Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Écrhistoires
ecriture
13 avril 2017

Écriture, LA clef universelle


       Si vous traînez vos guêtres sur la toile, à la recherche de conseils pour écrire, vous le savez : les règles se suivent et parfois se contredisent. Prévoir ou non un plan, utiliser des verbes de parole ou en minimiser l'usage, faire ou non des fiches de personnages... L'écriture au long court n'est pas chose aisée et on tâtonne avant de trouver notre manière de travailler.

Il existe pourtant un point sur lequel tout le monde se retrouve. Une base que dans toutes les master class, dans tous les ouvrages consacrés à l'écriture, figurant sur tous les sites sérieux : pour écrire, il faut lire ! J'en parlais déjà dans le premier article de l'Écrhistoires...

 

Delfin Enjolras

Jeune femme lisant près d'une fenêtre, Delphin Enjolras

 

Les bienfaits valables pour tous

 

Avant même d'aborder la lecture pour l'écrivant, n’oublions pas ce qu'elle apporte à tous. Souvent ses aficionados mettent en haut de la liste ses bienfaits intellectuels. S'ils demeurent indéniables, ce n'est certes pas ce qui me vient à l'esprit quand je pense au roman qui m'attend paisiblement. Alors quoi ? Laissez-moi emprunter les mots de David Lewis, neuropsychiatre de renom : « S'abandonner à la lecture est une forme ultime de détente ».

Quinze minutes -ou moins- plongée dans une bonne histoire et je me sens aussi bien qu'après une séance de méditation. Pour moi, c'est une façon simple de revenir à « l'ici et maintenant », loin de toute angoisse, de tout tracas, de toute rumination. Un bain moussant à emporter partout avec soi... Pourquoi s'en priver ?

L'avantage avec le côté déstressant de la lecture est qu'il concerne tous les bouquins. Qu'importe le genre, la qualité littéraire, tout ça tout ça ; tant qu'on lit avec plaisir !

 

Le second bienfait universel est l'enrichissement de sa culture générale. Dans la majorité des histoires, il y a quelque chose à apprendre, à comprendre. Même le pire récit nous questionnera. Adolescente, j'ai eu une période «histoire d'amour sur fond historique » -qui a duré looooongtemps-. Encore aujourd'hui j’apprécie les romances froufroutantes. Certains de mes proches -et d'autres- m'ont fait part à ce propos de leur réserve. Si je ne vais pas aller jusqu'à crier au snobisme -quoique-, je dois mettre les points sur les i : c'est en dévorant une des innombrables séries de Benzoni que ma curiosité pour l'histoire s'est éveillée. Quelques mois à suivre une héroïne sur fond de renaissance florentine et je me suis retrouvée, à quinze ans, absorbée dans une biographie de Laurent de Médicis. Cette fenêtre se serait-elle ouverte sans la lecture ? Ce n'est pas certain.

 

Bien-être général, ouverture sur le monde : des bienfaits en pagaille...

Pour les écrivants, lire va bien au-delà...

 

Une mine d'or

Oui, la lecture reste LA formation initiale de quiconque ambitionne d'écrire ! Si vous faites partie de cette caste, lire devrait être une activité quotidienne. Autant que l'écriture. Voici la liste -non exhaustive- de ce que vous apporte(ra) la lecture :

  • Des outils littéraires

On pense souvent à l'orthographe. Lorsque je fréquentais les bancs de l'école -hier selon moi, naguère selon mes enfants...- les dictées étaient mon talon d’Achille. Immanquablement on me conseillait la lecture... Sauf que j'étais déjà fanatique -combien de fois maman a dû m'arracher de quelque roman ?-. Ce qui vaut pour certains ne fonctionne pas pour tous. Mais ce serait dommage de ne pas tenter le coup... Et nous pouvons ajouter l'enrichissement du vocabulaire, la compréhension de ce qui fonctionne (ou pas), des figures de style, des modèles de constructions narratives...

  • Le pillage honnête

Dans mon article, Les trois clefs de l'inspiration, je me permets d'utiliser l'expression « Kleptomane créatif » d'Austin Kleon. Ce pillage honnête englobe les ouvrages qu'on lit. Je ne parle pas de plagiat mais bien de nourrir son inspiration, voir de se trouver des maîtres d'écriture, ces écrivains que l'on admire et qui nous donnent la force de continuer malgré les difficultés.

  • L'épanouissement du sens critique

Plus on lit plus on devient exigeant. On aiguise notre esprit critique, or ce dernier reste un atout pour retravailler un texte.

  • Affiner nos goûts et donc nos envie

Savoir ce que l'on aime lire est le premier pas pour définir ce que l'on désire écrire. Logique.

  • Augmentation des capacités de lecteur

Au dix-huitième siècle, le journaliste et politicien irlandais Richard Steele (1672-1729) l'avait déjà compris : « Lire est à l'esprit ce que la gymnastique est pour le corps. ».

Outre cette gymnastique de la concentration et de la mémoire, vous lirez plus vite, du moins plus efficacement. Pain béni pour l'auteur ! Parce qu'écrire implique de faire des recherches, lire vite vous fera gagner du temps.

