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L'Écrhistoires

6 mai 2017

Consigne d'écriture n°5 - « Sujet d'écriture »

 

La consigne

 

La consigne est simple : concocter soi-même un à trois sujets d'atelier d'écriture !

 

placeit(1)

 

Les Textes

 

Ma production
  • Un logo-rallye, exercice qui consiste à inclure dans un texte un certain nombre de mots imposés au départ. Vous devrez donc écrire un texte -de genre et de longueur libre- comportant les dix mots et expressions suivants : faction, royalties, fort, fonctionnalité, os du talon, mal de tête, costumé. Comme je ne suis pas -trop- sadique, je simplifierai les choses en n'exigeant pas que l'ordre de la liste soit respecté.

  • Première phrase imposée. Vous commencerez votre texte par « Elle entre dans l’ascenseur et les portes se referment... »

  • Un sujet : « Une lettre d'amour »

 

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4 mai 2017

Premier jet : ma méthode en 5 points



La semaine dernière, nous abordions ici l'usage du dictionnaire des synonymes. Or je ne l'utilise jamais pendant l'écriture du premier jet, c'est-à-dire de la première version d'un texte. Devant cette évidence, j'ai eu envie de vous parler de ce fameux "brouillon".

 

Kundera

 

 

Ma méthode, non pas LA méthode

 

Ma manière de travailler est personnelle, dans le sens que si elle me convient parfaitement elle ne sera peut-être pas celle qui vous correspond.

Il existe de nombreuses méthodes pour venir à bout d'un long projet. À titre professionnel, lorsqu'un client me demande un atelier sur le premier jet romanesque, je commence par lui donner un questionnaire qui détermine quelle méthode lui ressemble le plus. Tenter de travailler en respectant une feuille de route étrangère à sa personnalité mène, au pire, à l'échec et, au mieux, à perdre un temps considérable. Pour cette raison, je n'aborderai aujourd'hui que les règles qui me semblent utiles à TOUS.

Dans le cas de l'écriture d'un roman, vous pouvez tenter de suivre mes conseils quelque soit votre profil. Si vous écrivez les scènes dans le désordre, prenez-les en compte pour chaque séquence, si -comme moi- vous abordez une nouvelle ou un roman dans le « sens de la lecture » -vous commencez par le début et achevez par la fin-, vous pouvez essayer de les respecter jusqu'au bout. Bref n'oubliez pas d'adapter autant que possible les méthodes et outils que vous glanez ici et ailleurs.



Mes cinq règles pour une première version



 

Premier jet



  • Écrire porte fermée

Pour ce premier point, je me permets d'emprunter la métaphore à S. King, issue de son ouvrage sur l'écriture On writing : A mémoir of the craft. J'écris le brouillon sans reprendre mon souffle et en restant centré sur moi. Je ne pense pas au lecteur ou à mes proches, seulement à ce projet et à ce que je souhaite pour ce dernier.

  • Accepter l'imperfection

Mon perfectionnisme m'a longtemps desservi. Alors que j'étais fière de toujours vouloir produire le meilleure, j'ai fini par me rendre compte que ce trait de ma personnalité me servait d'excuse : puisqu'il est impossible (encore moins lors d'une première version) de livrer une production parfaite, je ne terminais jamais rien. Comme l'a écrit Kundera : "Le droit intangible du romancier, c'est de pouvoir retravailler son roman." 

  • Refuser de stagner

Certains passages nous sont plus difficiles que d'autres à écrire -pour moi les scènes de sexe ont longtemps été sources d'angoisses-. J'ai choisis dans ce cas de me forcer à écrire envers et contre tout. Simplement parce que si un passage est mauvais, il me suffira de le réécrire lors de la deuxième version. Savoir que ce n'est qu'un brouillon m'épargne beaucoup de pression.

Néanmoins ce parti pris a ses limites. Certains écrivants ont besoin de maintenir l'ensemble de leur premier jet à un certain niveau de qualité. Dans ce cas, on peut toujours contourner la difficiculté. Entre crochets, décrivez simplement ce que vous n'avez pas encore écrit (par exemple « scène de baiser entre X et Y »).

  • Pas de recherches pendant l'écriture

Je suis une infatigable curieuse. Et un brin paresseuse. Pour ces deux raisons, je n'effectue aucune recherche en cours d'écriture. Imaginons que mon héroïne offre une orchidée rare à un personnage. Or je ne connais rien aux fleurs. Si j'ai le malheur de lever le nez de mon manuscrit, il peut arriver deux phénomènes...

Soit je suis d'humeur travailleuse et je vais aller chercher l'information en question, très motivée. Hélas ma soif de connaissance entrera en scène et je me retrouverais, une heure plus tard, en train de lire l'histoire complète de la culture de l'orchidée depuis le dix-septième siècle.

Soit je suis d'humeur paresseuse et je me servirais de cette recherche comme prétexte pour glander sur Wikipédia -et je me retrouverais, je ne sais comment, à lire un article sur la reproduction des oursins.

Voilà pourquoi je ne fais pas de recherche et inscrirais [espère rare d'orchidée] directement dans mon texte.

  • Ne pas revenir en arrière

La dernière règle que je respecte ressemble à la précédente sauf qu'il s'agit de recherches dans mon propre brouillon. Je ne reviens jamais en arrière. Pas de correction en cours de route -sinon mon perfectionnisme redevient un obstacle- ni de vérification. En général je me débrouille pour disposer de toutes les infos dont j'ai besoin -aspect physique de mes personnages, nom et description des lieux...-. Comme nul n'est parfait, il arrive que je doute d'un détail. Est-ce que le fameux Sergent Machain a les yeux marrons ou je n'ai jamais abordé la question ?

Dans ce cas, je préfère ne pas perdre mon temps à relire ce qui précède et j’inscris [couleur des yeux de Machain, à vérif']. Pourquoi ? Dans le cas d'une nouvelle ou d'un article, cela n'aura que peu d'incidence mais si votre manuscrit comprend 50 000 mots, l'exercice risque de vous porter préjudice.



Vous connaissez désormais ma méthode pour écrire la première version d'un texte, j'espère que cet article aura été utile...

