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L'Écrhistoires

18 janvier 2018

Madie – Mercier, Filippi et Raymond

 

Genre : Roman graphique

Pays : France

Date de publication : mars 2013

Maison d'édition : Casterman

Collection : KSTR

Prix : 15 euros

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Résumé : De nos jours, à Lunéville dans l’est de la France, Madie jouit d’une existence apparemment satisfaisante et épanouie, entre son métier de médecin généraliste, le couple qu’elle forme depuis sept ans avec son compagnon Édouard et les amis qui les côtoient depuis de nombreuses années. Mais lorsqu’elle apprend que son ancien amour de jeunesse, Frédéric, que tout le monde pensait mort, est en fait bien vivant, Madie se laisse submerger par une crise existentielle comme elle n’en avait encore jamais connue…

 

La chronique précédente de cette catégorie concernait déjà une « BD ». Curieux, car mes incursions dans ce genre littéraire restent non seulement récentes mais timides... J'avoue que le début de cet intérêt balbutiant coïncide avec l'ouverture d'un magasin de déstockage près de chez moi. Il faut dire que les BD et romans graphiques pêchent par leur prix. Et puis je n'y connais pas grand chose. Alors les dégotter pour un prix modique me permet de « m'initier » en douceur. Bref, c'est ainsi que j'ai déniché l'ouvrage qui nous intéresse aujourd'hui...

 

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Mon Avis

 

L'histoire de cette Maddie m'a touché plus que prévu. Cette chronique de mœurs, douce et amère, commence par un enterrement où se retrouvent plusieurs amis, dont notre héroïne. Une absence est au centre des émotions de la jeune femme : celle de son amour de jeunesse, mort depuis longtemps et fils de la défunte. Peu après cette triste journée, Madie apprend que ce dernier serait toujours vivant.

Les secrets de famille, le couple, la mort, l'absence, la quête de soi... Ce roman graphique aborde nombre de questions qui me touchent particulièrement. J'ai aimé les dessins assez simples et la subtilité de l'errance de Madie. Pourtant cette lecture ne m'aura pas totalement satisfaite. J'ai trouvé que le parcours de la jeune femme manquait un peu de profondeur, on effleure beaucoup là où j'aurais aimé qu'on explore...

Cela restera toutefois un moment plaisant qui m'encourage à continuer d'explorer le genre.

 

Dites... Vous savez quelle est la différence entre roman graphique et bande dessinée ?

 

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11 janvier 2018

Fonctions des passages descriptifs

 

Dans tous les ateliers de l'Écrhistoires abordant la fiction, nous insistons sur une chose : toute bonne scène possède une fonction. Si vous ne voyez pas à quoi sert tel ou tel passage, il faut au mieux le retravailler, au pire le supprimer. Il en est de même pour la description. Sans fonction précise, autant éparpiller les éléments qui la constituent au fil de votre récit...

 

Faire avancer le récit

 

En premier lieu, la description peut faire avancer le schmilblick... Par exemple pour préparer une scène à venir. Ainsi dans un roman policier, décrire une pièce avec un indice qui traîne ici ou là, offre l'opportunité d'amener le récit vers la résolution du crime. Et quel plaisir, lors de la relecture d'un roman à énigme -ou whodunit en anglais- de découvrir ces éléments au fil de l'ouvrage !

 

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Caractériser un personnage

 

Ensuite la description peut compléter la caractérisation d'un personnage. Imaginons un exemple... Une femme psycho-rigide que nous appellerons Liliane. Elle souffre peut-être même de TOC1. Ainsi Liliane pourrait tenir sa maison de manière obsessionnelle et une description de sa cuisine exagérément immaculée montrera cet aspect de sa personnalité.

Décrire l'environnement d'un personnage pour le caractériser est un outil intéressant. Elizabeth George, auteure de romans policiers, insiste sur ce point dans Mes secrets d'écrivain  : « Décrivez l'environnement d'un personnage et vous montrez qui il est ».

 

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Une question de rythme

 

Nous venons de passer en revue les deux fonctions que peut posséder une scène. Il reste une utilité que la description offre et qui lui est particulière : freiner le récit. Un procédé qui s'avère parfois salutaire.

Un passage descriptif provoque une rupture dans la narration, une pause, durant laquelle le lecteur ralentit. Dans les récits dont l'intrigue est complexe ou le rythme très soutenu, une respiration peut être bienvenue. Mal utilisée la description peut exagérément étirer l'action et lasser le lecteur. Il faut donc savoir doser et seule la pratique le permet aisément. Bref on revient toujours aux fondamentaux...



Et vous, vous utilisez les descriptions dans quel but ?

1Troubles obsessionnels compulsifs

4 janvier 2018

Dans ma boîte à outil : la montre et le ciel

 

Dans le roman sur lequel je travaille en ce moment, un aspect m'offre des migraines : la météo. Le chapitre qui m'occupe depuis quelques semaines se passe en Bretagne en octobre 2013. Cette petite difficulté -rapidement surmontée- m'a donné envie de vous parler de tous ces « détails » autour du temps. Bien entendu on peut décider que personne n'ira vérifier qu'il pleuvait effectivement ce jour-là ou que le 03 octobre était bien un mardi. Pourtant si vous êtes comme moi et appréciez la rigueur, ces questions auront leur importance...