 

magnifique-bibliotheque-35

La -sublime- Bibliothèque nationale du Chili

Nous l'avons vu, la lecture est une activité cruciale pour progresser. Reste un point que je n'ai pas abordé : les mauvais livres. À titre personnel, j'ai autant -si ce n'est plus- appris des mauvais livres que des bons. Ce phénomène, qui étonnent certains de mes clients, mériterait une chronique à part entière... Aussi je vous laisse pour le noter dans ma To do list...



Et vous, la lecture tient quelle place dans votre vie ?



 

Publicité
Publicité
23 mars 2017

Listes obsessionnelles compulsives

 



Genre : Recueil

Pays : Royaume-uni

Date de publication : 2015 pour la traduction française

Maison d'édition : Le Livre de Poche / Editions du sous-sol

Traduction de l'anglais : Claire Debru

Prix : 14,90 €

 

Dans l'article de la semaine dernière « Écrire pour faire place », je vous parlais du principe d'externalisation (le fait de ne pas remplir sa tête de choses qui n'ont rien à y faire). Cette thèse de Daniel Levitin, professeur de psychologie cognitive, m'offre une excuse parfaite pour justifier d'une de mes -nombreuses- manies : faire des listes. Je collectionne les listes comme d'autres épinglent les papillons : avec ardeur, minutie et une joie sans cesse renouvelée. Aussi lorsque j'ai croisé l'ouvrage de Shaun Usher dans ma librairie de quartier, je vous laisse imaginer mon impatience...

 

listes

 



Résumé : Les hommes ont commencé à faire des listes bien avant d’écrire des lettres. Ils y consignent l’essentiel de ce qui leur tient à cœur : espoirs et aspirations, préférences et aversions, règles de vie et d’amour, souvenirs et rappels des choses à faire avant de mourir.
Listes de courses de Galilée et de Michel-Ange, des livres préférés d’Edith Wharton et d’Ernest Hemingway, des résolutions de nouvelle année de Marilyn Monroe, « to do list » de Johnny Cash, ou encore tentative d’inventaire de Georges Perec composent ici une anthologie riche et visuelle de cent vingt-cinq listes brillantes et fantasques.



Mon Avis

 

Mon plaisir à feuilleter le livre qui nous intéresse aujourd'hui ne tient pas seulement dans ma ferveur à lister tout et -souvent- n'importe quoi. Tout amoureux des curiosités ou des mots sera fasciné par la profusion et la diversité des choix réunis dans Au bonheur des listes. On croise la petite histoire et la grande, la politique, l'art et l'humour. J'ai beaucoup souri, souvent été surprise, parfois saisie d'émotion et j'ai toujours tourné la page avec ardeur.

Les illustrations, nombreuses, nous offrent des fragments de l'évolution de l'écriture mais aussi de la société. Un livre à offrir ou à s'offrir dans lequel je me replongerai avec délice, un jour de pluie, accompagnée de la douceur gourmande d'un chocolat chaud.

 

Si vous avez envie que je chronique un livre en particulier,

n'hésitez pas à m'en faire part...

16 mars 2017

Écrire pour faire place

 

Après deux articles dans la catégorie « Se réécrire », l'un proposant la tenue d'un journal d'estime de soi et l'autre d’exprimer sa gratitude, j'ai envie de me détacher du développement personnel.

Avant d'utiliser l'écriture comme outil au service d'une philosophie ou de grands principes, elle m'a d'abord aidée dans mon quotidien. Simplement à faire de la place. Comment ? Pourquoi ? Laissez-moi tout vous expliquer.

 

Effacer le tableau...

 

Vous souvenez-vous de ce grand tableau à l'école primaire ? Noir ou blanc, l'odeur des craies ou des feutres... Dans la plupart des classes existe un roulement de l'élève de service. Vous savez, l'enfant si fier d'assister le maître : en distribuant les feuilles, en écrivant la date et, le soir, en nettoyant ce grand tableau. Ah... Effacer la journée de travail. Faire place nette pour le lendemain. Il ne viendrait à l'idée d'aucun professeur, le matin suivant, d'écrire par-dessus les énoncés et exercices de la veille.

Et pourtant c'est ce que la plupart d'entre nous tentons de faire. On se couche rempli des joies, chagrins, victoires et rancœurs du jour. On dort en compagnie de ce capharnaüm et le lendemain on se lèvre comme si de rien n'était. Prêt à gribouiller par dessus les événements de la veille.

Au quotidien, nous aurions pourtant besoin de faire place nette, d'effacer le tableau de notre journée. Pour cela une minute suffit, quelques phrases déposées sur une feuille volante, dans un cahier ou sur smartphone... Ne vous perdez pas dans les détails ni dans les interprétations ou les analyses, plutôt quelque chose du genre :

« Longue journée. Rencontré H, très sympa. Réunion avec Mr D : gros conflit, pas encore de solution. »



Sortir les poubelles de nos émotions

 

Dans la première partie, nous avons parlé du quotidien, des micros-événements. Écrire est encore plus efficace face à des émotions intenses. Notre cœur et notre esprit sont de vraies poubelles : on y accumule des tas de choses, on les laisse pourrir dans un coin. Puis quelques jours/semaines/mois plus tard on s'étonne que la moisissure envahisse tout le reste. Certains d'entre nous ne laissent pas les déchets dépérir : ils vident leur poubelle sur les personnes qu'ils aiment le plus.