En attendant, laissons ma curiosité prendre le pas :



Et vous, cher écrivant, avez-vous trouvé votre méthode d'écriture ?

27 avril 2017

Du bon usage du dictionnaire des synonymes



Ce mois-ci dans ma boîte à outils : le dictionnaire des synonymes

En février - deux mois déjà !-, je vous présentais ici les dictionnaires que je consulte au quotidien, aussi bien en ligne que sur papier. Pour les premiers j'évoquais un site que je fréquente régulièrement, ce dictionnaire des synonymes, dont l'interface très simple permet une utilisation rapide et agréable. Je précisais aussi qu'il faudrait « à l'occasion que je revienne sur l'utilisation particulière du dictionnaire des synonymes. Refuser de le consulter ou en abuser peut jouer contre vous. » Chose promise blablablabla... Me voilà donc prête aujourd'hui à aborder ce point particulier. L'objectif de cet article est limpide : poser quelques principes simples pour que cet outil ne se retourne pas contre vous !

Pour rendre cet article plus parlant, j'ai décidé de partir d'un texte qui nous servira d'exemple. N'écoutant que mon courage -comment ça, j'en fais un peu trop?-, j'ai choisi un de mes écrits et l'ai retravaillé dans le mauvais sens que nous puissions nous livrer à quelques expérimentation...

 

Synonymes

 

Un allié pour éviter les répétitions

Voici donc notre exemple, dans lequel les termes qui se répètent figurent en gras. Le dictionnaire des synonymes ne réglera pas tout mais nous donnera un coup de main appréciable dans la quête du mot juste.

« Indifférent à la réputation désastreuse du quartier, l'enfant courait sur les pavés irréguliers d'Adragar. Quiconque à Gramzla désirait poser un orteil sur les limites de la loi, connaissait ce quartier. Prêteurs sur gage, receleurs, voleurs virtuoses : du moment qu'on déliait les cordons de sa bourse, tout pouvait s'acheter ici. L'enfant galopait, sans se préoccuper des alentours lorsqu'il freina brusquement, manquant s'étaler. Ça devait se trouver par là... Reprenant son souffle, il hésita à demander sa route. Il ne savait pas lire et répugnait à l'avouer. Ce problème serait bientôt réglé : avec l'argent cousu dans son revers de son pantalon, il pourrait prendre quelques cours chez maître Falamedes. C'était payer une fortune pour peu d'instruction mais l'autre possibilité, se vendre comme esclave quelques années, lui répugnait. De plus, avec son œil en moins et la cicatrice affreuse qui lui barrait le visage, qui l'aurait acheté ? Penser à ça lui provoquait toujours des démangeaisons et il souleva son bandeau noir pour se gratter l’œil discrètement. Quand sa pute de mère s'était rendue compte qu'ellel'avait défiguré, ça avait été la rue : il ne valait plus grand chose. Sans les Frères de la Lumière, sa blessure aurait mal tourné. Penser à l'assassin rappela à Kiren pourquoi il se dépêchait et il jeta un regard méfiant aux alentours... Plusieurs tavernes bordaient le trottoir. Cela faisait trop longtemps qu'il restait immobile, on le repérerait bientôt. Avec sa malchance, il tomberait sur un voleur qui le dévaliserait. Ou pire, il tomberait sur un rabatteur et il se retrouverait à vendre son cul... L'enfant poussa un soupir de soulagement en voyant l'animal sur la devanture de droite. D'un pas faussement assuré, il entra Au Dauphin fatigué et retint une quinte de toux : les odeurs mêlées de galena1, d'alcool et de transpiration rance lui donnèrent la nausée. »

Le même extrait après correction, mes commentaires sont en rouge :

«  Indifférent à la réputation désastreuse du quartier, l'enfant courait sur les pavés irréguliers d'Adragar. Quiconque à Gramzla désirait poser un orteil sur les limites de la loi, connaissait cette partie de la capitale[Ici, j'ai préféré utiliser une périphrase]. Prêteurs sur gage, receleurs, voleurs virtuoses : du moment qu'on déliait les cordons de sa bourse, tout pouvait s'acheter ici. Le garçon [Pas eu besoin du dictionnaire] galopait, sans se préoccuper des alentours lorsqu'il freina brusquement, manquant s'étaler. Ça devait se trouver par là... Reprenant son souffle, il hésita à demander sa route. Il ne savait pas lire et répugnait à l'avouer. Ce problème serait bientôt réglé : avec l'argent cousu dans son revers de son pantalon, il pourrait prendre quelques cours chez maître Falamedes. C'était payer une fortune pour peu d'instruction mais l'autre possibilité, se placer [Pas eu besoin du dictionnaire] comme esclave quelques années, lui répugnait. De plus, avec son œil en moins et la cicatrice affreuse qui lui barrait le visage, qui l'aurait acheté ? Penser à ça lui provoquait toujours des démangeaisons et il souleva son bandeau noir pour se gratter [Quand c'est possible, je supprime simplement la répétition] discrètement. Quand sa pute de mère s'était rendue compte qu'ellel'avait défiguré, ça avait été la rue : il ne valait plus grand chose. Sans les Frères de la Lumière, financés par Creed, sa blessure aurait mal tourné. Évoquer [Une demi-douzaine de synonymes me sont venus à l'esprit mais aucun qui ne me convenait. Après consultation du dictionnaire, je me suis demandé comment « évoquer » avait pu m'échapper, -le chenapan !-] à l'assassin rappela à Kiren pourquoi il se dépêchait et il jeta un regard méfiant aux alentours... Plusieurs tavernes bordaient le trottoir. Cela faisait trop longtemps qu'il restait immobile, on le repérerait bientôt. Avec sa malchance,, il tomberait sur un tire-laine [en lisant la liste des synonymes, j'ai pensé à cette expression. Parfois, le dictionnaire nous donne l'inspiration et on trouve une possibilité qui ne figure pas parmi les occurrences proposées mais qui correspond mieux à l'univers de notre scène] qui le dévaliserait, ou pire, [supprimé !] un rabatteur : il se retrouverait à vendre son cul... L'adolescent [Le dictionnaire des synonymes donnait adolescent et le terme correspondant à l'âge du personnage, je l'ai gardé] poussa un soupir de soulagement en voyant l'animal sur la devanture de droite. D'un pas faussement assuré, il entra Au Dauphin fatigué et retint une quinte de toux : les odeurs mêlées de galena, d'alcool et de transpiration rance lui donnèrent la nausée. »

Sur huit termes remplacés / supprimés, je n'aurais finalement utilisé le dictionnaire que trois fois.