 

L'agenda où la chronologie dans une narration



Même lorsque nos écrits prennent place dans un monde contemporain, on ne doit pas oublier une certaine exactitude. Vous écrivez de la science-fiction ou de la fantasy ? Afin de rendre votre univers/mythologie réaliste, vous avez tout intérêt à soigner les détails. L'ordre chronologique doit être irréprochable. Pour vous aider, vous pouvez construire une chronologie.

Plusieurs méthodes sont possibles : à la main, sous forme de liste ou de frise, à l'ordinateur. Internet offre quelques sites qui peuvent faciliter la vie.

Le site français Chrono-frise est bien conçu bien qu'assez austère. L'avantage est qu'il n'y a pas besoin de s'inscrire pour créer une frise.

 

Frise

 

Sur Preceden, l'interface est plus esthétique et -à mon sens- plus agréable mais il faudra vous créer un compte -fort heureusement celui-ci est gratuit-.

 

Chronologie

 

Qu'importe la méthode ou le support utilisé, je vous conseille de mettre votre chronologie par écrit afin de ne pas vous retrouver avec des incohérences...

 

La montre ou la question du calendrier



Si disposer d'une chronologie aide pour les projets longs, encore faut-il que les informations y figurant soient exactes ! Le petit détail qui tue ? Le jour de la semaine. Parce que soyons francs : qui sait quel jour correspond à une date ? Tenez, le 7 juillet 1945...

 

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Heureusement il existe des sites qui offrent la possibilité de rentrer n'importe quelle date pour trouver le jour qui lui correspond. Personnellement, j'utilise le site Ephemeride mais il en existe beaucoup d'autres...

 

Ephemeride

 

Le ciel ou la question de la lune, du soleil et des nuages

 

Le montre et le calendrier ne sont pas les seuls outils indispensables à l'auteur soucieux des détails... Le ciel nous promet des variations. La météo tout d’abord... Le site de météo france nous donne l'opportunité de choisir un lieu et une date :

 

Météo

 

Une fois ces informations sélectionnées, une météo succincte s'affiche :

 

Temps passé

 

 

L'autre aspect du ciel concerne la lune et le soleil. Calendrier lunaire pour la première, heures de lever et de coucher pour le second.

Sur le site mentionné plus haut, Ephemeride, on trouve facilement un calendrier lunaire et solaire.

 

Si ces questions vous semblent secondaires, libre à vous de ne pas utiliser les outils proposés dans cet articles. Si, comme moi, vous prêtez attention à ces détails, j'espère que ces adresses vous seront utiles...



Et vous, attaché aux détail ou pas du tout ?

 

23 décembre 2017

Consigne d'écriture n°17 - «Horoscope»

 

La consigne

 

Écrivez un horoscope -fantaisiste ou sur un ton sérieux- pour l'année 2018. Faites-le pour le nombre de signes que vous voulez. Enfin, vous pouvez tout à fait choisir d'utiliser les signes chinois ou même la numérologie. Amusez-vous !

 

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Mon texte

 

Bélier (21 mars – 20 avril) 

Humeur

Cette année vous vous sentirez plus mouton que bélier. Il y a des périodes comme ça... Alors que vous aimez tant foncer tête baissée, la morosité vous transformera en petite chose malléable et flasque. Vous n'aimez pas cela ? Dites-vous que vos proches apprécieront !

Amour

Célibataire, si votre élément est le feu, vous brûlerez peu en 2018. Restez donc chez vous. Et mettez Youporn dans vos favoris. En mai, risque de tendinite chronique.

En couple, le bélier a beau ne pas être châtré, quand on ressemble à un stérilet on réfléchit avant de fonder une famille. La contraception, parlons-en...

Travail

Si vous avez un emploi, vous travaillerez. Sinon... ben non.

Taureau (20 avril – 20 mai)

Humeur

Après la pluie, le beau temps. Sauf en période de mousson. Évidement. Bref une année maussade. Investissez dans les sudoku.

Amour

Célibataire, vous devriez sortir plus souvent... À force de ne compter que sur vous-même pour la bagatelle, vous risquez d'être plus bœuf que taureau.

En couple, ce printemps vérifiez votre front ami taureau... Les cornes ne concernent-elles bien que votre signe ? Non, parce que fouiller son téléphone, ça peut être utile. Immorale mais utile.

Travail

Vos collègues sont agaçants ? Vous risquez fort d'être agacé, et même de voir rouge. Ils sont sympas, dites-vous que ce doit être vous l’emmerdeur du bureau. Dans tous les cas 2018 ne sera pas l'année des ambitions. Sauf peut-être à Candy Crush grâce auquel vous pourrez au moins réussir dans un domaine.

Gémeaux (21 mai – 21 juin)

Humeur

Après avoir lu votre horoscope, vous risquez d'être de mauvais poil. Tournez vous vers l'astrologie chinoise. Ou La boule magique 8.

Amour

Célibataire, et sinon, vous en êtes où de votre collection timbres ? Oui, celle commencée en avril 1997. Si vous n'avez pas de collection de timbres, c'est le moment d'y penser sérieusement. 2018 l'année de la philatélie !

En couple, vous aurez de soudaines envies d'acheter du Destop. Pensez à la congélation, c'est plus discret.

Travail

Vous saviez que la carrière de monsieur Patate n'exige que peu de compétences ? Lancez-vous, mais pas trop loin.

 

Cancer (22 juin – 22 juillet)

Humeur

Arrêtez donc de faire la gueule, ça donne des rides. Et ne souriez pas, vous avez l'air niais.