Parce que ce sont nos proches qu'on a sous la main, c'est sur eux qu'on se retrouve à déverser nos poubelles. C'est comme ça que, surmené au travail, on peut se retrouver à crier sur nos enfants ou notre conjoint...

 

201207071494

Il existe nombre de manières de vider nos poubelles : en se confiant à un ou une ami(e), en consultant un thérapeute, en pratiquant une activité exutoire... Mais quoi de plus accessible qu'un stylo ? Parce qu'il ne nous est pas toujours possible de téléphoner à notre confident ou d'attendre cette séance de yoga qui nous fait tant de bien... Dans ce cas, écrire sa colère, ses angoisses peut faire le boulot. Quitte à mettre ça dans une vraie poubelle à la fin.

Bref ne laissez pas les déchets s'empiler dans votre esprit. Non seulement il y a toujours un moment où ça déborde mais cela occupe de la place. Un espace dans lequel vous pourriez collectionner tant de jolies choses...

 

Mémoire vide, mémoire vive ?

 

Selon Daniel Levitin, un spécialiste des neurosciences, professeur de psychologie cognitive, existe le principe d'externalisation. C'est le fait de ne pas remplir sa tête de choses qui n'ont rien à y faire. Il préconise pour cela d'écrire le plus possible dans son agenda, de s'en servir comme d'une extension de sa mémoire. Allégez la charge d'informations que vous avez à traiter ! Ne vous contentez pas de noter vos rendez-vous mais aussi tout ce dont vous vous efforcez de vous souvenir -horaires de magasin, tâches à effectuer, identifiants internet,...-. Non seulement tout cela prend de la place mais épuise votre énergie.

La thèse de monsieur Levitin reste une merveilleuse découverte pour la maniaque d'organisation que je suis. Désormais quand un de mes proches se moque gentiment de ma manie de faire des listes pour tout, j'ai une bonne excuse...

 

Daniel-Levitin-press-photo-2016-billboard-650

Daniel Levitin

 

9 mars 2017

L'écriture avec l'Art du Kaizen

 

Le mois dernier, j'abordais la question de l'écriture des scènes de sexe. Thème intéressant maisà destination des écrivants forcenés.

Pour varier, j'avais décidé de proposer en mars une chronique pour ceux qui n'écrivent pas -encore !- régulièrement. Ceux qui voudraient se mettre sérieusement -du moins quotidiennement- à l'écriture mais s'épuisent par avance. Le manque de temps, la difficulté de changer ses habitudes, le perfectionnisme,... autant d'obstacles à un projet à long terme.

Il existe pourtant une solution pour dépasser ces difficultés : le Kaizen, la méthode des petits pas.

Cette proposition nous vient du Japon, par l'entremise de Robert Maurer via son ouvrage Un petit pas peut changer votre vie : la voie du Kaizen. Personnellement, je l'ai découverte grâce à mon magazine fétiche Flow (dont il faudra que je vous parle ici).

 

Flow-France-11-1-1140x1364

 

Le Kaizen : koi za ko ?

La méthode du Kaizen consiste en un principe très simple : pour atteindre un objectif, nul besoin de s'épuiser à essayer de tout chambouler tout de suite, il suffit d'avancer un petit pas après l'autre.

Là où cela diffère de ce que j'avais pu lire auparavant est que les pas à effectuer sont vraiment minuscules. Vous voulez vous remettre au sport ? Alors commencez par courir une min par jour. Oui une seule petite minute. On peut décider de continuer ainsi aussi longtemps que l'on veut et quand on se sent prêt on ajoute un autre petit pas (pourquoi pas courir 3 min ?). L'idée est qu'avancer sans effort, c'est toujours avancer.

Kaizen

 

L'écriture en 4 petits pas...



Le Kaizen peut s'appliquer à tout : le dessin, le sport, vaincre sa timidité et bien sûr...écrire. Pour vous simplifier encore plus la vie, je vous propose de suivre 4 petits pas d'écriture.

Pour cela, ill vous faut : un espace où écrire. Je pense que c'est mieux de centraliser vos productions afin de voir concrètement vos petits pas. Un cahier, un calepin, quelques feuilles de votre agenda ou de votre journal... Bref comme vous voulez.

Ensuite vous choisissez votre premier pas. Par exemple écrire une phrase par jour. Ou pendant une minute. Une fois à l'aise, mais surtout prenez votre temps, vous passez à deux phrases, ou deux minutes. Et voilà !

 

Lao Tseu

 



Suivez gratuitement le programme

« L'écriture créative en 28 jours... »

 

Vous préférez être guidé dans votre démarche ? Je vous propose de suivre le programme « Se (re)mettre à l'écriture créative en 28 jours », pour cela rien de plus simple :

  1. Si ce n'est déjà fait, inscrivez-vous à la newsletter de l'Écrhistoires

  2. Inscrivez-vous directement par mail (emiliecognac@ecrhistoires.fr) ou laissez un commentaire sous l'article dédié à ce programme. ICI

La première session de aura lieu du 01 au 30 avril. Chaque matin, vous recevrez directement dans votre boîte mail un énoncé simple d'écriture, à la portée de tous.