 

Capture

De son usage abusif : attention au piège !



Comme tout outil de travail, le dictionnaire des synonymes devrait se manier avec prudence... C'est toujours la même histoire, il s'agit d'en user avec sagesse ! Les différences entre deux termes sont parfois moins subtils que l'on pense, il vaut mieux une répétition qu'une approximation ou, pire, un contresens. -Je me souviendrai toujours avoir lu dans un texte imprimé, et à plusieurs reprise, le terme peloté ou lieu de pelotonné. Et une héroïne qui se pelote SEUL sur le canapé n'a pas vraiment le même impact sur le lecteur!-.

Autre piège, qui guette en général les très jeunes écrivants : le complexe du vocabulaire. Il s'agit d'auteurs qui rougissent de la supposée pauvreté de leur lexique et abusent du dictionnaire des synonymes sans vérifier les définitions ! On se retrouve alors avec des textes improbables. Amusons-nous à caricaturer ce travers... Appliqué à notre exemple, cela donnerait :

« Indifférent à la réputation désastreuse du quartier, l'enfant courait sur les pavés irréguliers d'Adragar. Quiconque à Gramzla désirait poser un orteil sur les limites de la loi, connaissait l’arrondissement. Prêteurs sur gage, receleurs, fripons virtuoses : du moment qu'on déliait les cordons de sa bourse, tout pouvait s'acheter ici. Le chérubin galopait, sans se préoccuper des alentours lorsqu'il freina brusquement, manquant s'étaler. Ça devait se trouver par là... Reprenant son souffle, il hésita à demander sa route. Il ne savait pas lire et répugnait à l'avouer. Ce problème serait bientôt réglé : avec l'argent cousu dans son revers de son pantalon, il pourrait prendre quelques cours chez maître Falamedes. C'était payer une fortune pour peu d'instruction mais l'autre possibilité, se bazarder comme esclave quelques années, lui répugnait. De plus, avec son globe oculaire en moins et la cicatrice affreuse qui lui barrait le visage, qui l'aurait acheté ? Gamberger à ça lui provoquait toujours des démangeaisons et il souleva son bandeau noir pour se gratter l’œil discrètement. Quand sa pute de mère s'était rendue compte qu'ellel'avait défiguré, ça avait été la rue : il ne valait plus grand chose. Sans les Frères de la Lumière, sa blessure aurait mal tourné. Penser à l'assassin rappela à Kiren pourquoi il se dépêchait et il jeta un regard méfiant aux alentours... Plusieurs tavernes bordaient le trottoir. Cela faisait trop longtemps qu'il restait immobile, on le repérerait bientôt. Avec sa malchance, il s'acoquinerait avec un voleur qui le dévaliserait. Ou pire, il tomberait sur un rabatteur et il se retrouverait à vendre son cul... Le marmot poussa un soupir de soulagement en voyant l'animal sur la devanture de droite. D'un pas faussement assuré, il entra Au Dauphin fatigué et retint une quinte de toux : les odeurs mêlées de galena, d'alcool et de transpiration rance lui donnèrent la nausée. »

 

Dans le cas où vous auriez l'envie ou le besoin d'enrichir votre vocabulaire, on ne peut pas aller plus vite que la musique. Lisez, écouter des émissions intelligentes, côtoyez des gens de toutes les couches sociales et de tous les horizons, bref jouez les éponges et soyez patients. Surtout n'oubliez pas que ce sont VOS mots qui comptent : par pitié, ne déguisez pas votre plume !



Et vous, le dictionnaire des synonymes, un allié indispensable ou un ramasse poussière dans votre bibliothèque ?

1Herbe à pipe aux propriétés légèrement hallucinogène

20 avril 2017

L'écriture : se projeter pour se révéler



Depuis l'ouverture de l'Écrhistoires, j'ai beaucoup parlé de l'écriture comme outil pour rester dans le présent. Pour se maintenir dans  l'«ici et maintenant ». Que ce soit en renforçant son estime de soi ou en exprimant sa gratitude, c'est avant tout au présent que j'ai conjugué la catégorie « Se réécrire ».

L'écriture -si on excepte cette dernière comme outil d'organisation- peut-elle se mettre au service du futur ? De nos projets à venir ? Je prône tous les jours le principe de l'écriture créatrice mais comment peut-elle avoir une influence sur qui nous serons demain ?



I. Le meilleur avenir possible : se connaître



Que ce soit dans ma vie privée, dans mon travail ou pour moi-même, je ne cesse de le répéter : qu'importe nos rêves, nos difficultés, nos ambitions, se connaître nous donne plus de pouvoir sur nos vies. Il en va de même pour notre avenir. Savoir ce que l'on veut semble la base pour réaliser ses désirs.

Christopher Peterson, professeur de psychologie à l'Université du Michigan explique, dans son ouvrage A Primer in Positive Psychology1 avoir proposé à ses étudiant un exercice sur la question. Sur quatre jours consécutifs, il s'agit d'écrire pendant vingt minutes ce que l'on aimeriez que notre existence devienne dans quelques années. Pour se faire, on doit explorer en détail cette projection de l'avenir. Afin que l'expérience soit efficace, il ne faut pas partir dans des fantasmes improbables. Gagner au loto, devenir danseur étoile ou star du rock... Ce qui est demandé c'est de décrire son meilleur avenir possible à partir de ce qui est en notre pouvoir.

L'avantage de prendre du temps pour écrire sur ce que nous aimerions est de clarifier nos désirs. Se projeter dans un avenir complet et précis pour mieux mettre en œuvre les chantiers nécessaires à notre bonheur. Et puis quand notre motivation s’essouffle -et cela arrive toujours à un moment donnée, pas la peine de se culpabiliser pour ça!-, relire cette description peut devenir ce petit coup de pouce qui nous manquait.