Amour

Célibataire, apprenez à vivre seul, sans amour et sans tendresse. Sinon les professionnels, c'est bien. Vous êtes pauvre ? prenez-vous en main et vendez vos charmes -laid s’abstenir, ça pourrait vous miner le moral-.

En couple, arrêtez de chercher la petite bête. Après tout, les morpions sont nos amis.

Travail

Répétez avec moi : non, glander sur Facebook ne fait pas parti de votre poste. Jouer au Dénimeur non plus. Alors ne vous étonnez pas des regards haineux de vos supérieurs.

Lion (23 juillet – 23 août)

Humeur

Imposez-vous l'écoute de toute la discographie de Justin Bieber. Deux fois. Ça fais du bien quand ça s'arrête ? Et voilà, vous êtes de meilleure humeur. Cette méthode vous sera particulièrement utile cet hiver. Puis au printemps et en été. Pour l'automne, essayez Jul.

Amour

Célibataire, Rabbit qui vibre, esprit plus libre. Bref, vous ne pourrez compter que sur vous-même. Comme d'habitude.

En couple, vos projets d'avenir étant aussi réalistes que la candidature de Loana à l'Académie française, contentez-vous de regardez la télé, l'allié des unions durables.

Travail

Reprendre vos études pourrait être une idée lumineuse. Ou de la drogue, plus coûteux mais plus efficace.

 

Vierge (24 août – 22 septembre)

Humeur

Méfiez-vous donc des couteaux cette année. Ça pique. Surtout planté dans le dos. Sinon faites du sport, avoir des courbatures vous distraira de votre vie médiocre.

Amour

Célibataire, si vous avez un(e) voisin(e) mignon(ne), allez donc lui emprunter son Nutella. Vous pourrez compenser. Parce que la vie n'a rien d'une comédie romantique. Surtout pour vous.

En couple, si vous êtes infidèle, attention à ne pas vous faire attraper par l'officiel(le). Vous êtes aussi fidèle que Lassie quand elle était vivante ? Mais pourquoi !?

Travail

Votre patron est un con ? Normal, il vous a engagé. Mais sinon 2018 sera placé sous le signe de la tranquillité.

 

Balance (23 septembre – 23 octobre)

Humeur

Vu que Vénus et Mars s'en balancent, essayez la méditation. Ou la marijuana. Ça vous détendra. Pour la seconde proposition, oubliez. Avec votre malchance, vous allez vous faire chopper.

Amour

Célibataire, vous pensiez vraiment lever ce(tte) blond(e) aussi sexy que les fesses pommelées de David Gandy ? Merci pour le fou rire. Achetez-vous une console, les jeux vidéos c'est la vie !

En couple, si vous vous laissez aller à pratiquer le coït, vous risquez -au choix- un claquage, de procréer ou de rester coincés. Bref, bouquinez, c'est plus prudent. Consacrez cette année à l'oeuvre de Balzac, il y a de quoi faire...

Travail

À force, vous êtes devenu un professionnel de la paresse. À vous voir à votre poste, qui croirait que vous n'en foutez pas une ? Bien joué ami balance.

 

Scorpion (23 octobre – 22 novembre)

Humeur

De petits maux de santé vous minera le moral cette année. Si vous êtes constipez, vous aurez du mal à faire caca. Prévoyez quelques sudoku, ça vous occupera.

Amour

Célibataire, bougez votre fondement et inscrivez-vous sur un site de rencontre. Vous serez toujours seul mais ça meublera vos soirées.

En couple, en février, la lune sera en vierge, prévoyez du lubrifiant. Ou dormez sur le canapé. Car oui, c'est une année à thème.

Travail

Si vous n'avez pas dormi sur le dit canapé et que vous travaillez assis, prévoyez d'emmener une bouée. Et repoussez donc votre séance d'aqua-poney.

 

Sagittaire (23 novembre – 21 décembre)

Humeur

Vous angoissez parce que vos bonnes résolutions de la nouvelle année n'ont pas tenu le premier mois ? Nulle inquiétude ami sagittaire, vous êtes juste faible. Ence 2018 lâchez donc prise et acceptez la mollesse de votre caractère.

Amour

Célibataire, à la fin de l'année, vous allez probablement faire une rencontre surprenante et pleine d'émotion. Sans doute avec de l'herpès génital. Consultez et n'oubliez pas de prévenir vos ex.

En couple, le même problème d'herpès que vos petits camarades célibataires ? Si vous êtes fidèle, posez-vous des questions.

Travail

Si vous travaillez, RAS. Si vous êtes à la recherche d'un emploi, idem. Mais arrêtez de croire que Pôle emploi vous aidera à trouver du boulot, à votre âge il serait bon de fuir le pays magique des Bisounours.

 

Capricorne (22 décembre – 19 janvier)

Humeur

Cessez donc de faire chauffer la carte de crédit et rappelez-vous : si c'est gratuit, c'est joli. Si vous résister aux sirènes de la consommation, cette année sera plutôt sereine.

Amour

Célibataire, comme on l'a dit, les économies sont de mises. On renonce donc aux amours tarifées et on lui préférera une séduction sans dépense. Si vous êtes vilain et sans conversation, mettez donc à contribution votre vieille collection de porno des années 90.

En couple, vous avez bien de la chance, vous pouvez toujours essayer de soutirer de l'argent à votre moitié. Si vous êtes marié sous le régime de la communauté, cela ne servirait à rien. Môman avait raison pour le contrat de mariage...

