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L'Écrhistoires
1 juillet 2017

Consigne d'écriture n°8 - « Lettre d'amour»


La consigne

Une lettre d'amour.

 

lettre

 

Mon texte

 

Ma Laura,

 

Ta bouche s'est-elle pincée à cause de ce possessif ?

Je suppose que ce que la simple amitié me permettait hier, mon amour me l'interdit aujourd'hui. Des mois à te prendre la main, à rire, à partager nos goûts et nos secrets... Il aura suffit d'un instant de franchise pour que ta paume se dérobe, que nos conversations s'enlisent et que ton regard se détourne. Comme si mes sentiments te salissaient.

Tu ne t'en doutais donc pas ? Dis-moi, Laura, où se niche ton rejet. Est-ce parce que j'aime les femmes ou parce que c'est toi que j'aime, parmi toutes les autres ?

Tu m'accuses de t'avoir dupée. Tu déclares ne plus rien vouloir de moi, que tout a changé. Mais je reste ta petite Beth. Ouvre les yeux, ma chérie, ce désir qui te dégoûte, je l'ai éprouvé tout de suite. Rien n'a changé, si ce n'est que tu le sais.

Ces caresses que nous avons partagées, que tu renies, tu les pensais vraiment pures ? Comme lavée par l'amitié ?

Tes soupirs, tes rougeurs, ton plaisir, je ne les ai pas rêvés. Notre relation n'est pas moins belle parce que je lui ai donné son véritable nom. Contrairement à ce que tu sembles croire, je ne veux rien de toi sans ton consentement. Tu peux te mentir en décidant que tu n'as pas envie de moi. Pourtant j'accepterais mieux que tu me repousses si tu regardais ton désir en face. Si tu me disais : «Je te désire ? La belle affaire ! Je ne veux pas de toi. »

Cette lettre existe à cause de ton aveuglement. Lis-la, mens-moi encore mais prends un instant pour affronter ce que tu ressens.

Nous en avons parlé bien souvent : tes fiançailles te rendent malheureuse, ton avenir te terrifie. Combien de fois ai-je consolé tes larmes ? Tu as peur de rompre cet engagement, soit. Tu veux fuir mon désir et le tien, soit.

Ferme les yeux bien fort et épouse-le. Qui suis-je pour t'en empêcher ? Je m'effacerai, je ne viendrai même pas à tes noces. Tu n'auras rien à craindre de moi. Mais te vois-tu dans quinze ans ? Dans vingt ans ?

Je te vois, moi. Tu es là, Laura, devant moi. Presque réelle. Toujours belle.

L'épouse si convenable du bon docteur. La silhouette plus douce et quelques mèches blanches dans ton chignon. Mère de deux grands enfants. Trois peut-être. Tout le monde qui t'approuve, t'envie et te salue à la messe. L'image te plaît ? Aie le courage de t'approcher ! Vois le pli amer de ta bouche. Vois la résignation qui a remplacé le feu de tes yeux. Viens derrière le décor de ton existence... Tes journées à tenir la maison, les heures à prendre le thé avec ces bourgeoises qui t'ennuient, les soirées à attendre ton mari retenu auprès d'un malade.

As-tu encore des fous rires ? Joues-tu toujours au piano avec passion ? Es-tu cette Laura sensible et flamboyante dont je suis éperdument amoureuse ? Perdue dans la routine, tu continues à sourire. Et longtemps tes enfants t'auront offert le bonheur au service minimum. Mais voilà, ils ont grandi. Ils font des études, ils font leur vie. Et la ronde des convenances sociales continuent sans fin.

Ton mari est resté égal à lui-même, il t'aime avec constance et pragmatisme. D’ailleurs, il exerce ses droits conjugaux avec une régularité honorable. Tu le vois ? Le samedi soir, ça ne manque jamais, il ne t'épargne pas le poids de son corps sur le tien, ses caresses un peu lasses, son souffle sur ta peau qui reste froide. Une fois son affaire terminée, il s'endort, content de lui et de toi. Tu entends ses ronflements ? Allongée dans le noir, est-ce que tu penseras à moi ? À notre ardeur ? À nos plaisirs ? À mon amour ?

Trouve la force de renoncer à nous, la force de me rejeter une dernière fois. Je ne protesterai pas. Plus de lettre. Plus de visite. Plus rien. Mais regarde-toi dans vingt ans Laura. Là, dans le lit glacial des convenances, ton cœur vide, son odeur encore sur toi, c'est en pleurant que tu t'endors.