II. Au quotidien : le Bullet Journal ou le 10 level up goals

 

L'exercice de Peterson, proposé dans la première partie, peut néanmoins se révéler compliqué. La proposition, très ouverte, provoque parfois l'effet inverse de celui escompté : on se retrouve perdu devant notre feuille / écran / parchemin, comme bloqué par l’imprécision de la question. On sait -presque- toujours voir sa frustration ou son insatisfaction mais quant à expliquer ce qui nous manque pour atteindre plus de bonheur, c'est une autre paire de mitaines. Heureusement il existe d'autres manières, plus douces et guidées de faire un bilan de ce que l'on veut. Une méthode a le vent en poupe sur les réseaux sociaux : le « Level 10 life ».

Cette pratique nous vient de la dernière mode du moment en terme d'organisation de vie : le Bullet Journal. Surnommé BuJo, il consiste à personnaliser un carnet pour se constituer un planning au plus près de ses besoins -plus d'informations ICI-. Après avoir testé le principe quelques semaines, je l'ai adapté à ma personnalité en conservant du Bullet les éléments qui me convenaient. Parmi ces derniers, le 10 level up goals, développé par Hal Elrod dans son ouvrage Miracle Morning.

Pour chaque domaine de votre vie -famille, carrière, santé...- vous évaluez votre actuel niveau de satisfaction sur une échelle de 1 à 10. Puis vous définissez ce qui pourrait améliorer les niveaux en questions. Quelles petites habitudes pouvez-vous prendre maintenant ? Des petits actes faciles et rapides à mettre en place. Lorsque ceux-ci sont ancrés dans votre routine, au bout de quelques mois -voir une année complète-, il sera facile en refaisant le bilan avec l'échelle de 1 à 10 de prendre du recul et voir si votre confort et votre satisfaction se sont améliorés. Si vous voulez plus de détails à ce propos, je vous conseille l'article dédié sur POWA.

original

 

 

III. Préparer un futur où le passé enseigne

 

Si je crois qu'un être humain peut se transformer, je n'ai rien d'une illuminée qui pense pouvoir faire table rase de ce que nous transportons : nos expériences passées, nos traumatismes, nos succès, nos errances, tout ce qui nous mène à être ce que nous sommes. Se transformer ne revient jamais à nier son passé mais à l'intégrer.On ne se libère pas de sa prison en la tapissant d'explosifs, -on risque surtout de mourir dans sa tentative...-. On se libère en trouvant une issue de secours, en connaissant parfaitement les lieux. La fuite sans un regard en arrière n'est possible que dans les mauvais soap. Même en changeant de vie, nos souvenirs et nos blessures nous accompagnent. Hélas, se transformer demande du temps. Beaucoup de temps. Et, parfois, il est difficile de voir le chemin parcouru. Tenir un journal intime, c'est bien mais si vous êtes prolixe, vous il sera compliqué -voir impossible- de vouloir faire un bilan des années précédentes.

Afin, dans l'avenir, de disposer d'un outil simple pour voir mon évolution dans les domaines les plus variés -du plus léger au plus philosophique-, j'utilise depuis janvier le carnet Q&A a Day Journal (qui existe désormais en français pour ceux qui préfèrent).

 

 

Le principe : une question par jour de l'année et par page. Cinq entrées pour cinq réponses -une par an-. En finalité vous aurez votre évolution pour ces 365 questions. Si je manque de recul pour vous faire un vrai bilan de cette méthode, je pense l'outil intéressant. D'ailleurs je m'amuse bien à remplir mon petit livre chaque soir.

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Et vous, ami lecteur, vous écrivez ce que vous souhaitez accomplir dans le futur ?



1 Peterson C. A Primer in Positive Psychology, New York, Oxford Unisversity Press, 2006

13 avril 2017

Écriture, LA clef universelle


       Si vous traînez vos guêtres sur la toile, à la recherche de conseils pour écrire, vous le savez : les règles se suivent et parfois se contredisent. Prévoir ou non un plan, utiliser des verbes de parole ou en minimiser l'usage, faire ou non des fiches de personnages... L'écriture au long court n'est pas chose aisée et on tâtonne avant de trouver notre manière de travailler.

Il existe pourtant un point sur lequel tout le monde se retrouve. Une base que dans toutes les master class, dans tous les ouvrages consacrés à l'écriture, figurant sur tous les sites sérieux : pour écrire, il faut lire ! J'en parlais déjà dans le premier article de l'Écrhistoires...

 

Delfin Enjolras

Jeune femme lisant près d'une fenêtre, Delphin Enjolras

 

Les bienfaits valables pour tous

 

Avant même d'aborder la lecture pour l'écrivant, n’oublions pas ce qu'elle apporte à tous. Souvent ses aficionados mettent en haut de la liste ses bienfaits intellectuels. S'ils demeurent indéniables, ce n'est certes pas ce qui me vient à l'esprit quand je pense au roman qui m'attend paisiblement. Alors quoi ? Laissez-moi emprunter les mots de David Lewis, neuropsychiatre de renom : « S'abandonner à la lecture est une forme ultime de détente ».

Quinze minutes -ou moins- plongée dans une bonne histoire et je me sens aussi bien qu'après une séance de méditation. Pour moi, c'est une façon simple de revenir à « l'ici et maintenant », loin de toute angoisse, de tout tracas, de toute rumination. Un bain moussant à emporter partout avec soi... Pourquoi s'en priver ?

L'avantage avec le côté déstressant de la lecture est qu'il concerne tous les bouquins. Qu'importe le genre, la qualité littéraire, tout ça tout ça ; tant qu'on lit avec plaisir !

