si vous décrivez un lieu ou un événement à travers le prisme d'un personnage qui émaille ses dialogues de quelques gros mots bien sentis, en parsemer intelligemment votre texte rendra le passage plus cohérent et dynamique.

Les gros mots peuvent donc participer à une bonne caractérisation des personnages.

 

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La rue dans le texte et le style

 

Il me semble difficile de parler seulement de la place du gros mot dans la littérature car il s'agit plus souvent de la question plus vaste de l'oralité. Depuis Rabelais et sa volonté d'explorer le français, (langue vulgaire tout entière à l'époque où seul le latin était admis), en passant par Céline et l'anti-héros de Voyage au bout de la nuit, parvenir à jouer sur l'oralité est un exercice difficile. Mais cela nous prouve que la crudité, les gros mots, et la vulgarité ne sont que des outils. À partir de là, seul le travail et le talent des auteurs décident de ce que ces outils peuvent devenir : vecteur du réel chez Zola, dénonciation satirique chez Rabelais, claque stylistique chez Céline, poésie érotique pour Chimo (Lila dit ça),...

Comme tout outil et technique, vous avez tout à gagner à en expérimenter l'utilisation...

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Alors, ces gros mots... Vous les utilisez ou pas ?

 

 

 

1 Dialogue en vers dont chaque réplique occupe un seul vers, Lexique des termes littéraires, ouvrage dirigé par Michel Jarry, Le Livre de Poche, 2001

2 Cité dans l'article L'injure en littérature française : un jeu langagier à enjeux spécifiques RIHAM EL KHAMISSY Université d'Ain Shams, Le Caire

3 Dictionnaire de l'ancien français, Algirdas Julien Greimas, Larousse, 2001

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