 

Alors viens avec moi Laura. Console dès à présent celle que tu risques de devenir. Séchons ensemble les larmes de cet avenir.

 

Ton Elizabeth.

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15 juillet 2017

Consigne d'écriture n°9 - épiphore

La consigne

Écrire un texte -sujet et forme libre- utilisant l'épiphore - figure de style consistant en la répétition, à la fin de deux ou de plusieurs groupes de phrases ou de vers qui se succèdent, d'un même mot ou d'un même groupe de mots -.

 

Mon texte

 

Les épreuves en intérim

La vie palpite toujours

La joie succède aux abîmes

Et la nuit succède au jour

Dans les victoires ou les deuils

La leçon n'est pas facile

La fatigue au coin de l’œil

La sagesse au bord des cils

 

Sans artifice

De son aiguille

Le temps nous tisse

À bout de fil

Vois ce qui brille

Comme une envie

Jamais facile

Reste la vie

La vie fragile

Comme une envie

Reste la vie

Au bord des cils

 

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17 août 2017

Et si on arrêtait de se maltraiter ?

 

Le terme bienveillance -grand frère de gratitude- semble sur toutes les lèvres et au bout de tous les stylos. Les magazines bien-être comme les ouvrages de développement personnel nous somment de montrer de la bienveillance envers autrui. Je ne parle pas de gentillesse et encore moins de faiblesse, seulement d'humanité.

Si nous tentons souvent de ne pas nous laisser dominer par nos émotions dans nos rapports avec l'extérieur, nous avons trop souvent tendance à perdre toute mesure quand il s'agit de ce que nous pensons de nous-même. Avant même de tenter de pratiquer la communication non violente pour assainir nos rapports au monde, il s'agit de prendre soin de soi.

I. Nos émotions incarnées : la petite voix intérieure

Possédez-vous une petite voix intérieure ? Vous savez cette entité qui tient aussi bien le rôle de conscience que de donneuse de leçon... Cette petite voix est fortement liée à nos émotions et, selon notre humeur, elle pourra nous encourager comme nous démolir.

Au premier abord, on a l'impression de n'avoir aucune prise sur cette voix. La mienne célèbre parfois mes réussites « Bravo ! » ou me martèle mes limites « Tu es nulle », « Tu n'y arrivera jamais ». Imaginez un enfant de six ans... Il apprend à lire. Or partout où il va, il est accompagné d'un adulte qui ne cesse de clamer : « Tu ne sauras jamais lire ! » « Tu es bête ! » « C'est trop difficile pour toi ! ». Croyez-vous que l'écolier réussira ? Il serait d'un caractère exceptionnel s'il parvenait à faire abstraction de ce personnage malveillant.

Pourquoi serions-nous différent de cet enfant ? Si on laisse notre voix intérieure saper toute notre confiance, nous rabaisser ou nous rappeler nos échecs, comment pourrions-nous avancer dans la vie ?

Avant même de se demander comment rendre cette petite voix bienveillante à notre égard, il s'agit déjà de prendre le temps de l'écouter.

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Un petit exercice pour vous... La prochaine fois que vous vous sentirez mal à l'aise -à cause d'un échec ou d'une situation délicate- prenez le temps de noter ce que vous vous dites. Quels termes emploie cette petite voix ? Si elle utilise des mots qui vous blessent ou vous confortent dans un fonctionnement malsain, vous aurez peut-être envie de cesser cette maltraitance mentale. Pour cela, il faudra déjà comprendre d'où vient cette voix intérieure...

II. Comprendre notre voix intérieure

 

Exercer une influence sur cette petite voix reste compliqué, particulièrement lorsqu'une ou des émotions fortes nous submergent. Il n'y a pas d'antidote miracle mais un long processus puis une pratique imparfaite et résolue de « tendre à la bienveillance ».