 

Le second bienfait universel est l'enrichissement de sa culture générale. Dans la majorité des histoires, il y a quelque chose à apprendre, à comprendre. Même le pire récit nous questionnera. Adolescente, j'ai eu une période «histoire d'amour sur fond historique » -qui a duré looooongtemps-. Encore aujourd'hui j’apprécie les romances froufroutantes. Certains de mes proches -et d'autres- m'ont fait part à ce propos de leur réserve. Si je ne vais pas aller jusqu'à crier au snobisme -quoique-, je dois mettre les points sur les i : c'est en dévorant une des innombrables séries de Benzoni que ma curiosité pour l'histoire s'est éveillée. Quelques mois à suivre une héroïne sur fond de renaissance florentine et je me suis retrouvée, à quinze ans, absorbée dans une biographie de Laurent de Médicis. Cette fenêtre se serait-elle ouverte sans la lecture ? Ce n'est pas certain.

 

Bien-être général, ouverture sur le monde : des bienfaits en pagaille...

Pour les écrivants, lire va bien au-delà...

 

Une mine d'or

Oui, la lecture reste LA formation initiale de quiconque ambitionne d'écrire ! Si vous faites partie de cette caste, lire devrait être une activité quotidienne. Autant que l'écriture. Voici la liste -non exhaustive- de ce que vous apporte(ra) la lecture :

  • Des outils littéraires

On pense souvent à l'orthographe. Lorsque je fréquentais les bancs de l'école -hier selon moi, naguère selon mes enfants...- les dictées étaient mon talon d’Achille. Immanquablement on me conseillait la lecture... Sauf que j'étais déjà fanatique -combien de fois maman a dû m'arracher de quelque roman ?-. Ce qui vaut pour certains ne fonctionne pas pour tous. Mais ce serait dommage de ne pas tenter le coup... Et nous pouvons ajouter l'enrichissement du vocabulaire, la compréhension de ce qui fonctionne (ou pas), des figures de style, des modèles de constructions narratives...

  • Le pillage honnête

Dans mon article, Les trois clefs de l'inspiration, je me permets d'utiliser l'expression « Kleptomane créatif » d'Austin Kleon. Ce pillage honnête englobe les ouvrages qu'on lit. Je ne parle pas de plagiat mais bien de nourrir son inspiration, voir de se trouver des maîtres d'écriture, ces écrivains que l'on admire et qui nous donnent la force de continuer malgré les difficultés.

  • L'épanouissement du sens critique

Plus on lit plus on devient exigeant. On aiguise notre esprit critique, or ce dernier reste un atout pour retravailler un texte.

  • Affiner nos goûts et donc nos envie

Savoir ce que l'on aime lire est le premier pas pour définir ce que l'on désire écrire. Logique.

  • Augmentation des capacités de lecteur

Au dix-huitième siècle, le journaliste et politicien irlandais Richard Steele (1672-1729) l'avait déjà compris : « Lire est à l'esprit ce que la gymnastique est pour le corps. ».

Outre cette gymnastique de la concentration et de la mémoire, vous lirez plus vite, du moins plus efficacement. Pain béni pour l'auteur ! Parce qu'écrire implique de faire des recherches, lire vite vous fera gagner du temps.

 

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La -sublime- Bibliothèque nationale du Chili

Nous l'avons vu, la lecture est une activité cruciale pour progresser. Reste un point que je n'ai pas abordé : les mauvais livres. À titre personnel, j'ai autant -si ce n'est plus- appris des mauvais livres que des bons. Ce phénomène, qui étonnent certains de mes clients, mériterait une chronique à part entière... Aussi je vous laisse pour le noter dans ma To do list...



Et vous, la lecture tient quelle place dans votre vie ?



 

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8 avril 2017

Consigne d'écriture n°3 - « S'inspirer d'une sculpture »

 

La consigne

 

Texte libre à partir d'une œuvre d'art sculpture – Niki de Saint-Phalle (Neuilly-sur-Seine, 1930 – États-Unis, San Diego, 2002), L'arbre-serpents,une sculpture-fontaine, résine et peinture polyuréthane, 1992.

 

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Les Textes

 

EDIT DU 09 AVRIL : Merci à Eerylin et à DURAMEN de leurs participations et de leur confiance. Tout l'intérêt de cette catégorie réside dans de telles contributions. J'espère que d'autres lecteurs se joindront à nous pour les prochaines consignes.

 

Contribution d'Eerylin

 

 

Viens.

 

Approche-toi.

 

S’il te semble que j’ai l’air étrange mais malgré tout familier, c’est que tu me reconnais. Souviens-toi. Sans passé, sans avenir, fragile et changeant, mes couleurs sans nuance éclatent sur mon écorce comme un arc-en-ciel d’émotions. Je suis l’avidité, la gourmandise, impatience qui surgissent et se rétractent en petites têtes de serpents colorés. J’ai le rouge de la créativité, de l’impulsion et du courage, le bleu de la joie, de l’infini et de l’insouciance. Je suis toutes les nuances de la liberté, des découvertes et de la magie. Je suis la vérité pourpre, précieuse et mystérieuse, ta vérité. Je suis ton plus fidèle soutien alors ne m’oublie pas, laisse-moi m’exprimer, laisse-moi vivre et si tu m’offres quelques crayons de couleur, des bulles de savon et des ballons alors promis, juré, craché, je te confierai la jeunesse éternelle, celle de l’enfant au fond de toi.

 

Contribution de DURAMEN

 

Si, lo so, les goûts et les couleurs ma sono un artista !
Pourquoi parles-tu italien ? Tu en prends même l’accent !! Alors que nous somme français !
Perché sono un artista !
Cela fait partie de ton excentricité d’artista, j’imagine ?
Regarde ! Siamo le centre dell'attenzione.
En même temps, tu fais tout pour que nous le sommes. Tu nous fais chanter, danser et nous habille comme des clowns. Regarde, on nous regarde d’un œil perplexe.
Io, dirò admiratif ! Regarde le sourire pétillant de cette petite créature.
Elle est encore naïve à cause de la jeunesse de sa vie. Regarde ses géniteurs, ils se lancent des regards perplexes ! P – E – R – P – L – E – X – E – S ! Perplexes !
Que veux-tu !? Siamo des artistes incompris !

 

Ma production

 

 

Longtemps mes peurs ont été en noir et blanc. Il semble que les cauchemars soient moins effrayants sur une palettes grise.