Le programme prend très peu de temps : pas plus d'une minute la première semaine, trois minutes la deuxième, cinq minutes la troisième et sept minutes la dernière. Une manière simple, ludique et accessible de se (re)mettre à l'écriture.

Vous écrivez déjà régulièrement ? Rien ne vous empêche de nous rejoindre pour vous amuser !

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poster en commentaires ou à me contacter directemen (emiliecognac@ecrhistoires.fr).

 

Prêt à faire ce petit pas en ma compagnie ?

 

27 février 2017

Mademoiselle Else ou l'art du monologue



Genre : Nouvelle

Pays : Autriche

Date de publication : 1924

Maison d'édition : Le Livre de Poche

Traduction de l'allemand :Henri Christophe

Prix : 3,60 €

 

MademoiselleElse



Résumé : Else T., fille d'un avocat viennois, se trouve pour quelques jours de vacances dans une station thermale italienne. Là, elle reçoit une lettre de sa mère, dans laquelle elle la prie de demander d'urgence un prêt à Dorsday, riche marchand d'objets d'arts, car son père a perdu au jeu de l'argent appartenant à ses pupilles et sera bientôt arrêté s'il ne peut pas rembourser. Else va voir Dorsday et lui explique la situation difficile de sa famille.

Dorsday consent à prêter les 30 000 florins nécessaires, mais exige en contrepartie l'autorisation de pouvoir contempler Else nue pendant un quart d'heure.

Pour plusieurs raisons la nouvelle d'Arthur Schnitzler tient une place importante dans ma bibliothèque. Par goût personnelle d'abord : Mademoiselle Else reste un petit bijou de littérature. Dans un long monologue intérieur, émaillé de courts dialogues, le lecteur suit le cheminement d'une très jeune femme -dix-neuf ans- devant un conflit intérieur insupportable : doit-elle se vendre pour sauver son père de la prison ? Pour mon travail ensuite : lorsque je fais travailler un(e) client(e) sur le monologue intérieur ou sur le personnage, Mademoiselle Else fait parti de la bibliographe que je recommande.

 

Mon Avis

 

Durant mon existence de lectrice, j'ai subi plusieurs « claques littéraires » est, avouons-le, Mademoiselle Else fut l'une d'elle. La nouvelle, un long monologue intérieur, nous transporte dans un marasme d'émotions. Ceux d'une jeune fille lucide, frivole, torturée mais attachante dont le destin paraît inexorable. Difficile, une fois plongé dans les pensées d'Else, de lâcher le petit ouvrage. On veut savoir ce qu'il adviendra d'elle et de son hystérie.

Certes, le personnage d'Else transpire la posture freudienne chère à Schnitzler, on sent la fascination de l'auteur autrichien pour les névroses et la sexualité. Mais qu'importe les réserves que m'inspirent les thèses de Sigmund : Mademoiselle Else reste un exercice littéraire de haut-vol, troublant et inspirant.

Attention spoiler : à la fin de la nouvelle, Mademoiselle Else sombre après avoir avalé un tube de somnifères, geste dont on ne sait pas s'il lui sera fatal, se rapproche de manière troublante de la réalité quand on sait que la fille de Schnitzler, dix-huit ans, mettra fin à ses jours en 1928. L'auteur ne lui survivra que trois ans.

 

Et vous, connaissez-vous l’œuvre d'Arthur Schnitzler ?

 

Publicité
Publicité
23 février 2017

Les dictionnaires : les alliés de tous



Ce mois-ci dans ma boîte à outils : les dictionnaires



Le mois dernier, pour inaugurer la boite à outils, je m'amusais à vous parler des gros mots. Un article finalement tout à fait sérieux, que vous pouvez retrouver ici... Lors de l'élaboration de cette première chronique, j'avais eu recours à un outil bien connu de qui manie un tant soit peu la langue : le dictionnaire. Finalement, puisque c'est « l'outil » que j'utilise le plus fréquemment, il semblait logique d'aborder le sujet. En ligne, sur papier, spécifiques, nombreux sont les dictionnaires qui, au quotidien, sont devenus des alliés.

 

Cit-dico

 

Les dictionnaires en lignes



À l'ère du numérique, il serait dommage de ne pas profiter des dictionnaires en ligne. Définitions et vocabulaire à porter de clique, quoi de plus simple et sans danger ? Sauf que l'on peut très bien, dans la précipitation, utiliser Internet à mauvais escient. Le risque est d'utiliser des informations dépassées ou pire erronées. Si, pour écrire votre roman contemporain, vous utilisez le Littré1, il va de soit que vous risquez quelques déconvenues.

Pour ce qui est du bon vieux dictionnaire de français, je ne jure que par le site de Larousse, que je trouve ergonomique et sérieux. Lorsque je donne des définitions, elles sont en général issu de cet espace.