Travail

Ne rêvez pas à une augmentation, si vous n'êtes pas capable de gérer votre propre salaire, il est probable que vous soyez un élément médiocre de votre entreprise.

Verseau (20 janvier – 18 février)

Humeur

En mars, la pleine lune en Balance en Trigone de soleil vous mettra de bonne humeur. On ne s'excite pas ami Verseau, trigone ne sous-entend rien de cochon. Dommage...

Amour

Célibataire, rien de sexuel dans un trigone, on vous a dit. Alors sortez de ce site qui vous promet un plan à trois pour la soirée. Ça n'arrivera pas. Sauf si vous avez un compte en banque plus rempli que votre cervelle. Ou des seins.

En couple, peut-être un trio, oui, mais au Uno. Ou au Trivial Pursuit. En plus, vous allez sans doute perdre.

Travail

En 2018, vous ne compterez pas vos heures supplémentaires. Votre patron non plus, alors dites adieu à votre week-end à Venise en mai.

 

Poisson (19 février – 20 mars)

Humeur

Méfiance, votre entourage n'est qu'une bande de ratés assoiffés de sang. Montrez-leur que vous n'êtes pané de la dernière pluie. Conseil pour 2018 : la solitude est la solution. Vraiment.

Amour

Célibataire, attention, cette année l'eau mouille et quand c'est mouillé, faut partager. Vous pouvez toujours essayer les boîtes échangistes. Si vous être repoussant(e), faites boire votre proie.

En couple, dans la même idée, vous savez ce qu'on dit ? Si c'est mouillé, faut pas gâcher.

Travail

Cet été, au lieu de porter votre costume/tailleur du dimanche, mettez donc du déodorant, comme le dit le proverbe « Peu importe la beauté d'une truite, elle sentira toujours le poisson. »

 

Envie de suivre la prochaine consigne ?

Pour cela, rien de plus simple, inscrivez-vous à la newsletter...

 

21 décembre 2017

L'écriture pour gérer son passé...

 

Depuis l'ouverture de l'Écrhistoires, nous avons beaucoup parlé d'écriture pour le futur, que ce soit afin de le planifier et de le rêver ou dans l'intention de l'organiser. Mais le passé ? À moins d'être né ce matin, adulte et vierge de toute expérience, le passé influe sur le présent. En bien, lorsque l'on s'efforce de ne pas répéter certaines souffrances et/ou en mal, quand des regrets, des remords, des douleurs nous empêchent d'accéder à la sérénité. L'écriture peut-elle nous aider à intégrer ce passé et ainsi lui enlever de son pouvoir ? Et de quelle manière ?

 

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I. La méthode Brunet... ou l'écriture utilisée pour le SPT

 

Commençons par approcher un procédé thérapeutique qui utilise l'écriture. Il ne s'agira pas de le répéter sans la sécurité de médecins ou soignants, seulement de voir comment l'écriture entre en compt.

En France, c'est le psychologue québécois Alain Brunet qui a proposé cette méthode. Après les attentats du 13 novembre 2015, il a proposé son aide aux victimes souffrant de stress post-traumatique. Ce traitement, qui serait efficace pour 65-70% des personnes prises en charge, dure six semaines avec une séance hebdomadaire de 25 min. Une heure avant le début, le patient prend du propranolol, un bêtabloquant, servant habituellement à combattre les migraines, mais qui permettrait d'effacer la dimension émotionnelle des souvenirs traumatiques. Lors de la première séance le patient est invité à écrire son trauma, à le raconter au présent et à la première personne. La semaine suivante -après avoir pris un nouveau comprimé de propranolol- il relit son récit initial. Le patient en fera de même pendant six semaines et, à la fin, le texte ne devrait plus correspondre à son ressenti. Ce ne serait qu'un souvenir douloureux, sans l'effet dévastateur provoqué par l'état de stress post-traumatique.

Une étude est en cours -sur 400 personnes souffrant de SPT- afin de déterminer l'efficacité de cette méthode.

On peut voir que l'écriture -puis la lecture de son propre texte- tient une place centrale dans cette démarche et confirmerait l'intérêt de celle-ci pour consoler du pasé.

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II. S'en inspirer, oui mais comment ?

 

Comme je l'expliquais plus haut, il ne s'agit pas d’utiliser cette méthode n'importe comment, elle doit être menée dans un cadre médicale. Ce procédé met seulement en lumière l'utilisation qui peut être faite de l'écriture pour gérer des événements déjà passés.

Raconter les circonstances de ce qui nous fait souffrir ou nous empêche d'avance ne suffit pas. Notre état d'esprit doit être propice à mettre de la distance. Ce recul peut tout à fait être atteint avec des méthodes douces comme la méditation. Personnellement, je pratique toujours au moins 10 min de méditation ou de yoga avant de prendre le stylo pour travailler un événement difficile. Ensuite je raconte ce qui s'est passé et ce que cela provoque en moi. Je ne cherche pas à produire un texte littéraire, seulement à rester franche et précise. Le lendemain, ou quelques jours après, je relis le texte et essaie de comprendre pourquoi et comment l'incident en question provoque tant de souffrance. Je recommence autant de fois que cela me semble nécessaire -en faisant une pause d'au moins 24 h entre chaque « séance ». En général, je finis par relire ce récit sans que cela provoque en moi des émotions disproportionnées.