Longtemps mes peurs ont été en noir et blanc. Les adultes ne comprendront pas. Ils oublient ce genre de choses. Ils oublient de soulever les voiles. Ils possèdent la naïveté de la maturité. Présentez-leur une tragédie en dessin animé et trop souvent ils croiront en une comédie. Présentez-leur les enfers en couleurs et ils se penseront en sécurité. Ils ne repèrent jamais le diable sous un masque de carnaval.

 

Longtemps mes peurs ont été en noir et blanc, angoisses blafardes d’innocence ; la candeur dansant sur la cadence d'une valse monochrome. On ne voit pas ramper le drame qui vient nous mordre. Après que le sang de l'enfance ait sali le sol, mes cauchemars ont changé.

 

Alors mes peurs ont été en couleurs. Les serpents les plus chatoyants sifflèrent sur ma tête. Mes cauchemars répandaient leur venin dans les sillons de ma jeunesse. Les secrets fourchus glissaient sur ma peau tendre, laissant sur ma chaire les plaies les plus pernicieuses.

 

Alors mes peurs ont été en couleurs. Piquant ma pureté pour la moucheter de poison, les boas étouffaient fébrilement ma gorge fragile m'aveuglant de leurs écailles ardentes. Vifs, les carmins merveilleux. Vifs les bleus roi couronnés. Vifs les jaunes ingénus. Vifs les verts bouleversants. Et sous l'éclat des couleurs, se nourrissaient les vipères de ma tragédie personnelle.



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6 avril 2017

Mes astuces pour « entrer en écriture »



Ce mois-ci dans ma boîte à outils :  tout pour convoquer inspiration et motivation.

En écrivant l'article sur l'impératif de faire de la place, j'ai pensé à ma quête de l'inspiration et combien cette nécessité lui est liée. Qu'on envisage l'écriture comme un loisir ou un travail, si on décide de pratiquer sérieusement, il arrivera un jour où vous n'aurez pas envie de vous asseoir pour prendre le stylo. Que celui qui n'a jamais la flemme me jette le premier coussin, dont je me saisirais pour m'assoupir quelques heures minutes !

Oui, écrire est ma passion. Oui, j'accède souvent à une intense sensation de joiedevant ma feuille ou mon écran. Pourtant, certains jours, le canapé m'interpelle, le ménage fronce des sourcils, le désir de papoter avec une amie me taraude. Et c'est là, dans ces instants d'hésitation que réside la différence entre ceux qui progressent et les autres. Comme il serait facile de s'abriter derrière l'excuse de l'inspiration : « Ah, je ne suis pas d'humeur à écrire... Je manque d'inspiration, pauvre de moi ! Tant pis, j'écrirai demain... ».

Au lieu de cela, j'ai cherché des solutions pour écrire malgré tout. Non pas me forcer mais me mettre en humeur d'écriture. Je ne dis pas que ces propositions vous conviendront, ni qu'elles feront des miracles. Toutefois elles peuvent aider quelques écrivants à (re)trouver la motivation.

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Se créer un rituel



Selon Twyla Tharp, célèbre chorégraphe et auteure de l'ouvrage The Creative Habit : learn it and use it for life, les rituels sont primordiaux pour entretenir sa créativité. Ces habitudes peuvent consister en ce qui vous correspond le mieux. Ce peut être se préparer une tisane puis la déguster en lisant la production de la dernière séance. Ou encore vous installer dans un endroit particulier. À force de toujours pratiquer quelques gestes ou actions avant d'écrire -ou peindre, ou danser,...-, le simple fait d'accomplir le « rituel » vous mettra dans le bain. Comme si vous disiez à votre esprit : là, je m'apprête à travailler, à créer. Et hop, votre cerveau se mettra en « mode créativité ». Un peu comme le fait de sourire nous met de meilleure humeur même quand le sourire est d'abord de « façade » -une étude scientifique a étudié le phénomène, si vous en connaissez les références, partagez-les en commentaires, je n'arrive plus à les retrouver-.

Je ne peux que vous conseiller de mettre en place un rituel et de vous y tenir pour que ce dernier devienne ce coup de pouce qui change tout.

 

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Entrer en écriture grâce à celle-ci

 

Dans l'article que j'évoquais en introduction, je parlais d'écrire pour faire place nette ou vider la poubelle de vos émotions. Je connais quelques auteurs qui utilisent cette pratique. Faire appel aux mots pour trouver les mots. Vous pouvez soit parler de vous -et de vos difficultés- soit utiliser une consigne d'écriture. Cela correspond finalement aux gammes pour les musiciens ou au travail à la barre pour les danseurs. Personnellement, j'utilise rarement cette méthode. En vérité, j'y ai recours seulement devant un blocage très important. Pourquoi ? Parce que j'ai du mal à me détacher des phrases que je viens d'écrire et que cela revient alors à une rumination sur le papier. Reste que c'est une piste qui convient à certains. Je répète qu'il n'y pas UNE recette miracle, seulement des pistes pour trouver ce qui vous aidera VOUS.

 

La méditation et autres outils personnels...

 

Enfin je vais vous parler de ce que je mets en place lorsque je ne suis pas d'humeur à écrire. Non seulement je dispose de mes propres rituels de secours mais aussi de quelques outils auxquels je fais appel quand mes habitudes ne suffisent pas. La première pratique que je tente reste une courte séance de méditation. Cinq à vongt minutes suffisent en général. Je reviens au moment présent, je me « recentre » et cela me ramène à un état qui me convient particulièrement pour écrire. Dix-neuf fois sur vingt, la méditation résout mon problème. Et si vraiment, je continue à bloquer ou à avoir la flemme je...vais prendre une douche. Oui, oui, vous avez bien lu. Pourquoi la douche ? Parce que c'est un moment où je lâche complètement prise. C'est un peu mon couteau-suisse émotionnel. Un blocage d'écriture ? Une douche. Un problème avec mon manuscrit ? Une douche. Une angoisse diffuse ? Une douche. Pas très écologique mais ça fonctionne.

À défaut du coup de la douche, se connaître est le premier impératif. Observez-vous et trouvez vos propres outils, vos propres astuces pour vous mettre en posture d'écriture...



Et vous, quelles astuces vous aident à « entrer en créativité » ?