Par contre quand, plus rarement, j'ai besoin d'avoir recours à un dictionnaire des synonymes je préfère de loin aller . Agréable visuellement, simple d'utilisation et précis, c'est un des mes sites favoris. Si aujourd'hui je me contente de partager mes ressources, il faudra à l'occasion que je revienne sur l'utilisation particulière du dictionnaire des synonymes. Refuser de le consulter ou en abuser peut jouer contre vous.

De manière sporadique, j'ai besoin d'un dictionnaire des rimes. Ma bibliothèque est pourvue d'un tel ouvrage (acheté il y a plus de 15 ans) mais j'avoue que je le sors si peu souvent qu'il se cache derrière deux rangées de romans... Donc il m'a fallu trouver une solution plus pratique : ce site. De même que pour le dictionnaire de synonymes, je pourrais écrire un article sur la question.

 

Synonymes

 

Les dictionnaires en ligne sont des outils fort utiles mais certains ouvrages papiers continuent d'accompagner mon travail...

 

Les irremplaçables papiers



Les trois dictionnaires « papier » que je feuillette le plus ne sont pas des compagnons quotidiens dans mon travail sur l'écriture. Mais le plaisir que j'ai en les consultant, la myriade d'éléments que j'ai appris grâce à eux, font qu'ils avaient leur place dans cet article.

Le premier, et non des moindres, date de l'époque fort lointaine où je possédais encore une carte d'étudiante. Un ouvrage de référence, acquis pour un cours, que je consulte encore de temps à autre, parfois pour le simple plaisir d'apprendre une broutille ou deux. Il s'agit du Dictionnaire étymologique et historique de la langue française de Beaumgartner et Ménard. Possible qu'après toutes ces années, mon édition date quelque peu mais je l'adore. Oui, oui, j'adore un dictionnaire, on s'abstient de se moquer, merci... J'évite de le sortir quand je suis submergée de travail car j'ai tendance, quand je plonge dans ces pages, à m'y noyer avec délectation.

Viennent ensuite deux parutions de Larousse qui sont sans doute très plaisantes mais que je consulte pour le boulot. Le premier est le Dictionnaire des expressions et locutions traditionnelles. On peut trouver son équivalent en ligne pourtant je le préfère dans sa version papier -allez comprendre...-. Riches d'exemples, il fourmille de petits trésors...

Enfin le troisième me sert pour la correction, encore une édition Larousse : Dictionnaire des difficultés de la langue française. Lorsque -je ne sais pas encore quand mais c'est prévu- je consacrerai un article sur mes outils pour la correction, nous verronsi son utilisation plus en détails. Reste que c'est un ouvrage de référence dont je peux difficilement me passer. Quand j'aborde la thématique « Retravailler un texte » avec un client, je l'emporte avec moi.

 

Pour conclure, j'avoue que d'autres dictionnaires sortent régulièrement de ma bibliothèque (Dictionnaire de l'Ancien Français, de mythologie, des symboles, dictionnaire culturel de la bible...) mais ils sont si spécifiques que je préfère les garder pour les sujets auxquels ils sont liés...

Peu importe ceux que vous utilisez, faite-le à bon escient et, surtout, prenez du plaisir à baguenauder dans le paysage varié de notre langue...

 

Et vous, les dictionnaires, numériques ou papiers ? Généralistes ou spécialisés ? Partagez vos trouvailles...

 

 

1 Dictionnaire ancien, paru de 1873 à 1877

13 février 2017

Un nouveau magazine : Respire

 

La lecture tenant une place primordiale pour mon travail, j'inaugure une nouvelle catégorie sur ce thème. Dans de courtes critiques, je partagerai régulièrement avec vous les ouvrages/articles/magazines qui m'ont plu -ou non- inspiré -ou pas-.



Genre : Magazine

Rythme de parution : tous les deux mois

Numéro : 1 (janvier-février 2017)

Édité par : Oracom

Rédactrices en chef : Agathe Lebelle / Iris Maluski

Prix : 5,95

 

ob_5d8a7a_magazine-respire-creer-du-temps-pou

 

Une fois n'est pas coutume, nous parlerons aujourd'hui d'un nouveau venu dans les kiosques...

Je ne suis pas particulièrement friande de presse. Déjà parce que cela demande un certain budget, que je préfère consacrer aux livres, et parce que je suis difficile en la matière. En outre, je me lasse vite.

Depuis un an, je reste fidèle à un seul magazine : Flow qui marie mon amour du papier, ma passion pour la créativité et mon intérêt pour le bien-être sous toutes ses formes.

Toujours à l'affût, je suis tombée sur le premier numéro de Respire dont la ligne éditoriale est résumée en quelques termes sur la couverture : Bien-être - Pleine Conscience - Créativité - Évasion. Beau programme...

 

Mon Avis

 

Premier numéro rime souvent avec petits couacs et quoi de plus normal ? Qu'une revue ait besoin de plusieurs parutions pour parfaire sa formule, je le conçois aisément. Je me suis lancée dans ma lecture avec une bonne portion de tolérance...

Quelques éléments peuvent effectivement être imputables à la jeunesse de Respire... Concernant les cadeaux (deux enveloppes, deux papiers à lettre, quatre papiers créatifs), je regrette qu'ils ne soient pas pré-découpés. Cela peut sembler un détail mais devoir abîmer le magazine, puis redécouper tout ça, fait une vraie différence pour les passionnés de papeterie. Ensuite, dans le domaine des agacements, il manque les références complètes des ouvrages cités -maison d'édition,...- et le prix des objets proposés.