Avant toute chose, il s'agit d'écouter cette petite voix. Pas de l'entendre et de se laisser porter par elle, au mépris de notre bien-être, mais d'être attentif à ce qu'elle nous raconte vraiment. D'où vient-elle ? Seulement d'une émotion passagère ? C'est possible. Par exemple quand je perds patience avec mes enfants et me met à crier, je me retrouve à ressentir de la colère contre moi. La petite voix qui s'élève alors me serine que je suis une mauvaise mère, que je suis nulle, incapable de gérer mon rôle. Cette petite voix, qu'exprime-t-elle derrière cette colère ? Un besoin de perfectionnisme impossible à tenir, le besoin d'être une maman bienveillante. Depuis que j'ai compris cela, je ne rumine plus pendant des heures sur ma nullité. Je pose une action juste : si besoin je vais parler avec l'enfant sur lequel j'ai crié. Je lui explique que j'aurais voulu garder mon sang-froid, pourquoi je n'y suis pas parvenue,... Avant, ce genre de crises finissait par une grosse déprime. Désormais, une fois la discussion faite, je me sens encore plus motivée à tendre vers l'éducation que je veux offrir à mes enfants.

Hélas, cette prise de conscience ne suffit pas toujours à gérer cette voix ou -encore mieux- à la remplacer par de la bienveillance. Dans ce cas, la voix en question provient de quelque chose de plus profond, de plus ancien. Une amie souffrant de troubles du comportement alimentaire avait, après chaque crise, un long passage de culpabilité. La petite voix qu'elle entendait lui disait des choses terribles. Après avoir travaillé là-dessus, elle s'est rendu compte que cette voix reprenait à son compte des propos qu'elle avait entendu pendant l'enfance sur son manque de contrôle et sa silhouette pulpeuse.

Savoir d'où viennent les propos malveillants qui s'élèvent en nous est la première étape pour ne plus nous maltraiter. En effet, le processus sera différent selon leur provenance.

III. Changer de voix

 

Travailler sur ces voix n'est pas facile, on a besoin de patience et de courage.

 

Lorsque ces propos naissent d'une émotion, on doit créer un espace suffisant entre soi et l'émotion. Une zone sereine dans laquelle placer une action bienveillante pour soi comme pour les autres. Il existe de nombreuses manières d'apprendre à gérer ses émotions : l'écriture, la méditation, le sport, le yoga, une thérapie,... sont autant d'outils qui peuvent nous aider. Là encore, les maîtres mots sont bienveillance sans complaisance, c'est à dire s'entraîner à regarder nos émotions. Se dire : « Tiens, je ressens de la colère. J'avais besoin de me sentir une mère bienveillante et ma fatigue a pris le dessus. Je vais prendre le temps de laisser passer cette colère puis aller en parler avec ma fille. Lui expliquer les choses pour fermer la crise sur une conversation pertinente. »

Sur le papier, les choses sont simples. Pourtant « simple » ne signifie pas « facile », n'est-ce pas ?

Les voix du passé demandent un travail en amont. Il faut prendre le temps de consoler l'enfant qui a été blessé et façonné par ses voix. Si le passé n'est pas « réglé », il convient de travailler dessus. Ici, les choses sont parfois compliquées à gérer seul, il ne faut pas hésiter à demander de l'aide, que ce soit dans son entourage ou celle d'un professionnel.

 

 

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De manière tout à fait personnelle, j'écris régulièrement ce que me disent ces petites voix. Cette pratique possède un double avantage : elle installe une distance entre mes émotions et moi-même et permet de comprendre d'où viennent tels ou tels termes.

Depuis quelques mois, mes petites voix tendent vers la bienveillance. C'est loin d'être parfait mais, à force, je gère de mieux en mieux mes émotions et parviens à choisir de poser une action qui me convient plutôt que de tomber dans la rumination ou les comportements néfastes. Parfois, quand j'ai l'impression de stagner, je regarde en arrière et je me dis que peu importe l'imperfection, ce qui compte c'est le chemin parcouru et le fait de continuer à avancer.


 

Et vous, ami lecteur, quelles voix vous accompagnent ?



9 décembre 2017

Consigne d'écriture n°16 - «Une fable»

 

La consigne

Écrivez une fable. Pour la forme, libre à vous... Mais surtout amusez-vous !

 

 

Mon texte

 

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La punk et le joueur de sitar

Une punk en soucis de voisinage

À force de jouer à fond de sa guitare

Vit la police, si elle n'était point sage

Lui promettre quelques mois au mitard.

Hélas, la rebelle, sourde à ces menaces

S'en alla défier tout le quartier

Et s'écria au centre de la place :

« Fuck the police, vous faites vraiment chier ! »

Un galant, surprenant cette complainte

Et trouvant la punk de fort belle mine

Voulut savoir à quoi rimait ses plaintes

Et voici ce que lui dit la coquine :

« Toutes les commères s'en vont en cabale

Car, mon mignon, âme esseulée s'ennuie

En mal d'amour pour que mon cœur s'emballe

Je joue du punk à toute heure de la nuit. »

Le damoiseau émut par tant de grâce

Lui fit alors cette proposition :

« Si ma sérénade vous laisse de glace

Je prendrais publiquement position

Sur l'honneur, je punirais ces commères

D'avoir alerté ces maudits gendarmes

Mais si mes chants vous rendent moins amère

Vous me céderez et rendrez les armes.