30 mars 2017

L'étrange monde du coloriage pour adultes...



Cinq ans... Cinq ans que l'invasion a commencé. Nos papeteries, nos librairies, nos supermarchés et Internet : le coloriage pour adultes est partout. Depuis le temps, on aurait pu penser que le phénomène se serait essoufflé mais pas tellement. Il s'est seulement démocratisé, passant du nouveau hobby à la mode chez les bobos adeptes d'Art-thérapie à une activité passe-partout coincée entre le tricot et le scrap. De nouveaux chouchous l'ont chassé du rayon nouveauté : le Bullet Journal, les Zentangle,... Mais le coloriage n'est pas mort... Penchons-nous sur son cas.



Ah, non, pas pour moi !

 

Quand on évoque le coloriage, la plupart d'entre nous pense d'abord à une activité pour enfants, le genre qui les occupe dans la salle d'attente du médecin ou au restaurant. Personnellement, cela faisait remonter un souvenir assez triste : celui du service fermé où se trouvait ma grand-mère en maison retraite. Les murs tristes, des personnages âgéess à l’œil hagard qui, dans la petite salle commune, s'appliquaient à ne pas dépasser...

Lorsque je passais devant les livres de mandala et de coloriage anti-stress, je me contentais de leur jeter un coup d’œil méfiant sans m'arrêter. Ma thérapeute, alors que j'avais beaucoup de mal à être dans le moment présent (depuis j'ai découvert les bienfaits de la méditation), m'a conseillée de tenter le coup. Je dois avouer que j'étais plus que sceptique mais nos séances ayant été très constructives, je décidais de lui faire confiance.

 

Crayons

 

La pleine conscience pour les nuls ?

 

Très vite j'ai réalisé pourquoi le coloriage était tant plébiscité. J'avais essayé pas mal de choses pour me détendre. Prendre un bain ne m'aidait pas, mes pensées ressemblaient trop à de la rumination. Le tricot et autres loisirs créatifs ? Je ne suis pas très douée donc je passais plus de temps à m'énerver qu'à lâcher prise. Bref il me fallait une activité qui m'occupe aussi bien les mains que l'esprit sans me fatiguer ni mettre en route mon désir névrosé de perfectionnisme.

Le coloriage a été une vraie découverte. Pendant quinze ou trente minutes, je cessais de me mettre la pression... Ma respiration devenait calme et profonde, je ne pensais plus à la liste de choses à faire et à tous ce que je ne parvenais pas à accomplir. Sans le savoir je découvrais ce qu'être dans le « ici et maintenant » signifiait.

Avec le recul, je me rends compte que c'était le premier pas vers ma découverte de la méditation -et ma thérapeute l'avait prévu-. Aujourd'hui je médite presque tous les jour et ma vie s'est transformée. Le coloriage n'a été qu'un rouage de ce changement... Mais chaque rouage compte.

 

 

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Un vrai acte créatif ?

 

Si ma thérapeute m'avait conseillé le coloriage dans une optique de soins, cette activité a eu pour moi un effet beaucoup plus complet. Adolescente et jeune adulte, le dessin tenait une place de choix dans mes loisirs. Puis les années passant, j'avais complètement rangé mes crayons. Je cantonais mes ambitions créatives à l'écriture et aux mots. Or la pratique d'un art visuel est très épanouissant et, je ne m'en rendais pas compte, pouvait nourrir mon travail d'auteur. Le coloriage, à la portée de tous, m'a permis de redécouvrir le plaisir de jouer avec les couleurs et les formes. Cette activité m'a débarrassé de mes complexes. Très vite, j'ai eu envie de me remettre au dessin puis à la peinture.

Je ne cesse de répéter que la créativité est à tout le monde, qu'il ne faut pas hésiter à sauter le pas mais je sais aussi combien il peut être difficile de se libérer de nos peurs et de nos complexes. C'est pourquoi le coloriage - facile et bon marché - peut être une manière de (re)devenir créatif. Un premier pas pour explorer d'autres techniques.

 

Que ce soit pour lâcher-prise ou libérer sa créativité, c'est un outil facile à expérimenter.

 

Et vous, adeptes de loisirs créatifs ? Si oui, lesquels ?

 

 

25 mars 2017

Consigne d'écriture n°2 - « Lipogramme »



La consigne

 

Après l'amorce de la dernière fois, j'ai préféré m'imposer une contrainte formelle. Vous connaissez le lipogramme ? Allons jeter un œil sur la définition : Œuvre littéraire dans laquelle on s'astreint à ne pas faire entrer une ou plusieurs lettres de l'alphabet.

J'ai donc choisi de ne pas utiliser la lettre « U »...

 

Mon texte

LettreU

Extrait de mon Art Journal


Le kidnapping

Les forces de l'ordre sont en alerte, les gyrophares projettent des rondes colorées dansant avec le macadam sombre. L'agent Wolowski donne ses ordres de sa voix aigre : le temps presse ! Le technicien déploie le matériel nécessaire et les policiers interrogent les témoins. En cet instant, les indices ont la légèreté des top-modèles parisiens. Dolorès Galandry a rapporté vingt fois la scène : la victime rentrait chez elle, après l'école. Sac à dos violet, jeans noirs, polo vert pomme. Elle venait de se séparer de sa camarade à l'intersection précédente. Les amies faisaient en général le trajet ensemble. La camionnette noire avait ralenti et l'homme -grand blond capillairement fort limité- s'était saisi avec violence de la lettre. Il l'avait jetée à l'arrière, était remonté, et son acolyte -la vieille était incapable de le décrire- avait démarré en trombe. Le sac d'école était resté là, petit cadavre violet. Dolorès jardinait -l'activité de ses vendredis après-midi-, elle s'était précipité chez la famille de la victime.

Madame Phonème a l'impression de descendre en enfer, l'attente est interminable. L’œil bordé de tristesse, elle tripote son alliance, les mains agitées de tremblements intermittents.

— On n'est pas riches... Je ne comprends pas.

Les lèvres serrées, lame de rasoir rose pâle, elle répète :

— Je ne comprends pas.