Dans le cas contraire et si j'en éprouve le besoin, je demande de l'aide. Je considère que si je n'arrive pas à vider l’événement en question de sa charge émotionnelle c'est que j'ai besoin d'aller voir ce qui se cache derrière. Pour cela, je me fais accompagner.

 

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III. Pour quelles blessures ?

 

Bien sûr cette démarche -écrire l'élément jusqu'à ce qu'il perde de son pouvoir- n'est pas une solution miracle ni le stylo une baguette magique d'Ollivander ! Si l'écriture peut vous permettre de gérer des situations problématiques, son action possible sur les traumatismes reste dangereuse hors de tout cadre thérapeutique. Pour les traumas anciens ou « lourds » l'écriture peut intervenir mais seulement en complément d'autres stratégies que ce soit médicamenteuse, psychanalytique ou via l'EMDR.

 

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Le personnage d'Ollivander, vendeur de baguette magique dans Harry Potter

 

De nombreuses études montrent que l'écriture peut être thérapeutique, ce qui me conforte dans l'idée qu'on peut l'utiliser efficacement pour le développement personnel. La tenue de mon journal revêt tout à fait cette fonction : écrire m'aide non seulement à gérer le quotidien mais aussi à digérer les difficultés de la vie.

Selon vous, l'écriture peut-elle aider à gérer le passé ?

 

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14 décembre 2017

Insolente veggie – Rosa B.

 

Genre : Bande dessinée

Pays : France

Date de publication : octobre 2015

Maison d'édition : La Plage

Prix : 15 euros 90

 

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Résumé : L'album reprend des dessins qui ont fait le succès du blog Insolente Veggie et propose aussi de nombreux inédits. L'auteure aborde avec humour et esprit militant ce qui fait le quotidien des végétariens, des végétaliens et des vegans aujourd'hui : - végétarisme, végétalisme, véganisme, - écologie, - carnisme, spécisme, antispécisme, - lait, oeufs, - viande, élevage, abattage, - corridas, cirque, chasse, zoos, - vivisection...

Malgré le choix de cette semaine, je ne suis pas végane. Pourquoi cette lecture ? Car je suis végétarienne depuis peu et qu'une de mes amies les plus proche, quant à elle est végane. J'ai eu de très nombreuses conversations avec elle sur la question, parce que je voulais comprendre sa démarche et ses convictions. Puis j'ai pu voir à quel point certaines personnes l'attaquaient sur ses convictions alors qu'elle-même n'est ni agressive ni culpabilisante. Au final, voyant combien je m'intéressais à la question de l'antispécisme, elle a eu la gentillesse de me prêter l'ouvrage qui nous intéresse aujourd'hui.

 

Mon Avis

 

Insolente Veggie est un ouvrage à la fois drôle et intelligent. Un humour mordant nous attend à chaque page et j'ai eu beaucoup de plaisir à cette BD. Non seulement elle fera du bien aux végétarien, végétaliens et végétariens mais je ne saurais que trop le conseiller à tout le monde pour comprendre des choix qui nous sont parfois complètement étrangers.

Bien sûr l'auteure, Rosa B. est végan c'est à dire qu'elle ne consomme ni n'utilise de produits issus de exploitation animale et qu'elle est antispéciste. Alors oui ce livre est extrémisme, non dans le sens péjoratif du terme, seulement parce que c'est une femme de convictions qui milite pour ces dernières. En tout cas, je n'ai personnellement pas eu besoin d’adhérer à tous ses propos pour bien marrer en lisant Insolente Veggie. Puis ça m'a fait réfléchir et ça, c'est chouette !

 

Et vous, vous aimez les BD ?

 

9 décembre 2017

Consigne d'écriture n°16 - «Une fable»

 

La consigne

Écrivez une fable. Pour la forme, libre à vous... Mais surtout amusez-vous !

 

 

Mon texte

 

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La punk et le joueur de sitar

Une punk en soucis de voisinage

À force de jouer à fond de sa guitare

Vit la police, si elle n'était point sage

Lui promettre quelques mois au mitard.

Hélas, la rebelle, sourde à ces menaces

S'en alla défier tout le quartier

Et s'écria au centre de la place :

« Fuck the police, vous faites vraiment chier ! »

Un galant, surprenant cette complainte

Et trouvant la punk de fort belle mine

Voulut savoir à quoi rimait ses plaintes

Et voici ce que lui dit la coquine :

« Toutes les commères s'en vont en cabale

Car, mon mignon, âme esseulée s'ennuie

En mal d'amour pour que mon cœur s'emballe

Je joue du punk à toute heure de la nuit. »

Le damoiseau émut par tant de grâce

Lui fit alors cette proposition :

« Si ma sérénade vous laisse de glace

Je prendrais publiquement position

Sur l'honneur, je punirais ces commères

D'avoir alerté ces maudits gendarmes

Mais si mes chants vous rendent moins amère

Vous me céderez et rendrez les armes.

Dès lors, abandonnant votre colère

Vous ne jouerez que de mon instrument

Et serez comblée par les quelques airs

Que je vous offrirais en tant qu'amant. »

La punk, attendrie, en fit la promesse

Et le soupirant sortit son sitar

Il en joua si bien, avec tant d'adresse

Qu'elle voulu aussi en jouer sans retard.

L'amour ayant conquis ce cœur volage

Ses guitares se turent désormais

Confirmant ainsi ce puissant adage

Il vaut bien mieux sitar que jamais.

 

 

7 décembre 2017

Le talent et la sueur...