Dès lors, abandonnant votre colère

Vous ne jouerez que de mon instrument

Et serez comblée par les quelques airs

Que je vous offrirais en tant qu'amant. »

La punk, attendrie, en fit la promesse

Et le soupirant sortit son sitar

Il en joua si bien, avec tant d'adresse

Qu'elle voulu aussi en jouer sans retard.

L'amour ayant conquis ce cœur volage

Ses guitares se turent désormais

Confirmant ainsi ce puissant adage

Il vaut bien mieux sitar que jamais.

 

 

11 janvier 2018

Fonctions des passages descriptifs

 

Dans tous les ateliers de l'Écrhistoires abordant la fiction, nous insistons sur une chose : toute bonne scène possède une fonction. Si vous ne voyez pas à quoi sert tel ou tel passage, il faut au mieux le retravailler, au pire le supprimer. Il en est de même pour la description. Sans fonction précise, autant éparpiller les éléments qui la constituent au fil de votre récit...

 

Faire avancer le récit

 

En premier lieu, la description peut faire avancer le schmilblick... Par exemple pour préparer une scène à venir. Ainsi dans un roman policier, décrire une pièce avec un indice qui traîne ici ou là, offre l'opportunité d'amener le récit vers la résolution du crime. Et quel plaisir, lors de la relecture d'un roman à énigme -ou whodunit en anglais- de découvrir ces éléments au fil de l'ouvrage !

 

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Caractériser un personnage

 

Ensuite la description peut compléter la caractérisation d'un personnage. Imaginons un exemple... Une femme psycho-rigide que nous appellerons Liliane. Elle souffre peut-être même de TOC1. Ainsi Liliane pourrait tenir sa maison de manière obsessionnelle et une description de sa cuisine exagérément immaculée montrera cet aspect de sa personnalité.

Décrire l'environnement d'un personnage pour le caractériser est un outil intéressant. Elizabeth George, auteure de romans policiers, insiste sur ce point dans Mes secrets d'écrivain  : « Décrivez l'environnement d'un personnage et vous montrez qui il est ».

 

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Une question de rythme

 

Nous venons de passer en revue les deux fonctions que peut posséder une scène. Il reste une utilité que la description offre et qui lui est particulière : freiner le récit. Un procédé qui s'avère parfois salutaire.

Un passage descriptif provoque une rupture dans la narration, une pause, durant laquelle le lecteur ralentit. Dans les récits dont l'intrigue est complexe ou le rythme très soutenu, une respiration peut être bienvenue. Mal utilisée la description peut exagérément étirer l'action et lasser le lecteur. Il faut donc savoir doser et seule la pratique le permet aisément. Bref on revient toujours aux fondamentaux...



Et vous, vous utilisez les descriptions dans quel but ?

1Troubles obsessionnels compulsifs

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9 novembre 2017

L'Âme du monde – Frédéric Lenoir

 

Genre : Conte philosophique

Pays : France

Date de publication : mai 2012

Maison d'édition : Pocket

Prix : 6 euros 60

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Résumé : Pressentant l'imminence d'un cataclysme planétaire, sept sages venus des quatre coins du monde se réunissent à Toulanka, monastère perdu des montagnes tibétaines, pour transmettre à Tenzin et Natina, deux jeunes adolescents, les clés de la sagesse universelle. Au-delà des divergences culturelles et historiques de leurs traditions respectives, ils s'appuient sur leur expérience personnelle et se savent inspirés par ce que les philosophes de l'Antiquité appellent l'Âme du monde : la force bienveillante qui maintient l'harmonie de l'univers.

Depuis la sortie de L'Âme du monde, en 2012, j'avais tout fait pour éviter de le lire. Pourquoi ? À cause d'un double traumatisme littéraire. Le premier date de mes années lycée... Il est dû à Zadig ou la Destinée. Alors que j'avais lu et apprécié nombre d'ouvrages considérés par mes pairs comme ennuyeux, j'avoue ne pas avoir survécu à ce vaurien de Voltaire. Puis, la même année que la parution de l'Âme du monde, j'ai eu l'audace de me plonger dans L'homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle... Expérience désastreuse. Après tout cela, j'avoue que la seule idée de lire ce qu'on me présentait comme un conte spirituel me donnait de l'urticaire.