Mais Wolowski reste concentré :

— Si ce n'est pas l'argent... Votre mari est bien magistrat ?

— Il travaille à l'AS. Il gère l'admission des termes d'argot.

— En octroyant les permis de travail à ces derniers, n'est-ce pas ?

— Il est en séminaire à Perpignan. Je l'ai appelé, il va arriver. Je... Elle est si gentille ma petite lettre. Elle travaille bien à l'école. Elle rêve de devenir sigle.

La mère montre les derniers contrôles de sa fille : des A à foison. Incapable de se contenir, elle fond en larmes :

— Mon bébé... Ma petite voyelle... Rendez-la moi... Rendez-la moi...

 

Dès son arrivée, Gaspard Phonème prend sa femme dans ses bras et, sans regarder Wolowski, demande :

— Alors ?

— Mes hommes interrogent les voisins. Si les malfrats téléphonent, notre technicien enregistrera la conversation afin de les localiser.

La sonnerie retentit. Les parents ne savent s'ils doivent décrocher... Le hochement de tête de Wolowski donne à Gaspard la force de répondre :

— Allô ?

La voix énonce, désincarnée :

— La petite va bien et si notre demande est respectée, ça restera le cas. Sinon...

— Donnez-moi vos exigences... Allez-y. Je ferai mon possible.

— On exige le retrait de permis de liaison... Simple, dans votre position de magistrat.

— Je le ferai mais rendez-moi ma fille.

— Après le retrait.

Il n'insiste pas :

— Donnez-moi le mot concerné.

— Haricot. Le h aspiré devra être LA prononciation admise. Pas ce z infâme. Compris ? Les haricots resteront célibataires. Sinon...

Gaspard est dépité :

— Pardon, sir gangster... Mais c'est impossible.

— Im-... Ne mettez pas la santé de la petite en danger, Phonème.

Derrière les paroles d'acier, le père entend « Papa, papa... ». Le malfrat reprend :

— Alors... Phonème... Décidé à coopérer ?

— Je travaille à l'AS. Je n'ai pas accès à ce dossier.

— Plaît-il ?

— Le fichier P127T concernant les liaisons tolérées fait parti des démarches AT, pas AS. Moi, je gère les fichiers P125, P336 et P700BZ.

— Mais...

— Dans le cadre des permis 127T, c'est Alphonse Sème le responsable. Et encore... Le retrait de P127T exige le tampon officiel de la chargée des volte-face, Clitorine Zangbi. La démarche est très simple, Sème doit remplir le dossier 13B7P117T. Après, il le transfère à l'AS, donc moi. Je vérifie si le dossier est complet. Si c'est le cas, je le transmets à Zangbi. S'il le tamponne alors on finalise en demandant la certification ministérielle. Encore très simple...

Catastrophe : le monstre a raccroché ! Comment va-t-il le dire à sa femme ?

 

Après cet échec, les choses stagnent. Le soleil se lève, l'espoir abandonne la famille... Les parents sombrent dans le désespoir.

Le grincement de la porte d'entrée déconcerte Wolowski, la fillette s'avance :

— Papa ! Maman !

L'enfant s'élance dans les bras de madame Phonème :

— Ma petite U, ma poupée ! Te voilà de retour chez nous !

L'agent Wolowski, retrouvant enfin sa volubilité habituelle, s'accroupit devant la petite voyelle :

— Ceux qui t'avaient emmenée... Ils ont dit quelque chose ?

— Ils m'ont déposée devant l'école. Puis le grand chauve il a dit qu'il abandonnait le kidnapping mais pas la lutte pour la langue.

Vraiment ?

— Ouais. Même qu'il a pleuré longtemps... Il arrêtait pas de dire : « Putain d'administration... Putain d’administration... »



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23 mars 2017

Listes obsessionnelles compulsives

 



Genre : Recueil

Pays : Royaume-uni

Date de publication : 2015 pour la traduction française

Maison d'édition : Le Livre de Poche / Editions du sous-sol

Traduction de l'anglais : Claire Debru

Prix : 14,90 €

 

Dans l'article de la semaine dernière « Écrire pour faire place », je vous parlais du principe d'externalisation (le fait de ne pas remplir sa tête de choses qui n'ont rien à y faire). Cette thèse de Daniel Levitin, professeur de psychologie cognitive, m'offre une excuse parfaite pour justifier d'une de mes -nombreuses- manies : faire des listes. Je collectionne les listes comme d'autres épinglent les papillons : avec ardeur, minutie et une joie sans cesse renouvelée. Aussi lorsque j'ai croisé l'ouvrage de Shaun Usher dans ma librairie de quartier, je vous laisse imaginer mon impatience...

 

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Résumé : Les hommes ont commencé à faire des listes bien avant d’écrire des lettres. Ils y consignent l’essentiel de ce qui leur tient à cœur : espoirs et aspirations, préférences et aversions, règles de vie et d’amour, souvenirs et rappels des choses à faire avant de mourir.
Listes de courses de Galilée et de Michel-Ange, des livres préférés d’Edith Wharton et d’Ernest Hemingway, des résolutions de nouvelle année de Marilyn Monroe, « to do list » de Johnny Cash, ou encore tentative d’inventaire de Georges Perec composent ici une anthologie riche et visuelle de cent vingt-cinq listes brillantes et fantasques.



Mon Avis

 

Mon plaisir à feuilleter le livre qui nous intéresse aujourd'hui ne tient pas seulement dans ma ferveur à lister tout et -souvent- n'importe quoi. Tout amoureux des curiosités ou des mots sera fasciné par la profusion et la diversité des choix réunis dans Au bonheur des listes. On croise la petite histoire et la grande, la politique, l'art et l'humour. J'ai beaucoup souri, souvent été surprise, parfois saisie d'émotion et j'ai toujours tourné la page avec ardeur.

Les illustrations, nombreuses, nous offrent des fragments de l'évolution de l'écriture mais aussi de la société. Un livre à offrir ou à s'offrir dans lequel je me replongerai avec délice, un jour de pluie, accompagnée de la douceur gourmande d'un chocolat chaud.

 

Si vous avez envie que je chronique un livre en particulier,

n'hésitez pas à m'en faire part...

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