 

Comme je l'évoquais dans le premier billet sur ce site, les artistes éveillent un fantasme dans l'imaginaire populaire : l'auteur qui serait par miracle touché par la muse puis, dans une sorte de fièvre créatrice, produirait un chef d’œuvre. Bien sûr...

On parle de talent pour presque tout : les langues étrangères, la cuisine, l'Art, le bricolage, la broderie, le sport,... Mais quelle est vraiment la place de ce talent par rapport au travail ?

 

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I. Mais c'est quoi le talent ?

 

Selon mon pote le Larousse, le talent c'est simplement l'aptitude particulière à faire quelque chose et une capacité, un don remarquable dans le domaine artistique. Cette capacité vient d'où ? Y aurait-il, comme dans les contes, une bonne fée qui se pencherait sur certains poupons pour leur octroyer quelque don remarquable ? Posons la vraie question : est-ce la capacité ou le désir qui vient en premier ? La meilleure réponse nous vient d'un grand monsieur de la chanson : Jacques Brel. Dans un entretien radiophonique, plus précisément une interview à Knokke (Begique), le chanteur expliquait : Je suis convaincu d'une chose : le talent ça n'existe pas. Le talent c'est d'avoir l'envie de faire quelque chose. Je prétend qu'un homme qui rêve tout d'un coup qu'il a envie de manger un homard. Il a le talent, à ce moment là, pour manger un homard, pour le savourer convenablement et je crois qu'avoir envie de réaliser un rêve, c'est le talent. Tout le restant, c'est de la sueur, c'est de la transpiration, de la discipline. Je suis sure de ça. L'art je ne sais pas ce que c'est. Les artistes, je connais pas. Je crois qu'il y a des gens qui travaille à quelque chose.

 

 

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II. Et les génies ? Et les prodiges ?

 

Si on décide de parler de désir, il semble impossible de croire que ce dernier suffira. Un prodige du piano devra passer des heures à son instrument. Peu importe nos facilités, sans sueur elles ne resteront que cela, de simples facilités. Dans le sport de haut niveau, personne ne viendrai remettre en question la valeur d'un entraînement assidu. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour un écrivain, un peintre ou un sculpteur ? Concentrons-nous un peu sur la littérature, domaine que je connais le mieux...

Le fait est que les grands auteurs sont des travailleurs acharnés. Pour preuve, il suffit d'un tout petit coup d’œil à quelques manuscrits... Ratures, notes : on peut voir combien l'auteur travaille son texte.

Le grand Charles Dickens, par exemple, avec A Christmas carol :

 

Manuscrit

 

Un autre exemple ? Monsieur Flaubert écrivait dans sa correspondance : « Dieu ! que ma Bovary m’embête ! J’en arrive à la conviction quelquefois qu’il est impossible d’écrire » - lettre à Louise, 10 avril 1853. Cet extrait – ainsi que la photo du manuscrit au-dessus-, nous montre à quel point ces auteurs travaillaient pour produire un texte un abouti.

 

III. Une histoire de temps... Ce qu'en dit la psychologie.

Le psychologue suédois K. Anders Ericsson s'est justement penché sur cette question. Pour se faire, il a mené des recherches dès les années 90. Avec deux confrères, il s'est intéressé à la pratique de violonistes de l'Académie de Musique de Berlin. Il a divisé les musiciens en trois groupes : les futurs solistes, les interprètes de bon niveau et ceux destinés à une carrière dans le professorat. Tous ayant commencé à 5 ans. Ceux du premier groupe atteignaient (avec plus de 30 heures par semaine de paratique) au moins 10 000 heures d'exercice. Le deuxième groupe arrivait quant à lui à 8000 heures et le troisième 4000 heures.

Cette « théorie des 10 000 heures » a été popularisée par le journaliste du New Yorker Malcolm Gladwell dans plusieurs ouvrages sur la réussite. Même le neurologue Daniel Levitin le confirme : « Que les études portent sur des basketteurs, des romanciers, des patineurs, des joueurs d'échecs ou des criminels passés maîtres, le nombre des 10.000 heures revient constamment ».

 

 

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Dress rehearsal - Greg Olsen

 

Face à tout cela, certains risquent de se décourager : « Il est trop tard pour moi ! J'ai déjà X ans... alors 10 000 heures, ce n'est même pas la peine... » Premièrement cette théorie n'est justement qu'une théorie. Elle signifie simplement que le travail vient d'abord. Peu importe le niveau de départ, à l'arrivée c'est bien la pratique qui fait la plus grande différence. Deuxièmement, dites-vous bien que quelqu'un de 48 ans qui consacrerait 1 heure par jour à l'écriture ou à l'apprentissage du piano, aurait toujours, à 58 ans, 3 650 de pratique de plus que celui qui se serait découragé. Bref, le travail n'est jamais perdu !

 

Alors, prêt à se retrousser joyeusement les manches ?

 

30 novembre 2017

Instant plaisir : le magazine Flow

 

Aujourd'hui sort le dernier numéro du seul magazine auquel je suis fidèle, je t'en parlais d'ailleurs ici ! Comme j'écris mes articles en avance, il me sera impossible de te parler de cet opus. Cette chronique concerne donc le numéro 20, sorti le 12 octobre.