Rien de grave me direz-vous. C'est vrai. Surtout quand on regarde les articles de plus près. Avec une ligne éditoriale qui s'attache tant au bien-être, on s'attend à ce que le magazine fasse une part belle à la légèreté. Et ça, on peut dire que c'est léger ! Tellement léger qu'en fait c'est SURTOUT superficiel.

Chaque sujet est tellement survolé qu'on peut se demander si les auteurs ont procédé à des recherches. Peu ou pas de travail journalistique ! Les articles font penser à des parutions de blog, sympas mais sans profondeur. Les études citées ne sont pas référencées, rien n'est argumenté ou justifié. À croire que pour l'équipe de la rédaction, les bobos -cibles, avouons-le, de Respire- sont des lecteurs tellement bohèmes qu'ils sont prêts à gober tout ce qu'on leur dit du moment que ça parle nature, sommeil, méditation ou yoga.

Des papiers superficiels alternent donc avec des extraits d'ouvrages, quelques citations pour faire bonne mesure et des illustrations pastelles pour faire joli, le tout un brin moralisateur. De la psychologie de comptoir qui pourra contenter ceux qui veulent se détendre et dont l'intérêt pour le Bien-être, la Pleine conscience et la créativité se limite à parcourir une fois par mois un article sur ces questions.

Quelle déception !

 

Et vous, lecteur de magazine ou pas du tout ?

9 février 2017

Exprimer sa gratitude

 

À cinq petites journées de la Saint-Valentin, j'ai d'abord pensé aborder la question du couple mais, en ayant débuté février avec un sujet coquin, j'ai rapidement repoussé l'idée. La catégorie qui nous occupe étant Se réécrire, j'avais envie d'adapter le sujet avec une chronique tournée vers les autres. Ce n'est que devant mon écran, la page blanche me narguant avec morgue, que j'ai su que je voulais parler gratitude.

I. Mais c'est quoi la gratitude ?

 

Le Larousse -grand ordonnateur du vocabulaire- nous donne la définition suivante : Reconnaissance pour un service, pour un bienfait reçu ; sentiment affectueux envers un bienfaiteur : Manifester sa gratitude à quelqu'un. On peut se demander s'il y a une différence entre remercier et exprimer sa gratitude.

Les remerciements font partie de nos réflexes de politesse et on a tendance à l'utiliser à toutes les sauces sauf à celle de la bienveillance. Personnellement, j''emploie le terme gratitude pour différencier le jeu social d'une démarche choisie, celle d'exprimer sa reconnaissance sans attente de réponse ou de retour. Par conséquent bien loin de la grande messe commerciale de la Saint-Valentin et autres fêtes de supermarché.

 

II. La mode de la gratitude

 

La gratitude est à la mode, en témoigne le nombre croissant d'articles sur le Journal de gratitudes. Celui-ci fonctionne sur un principe simple : noter régulièrement les choses pour lesquelles nous sommes reconnaissants. Si cette habitude, que je pratique, a pour objectif de renforcer notre stabilité émotionnelle, notre bien-être et de lutter contre le pessimisme, c'est un acte orienté vers soi. Or, en ce mois estampillé comme celui de l'amour, je préfère vous faire une proposition tournée vers l'autre.

 

Girl Writing a Love Letter 1755

 Young Girl Writing a Love Letter, Pietro Antonio Rotari

 

III. Le défi du mois : la lettre de gratitude

 

Le mois dernier j'abordais ici la question des bonnes résolutions et parlais du journal d'Estime de soi, pratique que j'ai mise en place en 2016. Lorsque 2017 a pointé le bout de son nez, j'ai choisi un autre défi.

Une fois par mois, sans me préoccuper de ma pudeur ou de ma timidité, j'essaie simplement d’exprimer ma gratitude. Faire la démarche d'envoyer une lettre change tout : on est dans un acte réfléchi, qui demande du temps. J'envoie un courrier à quelqu'un qui compte ou a compté, une personne dont l'amitié, la chaleur, la bienveillance a éclairé ou éclaire ma vie. Je n'en écris pas trois tonnes, je me contente d'expliquer ma démarche et pourquoi je suis reconnaissante.

Je n'ai aucun recul sur ce challenge. Comment je vais le vivre ? Est-ce que les destinataires vont m'en parler ? Peu importe les conséquences de cette démarche, je vous tiendrai au courant, soit au fil des mois, soit avec un bilan à la fin de l'année.

 

Moine

 

Et vous...

Pour qui, ici et maintenant, éprouvez-vous de la gratitude ?

Avez-vous exprimé cette gratitude ?