Genre : Magazine

Rythme de parution : tous les deux mois

Numéro : 20

Rédactrice en chef : Gwendoline Michaelis

Prix : 7,50

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Appartenant résolument à la catégorie « Lifestyle » aborde nombre de sujet mais toujours à travers le prisme de la psychologie positive. Bref une revue sans doute très « bobo » ! C'est sans doute pour cela que je l'adore. Depuis que j'ai découvert Flow, je ne manque aucune parution et attends toujours avec impatience le moment où je pourrais le savourer.

Chaque numéro est conçu autour d'un thème, en octobre Enchanter la vie. Ensuite on trouve plusieurs catégories :

- Belles rencontres « Des portraits de personnes créatives talentueuses et une ouverture sur le monde. »

- Esprit libre : « Des sujets qui invitent à la découverte, la réflexion et à avoir une vision positive de la vie. »

- Petits plaisirs : « Du shopping et des recettes pour se faire plaisir. »

- Douceur de vivre : « Des conseils pour rendre son quotidien plus doux.

 

Mon Avis

 

Ce qui frappe quand on feuillette Flow, c'est le soin consacré à la mise en page. Beaucoup d'illustrations sur un papier luxueux avec parfois de vraies prises de risque visuelles.

Ainsi sur l'article « La philosophie au féminin » :

Philo

En parlant illustrations, chaque numéro comporte plusieurs intercalaires facilement détachable montrent le travail d'un artiste. Pour octobre, c'est Irene Sophia qui a été mise à l'honneur. De quoi donner envie de les mettre sous cadre -saluons la qualité de l'impression!- :

Intercalaire

Le prix élevé de Flow ne se justifie pas seulement par le papier, le magazine est un véritable moment de lecture. Par exemple, l'article « Et si on mettait plus de grâce dans notre vie ? » nous donne de véritables pistes pour enchanter la vie sans nous faire la leçon.

Grâce

Enfin Flow ne connaîtrait peut-être pas un  tel succès -il a été élu Meilleur titre de presse magazine de l’année 2017, lors du Grand Prix des médias CB News- sans ses cadeaux papeterie. Chaque numéro un ou deux godies nous attendent. Cette fois, ce sont trois pochettes cadeaux :

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Poster, carnets... Ce petit plus ravira les amoureux du papier.

Inutile de le dire : chaque numéro de Flow reste pour une mois une occasion de me poser quelques minutes, de préférence avec une tasse de thé ou de chocolat chaud... Un moment bien-être que je ne raterai pour rien au monde !

 

Vous connaissez Flow ?

 

25 novembre 2017

Consigne d'écriture n°15 - «Logo rallye musical»

 

La consigne

Cela commence avec une explosion Choisissez un album que vous appréciez -en français hein...-. Vous devrez inclure chaque titre de chanson. Par exemple, pour le dernier album d'Orelsan, il faudrait inclure : la fête est finie, San, basique, tout va bien, défaite de famille, la lumière, bonne meuf, quand est-ce que ça s'arrête, Christophe, zone, dans ma ville on traîne, la pluie, paradis, notes pour plus tard. À toi de jouer !

    

Mon texte

 

Pour cet exercice, j'ai choisi un album qui a accompagné mes jeunes années. Sorti lorsque j'avais 15 ans, « Alors »  du génial groupe de rock français Pigalle, je ne saurai trop vous recommander de l'écouter si vous ne connaissez pas. Je devais donc inclure dans mon texte : alors, geindre, faut pas s'inquiéter, Betty, à quoi servent les prières, parking, joyeux anniversaire, qu'importe les spasmes, ronde, si dormir faisait, allaient-ils s'aimer ?, Il Incesta, anguille, fond de cale, il y a dans les rues de la ville, il faudra bien t'asseoir.

 

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Alors que ses journées consistent à écouter geindre les clients, elle-même ne se permet pas la moindre lamentation. Pour ses collègues, elle reste la petite boulotte du poste 201. Celle toujours de bonne humeur, prête à s'esclaffer à la machine à café, la gentille blonde qui ne perd jamais son calme. Même quand le vingtième appel de la journée s'ouvre sur des insultes. D'ailleurs, les nouveaux se retrouvent sous son aile et, depuis huit ans qu'elle travaille dans l'immense centre d'appel, elle a formé la majorité des employés. Parce que personne ne reste très longtemps dans le call center. Tante Josiane lui dit souvent qu'elle finira par craquer, qu'elle échouera en maison de repos, sa cervelle de moineau noyée dans les calmants. Qui peut subir une telle pression sans finir cinglé ? « Faut pas s'inquiéter pour moi, Josiane. » répond en souriant Betty. Puis elle repart en chantonnant un refrain des années 80. Mais elle ne démissionne pas.
Le matin, elle se rend à pied à l'arrêt de bus. À Basfroi, Antoine monte et se faufile à côté d'elle. Régulièrement le jeune homme, un grand échalas aux yeux globuleux, lui propose un ciné. Il a deux passions dans la vie : regarder la F1 à la télé et les gros seins. Faut dire que Betty est abondante de partout et Antoine s'adresse toujours à sa poitrine avec beaucoup de tendresse. Elle décline mais il ne baisse pas les bras. Il supplie le Dieu Nichon pour qu'un jour la blonde lui cède. Mais à quoi servent les prières en matière de sexe ? Betty continue de refuser en souriant.
Ce mardi ne fait pas exception. Comme toujours, elle entre par le parking pour pointer plus rapidement. Betty allume son ordinateur avant de se tourner vers sa voisine. Elle lui claque une bise par dessus la cloison. La collègue lui lance un généreux « Joyeuxanniversaire ! Trente ans, ça se fête ! ». Betty avait complètement oublié l’événement et, toute à sa surprise, elle regarde Aurélie sans répondre. La grande brune, aussi fine et molle que du fil dentaire, plaisante un moment sur son grand âge puis retourne à son poste. Trente ans... Betty a trente ans. La jeune femme sent son estomac tressauter et des points noirs dansent devant ses yeux. Avant de pouvoir s'abandonner à cette angoisse, le téléphone sonne. Qu'importe les spasmes de panique qui montent en elle, il lui faut répondre. Replaçant son sourire habituel, Betty se plonge dans le travail. Elle subit les humiliations habituelles avec son pragmatisme légendaire. La douleur arrive en une petite heure. Avant la fin de la journée, la migraine sera intolérable et le casque insupportable. Depuis quelques mois, son médecin l'a arrêtée plusieurs fois et insiste pour qu'elle consulte un ORL. Elle a souri au docteur mais ne fera rien.
Peu avant sa pause, elle reçoit une convocation chez Trottier. Une sueur glacée la fait frissonner : le chef de plateau délègue tout aux superviseurs alors pourquoi veut-il la voir ? La jeune femme se lève et l'étau semble se resserrer autour de son crâne. Comme si son cœur, désormais logé derrière son front, voulait s'échapper. En passant devant le mur vitré du couloir, elle jette un coup d’œil sur sa silhouette ronde et tire plusieurs fois sur sa tunique. La migraine s'intensifie et Betty se demande comment elle va pouvoir parler. Si dormir faisait passer les symptômes... Mais parfois elle se lève avec la douleur. Elle masse sa nuque en marchant. Le grand chauve l'attend, son costume gris impeccable. Depuis deux mois, tout le monde sait qu'il est d'une humeur d'ogre un jour de disette. Il faut dire qu'un petit scandale secoue le centre d'appel. Une rumeur persistait depuis longtemps sur lui et Caressi, une téléconseillère aux allures de poupée gonflable. On avait remarqué leur parade nuptiale. L'homme marié ne cessait de mater la jeune femme et cette dernière passait son temps à minauder avec lui. Bientôt les paris avaient été lancés : allaient-ils s'aimer et commettre l'adultère ? Puis on avait appris que madame Trottier demandait le divorce. Elle les aurait surpris en fort mauvaise posture.
Betty sait tout cela et qu'elle risque de s'en prendre plein à la tête. Le chef de plateau commence son discours bien huilé. Chiffres à l'appui, il lui reproche de manquer de dynamisme. Ensuite il lui passe un enregistrement et souligne chacune de ses faiblesses. Face à ce procès, Betty garde le silence. La douleur augmente encore. Mais il attend qu'elle s'excuse, qu'elle promette de faire mieux, de devenir une téléconseillère modèle. La jeune femme, incapable de parler, se contente de lui sourire, contrite. Ce qui semble agacer Trottier qui, le regard froid, lui lance :
« Je suppose qu'il ne faut pas s'étonner que votre mollesse ne se cantonne pas seulement à vos fesses. »
La valse des points noirs s’accélèrent et Betty a l'impression qu'on lui enfonce un sabre dans la boite crânienne.
C'est là que la colère arrive.
Une colère dont elle ne se savait pas capable. Elle a pourtant eu son lot d'injustices, Betty... Même quand elle se souvient de l'alcoolisme de maman. Même quand le moment affreux lui revient, ce que papa a fait. Cette nuit où il incesta.
Betty essaie de revenir à la réalité mais le moment présent glisse comme une anguille entre ses pensées. La chaise de bureau est toute légère entre ses mains et c'est sans aucune lenteur, sans aucune mollesse qu'elle la lève au-dessus de sa tête. Elle frappe. Et frappe encore. Elle n'aurait jamais cru que tuer quelqu'un ferait si peu de bruit. Celui-ci n'empire même pas sa migraine. Bien moins que les voix aigres dans le casque... Il y a du sang sur sa tunique. Sur ses mains. Il ne respire plus mais la flaque de sang continue de s'étendre sur la moquette grisâtre. C'est joli ce contraste... Elle prend le téléphone.
La police arrive très vite. Bientôt, elle se retrouve à expliquer :
« Faut noter que j'vous ai appelé. Que je me suis livrée tout de suite et tout ça. Faut que j'appelle un avocat ? Comme dans les séries ? Parce que je suis honnête. Je connais pas d'avocat moi... Ni rien. Ça va coûter cher ? J'suis pas à fond de cale mais j'suis pas riche... Notez-le que j'suis pas riche. Que je vous suive ? Je risque de rentrer tard ? J'aime pas rentrer la nuit. Il y a de ces cinglés dans les rues de la ville... J'veux pas me faire agresser. Même que l'autre soir, y avait des racailles dans le bus. Et j'étais toute seule. J'ai eu peur en montant. Je savais pas si je devais rester. Puis je me suis dit « Betty, il faudra bien t'asseoir alors vas-y, ne les regarde pas, c'est tout». Mais j'ai eu peur. Ça a souvent peur... Une femme seule...  »
Personne ne semble l'écouter, alors Betty se penche vers celui qui la pousse et murmure : « On pourrait pas s'arrêter faire une course, m'sieur l'agent ? Sinon j'pourrais pas faire de gâteau. »
Puis elle ajoute, avec un sourire éclatant :
« Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. »

 

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