 





2 février 2017

5 règles pour écrire une -bonne- scène de sexe

 

Cet article est seulement le deuxième de sa catégorie -retrouvez le premier ici- et j'aborde déjà un sujet coquin... En ce mois de la Saint-Valentin, je pourrais prétexter vouloir rester au plus près du calendrier sauf que non. Ce choix tient à une seule chose : pour moi les scènes de sexe ont longtemps été une épreuve. Parce qu'elles tiennent en un équilibre délicat et produire une bonne scène reste difficile. Il m'aura fallu du temps, et du travail, pour ne plus redouter l'exercice. De ce processus, j'ai appris quelques astuces que je veux partager avec vous. Plus exactement j'ai désormais 5 règles :

 

5 règles

 

 

La préparer en amont

 

Plus votre scène sera préparée, plus l'exercice sera facile. Non seulement la caractérisation de vos personnages doit être solide mais la relation entre les protagonistes doit être claire. Que ces éléments existent dans les chapitres précédents ou seulement dans votre esprit, peu importe, il faut que vous sachiez ce qu'il en est. On ne caresse pas un inconnu de la même manière que la personne qui partage notre vie depuis des années... Une femme complexée et mal à l'aise avec son corps n'agira pas comme une héroïne sûre d'elle et de sa féminité. Bref, les choix que vous ferez devraient, dans l'idéal, découler naturellement de la psychologie de vos personnages.

 

Lui donner une fonction

 

Il existe un principe auquel j'essaie de ne jamais déroger : mes scènes/chapitres doivent avoir une fonction. Les scènes de sexe aussi. Quand je m'apprête à écrire le premier jet d'un passage je me demande toujours à quoi sert une scène.

Deux fonctions principales peuvent motiver une scène : faire avancer le récit ou caractériser un personnage. Peu importe quelle est l'utilité, il doit y en avoir une. À quoi bon le sexe pour le sexe ? même dans un roman érotique...

Lorsqu'un « couple » se tourne autour depuis plusieurs chapitre, la scène en question peut servir à changer leur relation, donc faire avancer le récit. Au début d'un roman, mettre son héros dans une situation érotique peut nous montrer le rapport qu'il entretient avec sa sexualité, avec les femmes,... En d'autres termes donner à voir au lecteur une partie de son fonctionnement psychologique.

Écrire porte fermée

 

Même dans notre société habituée à l'étalage de la nudité, la sexualité reste un domaine qui véhicule des éléments lourds de sens. Écrire une scène de sexe interroge notre propre rapport au corps, à la sensualité et peut bousculer nos tabous. Quand je suis confrontée à un tel passage, je fais particulièrement attention à écrire porte fermée. C'est à dire que je ferme symboliquement la porte au regard des autres. J'écris comme si personne jamais ne devait lire mes mots. Il faut se sentir libre au moment du premier jet. Il sera toujours temps de retravailler la scène par la suite.

 

violon-ingres_man-ray

 Le Violon d'Ingres - Man Ray

 

 

 

Savoir la délimiter

Parfois quand une scène ne fonctionnait pas ou que j'avais du mal à l'écrire, m'interroger sur ses limites m'a permis de dépasser mes difficultés. J'entends par là quand la scène commence et finit... Il m'est arrivé de supprimer tout le début d'un passage pour débuter le récit dans le feu de l'action et me rendre compte que mon récit gagnait en intensité et en dynamisme. Savoir quand retrouver et/ou quitter les personnages -à quel moment du récit- peut changer beaucoup de choses. N'hésitez donc pas à tester plusieurs versions en jouant sur ces limites.



Éviter les pièges « viande et dentelles »

Grande lectrice, j'ai remarqué que deux pièges guettent les scènes érotiques dans la fiction. J'ai surnommé ces écueils « viande et dentelles ».

  • Viande pour l'effet « viande dans le torchon ». Oui l'image n'est pas ragoutante, comme certaines scènes de sexe complètement ratées. C'est quand l'auteur décide d'appeler une bite une bite, de faire dans le cru mais sans savoir doser. Il ne faut pas tomber dans le mauvais porno. Du genre "Il la fourra jusqu'à la gerde tant elle était trempée".

  • Le second obstacle est celui de la « dentelle ». Le terme évoque, pour moi, les romances ratées. Quand par excès de romantisme et de pudeur, l'auteur se refuse à tout vocabulaire érotique et multiplie les métaphores farfelues. (Une fois j'ai pu lire « bouton magique » utilisé pour clitoris. J'en rigole encore...). Mieux mieux passer outre une scène de sexe et la contourner intelligemment plutôt que de l'écrire la honte au bout du stylo et finir par tomber dans le ridicule.

Legs Eleven Jack Vettriano

Legs Eleven - Jack Vettriano©



Et vous, quels éléments vous posent le plus de difficultés ?

Qu'en est-il des passages érotiques ?

 

 

 

 

26 janvier 2017

Gros mots, grossièretés et autres jurons



Ce mois-ci dans ma boîte à outils : les gros mots.

J'aurais pu commencer cette nouvelle catégorie -à retrouver une fois par mois- avec une définition un brin poussiéreuse et savante, telle la stichomythie1. Mais non... Je préfère commencer par un thème tout aussi important -oui,oui...- mais un poil de licorne plus amusant : les gros-mots, jurons et autres joyeusetés que notre belle langue nous offre.

Mais en quoi les gros mots ont-ils leur place dans la boîte à outil d'un écrivant ?

Tout d'abord un petit rappel, ami lecteur, sur ce que j'entends par gros mot. J'ai choisi de m'en tenir à la définition qu'en fait Pierre Guiraud Il s’agit plutôt des termes qui choquent parce qu’ils touchent des domaines tabous notamment la religion, la sexualité et la scatologie.2

 

haddock-insulte

 

Les gros mots : un art mouvant



En général, on qualifie une langue de vivante parce qu'elle est pratiquée de nos jours mais, pour moi, la première caractéristique d'une langue vivante est bien qu'elle est douée de vie. Donc dans le mouvement, la transformation, l'évolution. Vouloir graver le français dans le marbre d'une académie serait un blasphème. Les gros mots, comme tout le reste de notre vocabulaire, ont un passé. À chaque terme même grossier correspond une histoire, une biographie, une fiche d’identité.

Prenons un mot à la vulgarité limitée mais beaucoup utilisé dans nos embouteillages : le bon vieux « con ». Son arrivée dans notre langue daterait du XIIIe s. et ne désignait alors que les parties naturelles de la femme3 . À cette époque, c'était certes un mot qui évoquait l'intimité mais ce n'était pas une insulte. Ce n'est qu'au XIXe s. que « con » est devenu une injure vulgaire au sens d’abruti, de crétin. Et que dire de notre langue contemporaine ? dans laquelle on peut se demander si con, un peu usé, possède encore l'aura de scandale attaché aux gros mots...

Gardez cela à l'esprit, que les mots -gros ou pas- ont tous une histoire et que le sens qu'on leur donne aujourd'hui n'est peut-être pas celui qu'on leur prêtait hier.

 

Figues_-_couille_du_pape

Variété de figues communément appelée "Couille du pape" - et oui ça me fait rire... 

 

Le gros mot au service du personnage



Le plus souvent lorsque l'on rencontre des gros mots dans un roman, ils sont placés dans la bouche ou les pensées d'un personnage.

N'oubliez pas que tous les dialogues n'ont pas pour fonction de donner du réalisme à l’œuvre. Prenons pour exemple Oscar Wilde. Dans Le Portrait de Dorian Gray, les dialogues fourmillent de bons mots, d'aphorismes,... L'esprit prime sur le réalisme et c'est, entre autres, ce qu'apprécient ceux qui admirent Wilde.

Mais si vous voulez que vos dialogues apportent l'impression d'être « réels», les gros mots auront leur place dans votre boite à outils.

Dans l'idéal, chacun de vos personnages doit être identifiable par sa manière de « parler ». Notre langage transporte toute notre histoire et dépend aussi bien de notre éducation, notre lieu de vie, notre niveau social que de notre caractère ou de notre rapport aux autres et à nous-même...

Quelques termes d'argots, un gros mot ou une expression imagée situent parfois plus efficacement un personnage qu'un interminable paragraphe sur sa biographie. Émile Zola, par exemple n'hésitait pas à donner à ses personnages un ancrage profond dans leur réalité sociale : Nom de Dieu de nom de Dieu ! répéta Maheu en relevant la tête. Nous sommes des jean-foutre, si nous acceptons ça (Germinal, p.175)

Dans la même idée, le récit lui-même peut se situer depuis le point de vu d'un personnage. Une description de l'océan changera du tout au tout selon si elle est transmise par un narrateur neutre, une jeune femme romantique ou un artiste dépressif. Bref si vous décrivez un lieu ou un événement à travers le prisme d'un personnage qui émaille ses dialogues de quelques gros mots bien sentis, en parsemer intelligemment votre texte rendra le passage plus cohérent et dynamique.

Les gros mots peuvent donc participer à une bonne caractérisation des personnages.

 

Capitaine_Haddock_jurons

 

La rue dans le texte et le style

 

Il me semble difficile de parler seulement de la place du gros mot dans la littérature car il s'agit plus souvent de la question plus vaste de l'oralité. Depuis Rabelais et sa volonté d'explorer le français, (langue vulgaire tout entière à l'époque où seul le latin était admis), en passant par Céline et l'anti-héros de Voyage au bout de la nuit, parvenir à jouer sur l'oralité est un exercice difficile. Mais cela nous prouve que la crudité, les gros mots, et la vulgarité ne sont que des outils. À partir de là, seul le travail et le talent des auteurs décident de ce que ces outils peuvent devenir : vecteur du réel chez Zola, dénonciation satirique chez Rabelais, claque stylistique chez Céline, poésie érotique pour Chimo (Lila dit ça),...

Comme tout outil et technique, vous avez tout à gagner à en expérimenter l'utilisation...

Francois-Rabelais-4

 

Alors, ces gros mots... Vous les utilisez ou pas ?

 

 

 

1 Dialogue en vers dont chaque réplique occupe un seul vers, Lexique des termes littéraires, ouvrage dirigé par Michel Jarry, Le Livre de Poche, 2001

2 Cité dans l'article L'injure en littérature française : un jeu langagier à enjeux spécifiques RIHAM EL KHAMISSY Université d'Ain Shams, Le Caire

3 Dictionnaire de l'ancien français, Algirdas Julien Greimas, Larousse, 2001

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 > >>

11990255_888989051183432_970238253_o

Publicité

Essaiblc

Newsletter
Publicité