Sauf que je ne m'étais pas assez renseignée sur l'auteur. Alors que le curriculum vitæ de monsieur Gounelle me laisse un peu dubitative celui de Frédéric Lenoir me semble plutôt rassurant. Philosophe et sociologue, il est chercheur associé à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.

C'est pour cela, qu'après avoir tant fui cet ouvrage, j'ai décidé de m'y plonger toute entière.

Mon Avis

 

Ce conte spirituel a été pour moi un joli moment de lecture... Hélas ce genre comporte, et là c'est une question de préférences personnelles, un défaut important : sa brièveté ! En effet j'aurais voulu, en lieu et place d'un court récit de seulement 160 pages, un gros roman riche et foisonnant ! Ou au moins un peu plus de détails... Or un conte a pour principe premier de tendre vers une narration universelle. Une histoire qui parlerait à tous et toutes, au-delà de toute nationalité, de toute religion, de toute culture.

Notons que malgré certains articles et certaines critiques, L'Âme du monde n'est certes pas un Conte philosophique. En effet ce dernier critique la société et le pouvoir en place, ce qui n'est pas tellement le cas du récit de Lenoir -ou de manière totalement superficielle-. De plus rappelons que le Conte philosophique a émergé comme une réponse à la censure que subissaient les philosophes des Lumières.

Bref, j'ai beaucoup aimé L'Âme du monde même si certaines réactions du personnage de l'adolescente -Natina- m'ont semblé un peu ridicules -une telle innocence chez une jeune fille de 14 ans, élevée à l'occidentale, me paraît incohérente-. Mais quelques petites imperfections ne portent guère préjudice à l'ouvrage et je suis sortie de ma lecture bien heureuse d'avoir succombé !

Je vous laisse avec une citation qui m'a particulièrement touchée :

« Malheureux l'homme qui ne sait pas qu'il possède deux grands trésors à l'intérieur de lui-même : la clarté de l'esprit, qui peut le rendre libre, et la bonté du cœur, qui peut le rendre heureux. »

Et vous amis lecteurs, vous aimez les contes philosophiques ?

 

14 septembre 2017

Dialogues et réalisme

 

En juillet, j'avais abordé le dialogue sous l'angle de la typographie et vous avais assommés avec l'histoire du cadratin... Sincèrement, « habiller » ses dialogues me semble le point le plus simple. Avant tout, il faut savoir ce que l'on veut de la voix de nos personnages...

Nous commencerons par comprendre pourquoi le « réalisme » reste une question de choix. Quel contrat tacite l'auteur passera-t-il avec son lecteur ?

Toutefois lorsque l'on désire écrire des dialogues « réalistes », il me semble que nous devions d'abord appréhender les limites de ce réalisme.

Enfin, écrire un dialogue s'apparente à un art qui ne peut se limiter aux questions techniques.

I. Le réalisme des dialogues : choix littéraire ?

 

La première question que je poserai est la suivante : un dialogue doit-il être crédible ? Doit-il imiter la vie ? Doit-il sonner vrai ?

Dans un roman policier, fantastique ou réaliste, je pense sincèrement que oui mais ce n'est pas toujours le cas. Prenons un maître : Shakespeare. Othello et Hamlet sont des chefs d’œuvre et pourtant la poésie de leurs répliques ne laisse pas de place au réalisme. Est-ce grave ? Pas du tout. C'est bien à l'auteur de décider si ses dialogues seront réalistes ou non.

Si Shakespeare met tout au service de la poésie, de l'émotion, de la langue, d'autres grands écrivains ont tenté de donner une voix crédible à leurs personnages. C'est le cas de Tolstoï. D'ailleurs l'auteur russe ne comprenait pas Shakespeare et n'hésitait pas à s'en moquer :

Le monologue d’Othello auprès de Desdémone endormie, qu’il désire aussi belle morte que vivante, qu’il aimera aussi bien morte que vivante, dont il ne veut, maintenant, que respirer les parfums, etc., etc., ce monologue est absolument impossible. L’homme qui se prépare au meurtre d’une créature aimée ne peut prononcer des phrases pareilles, et il peut encore moins, après le meurtre, dire que maintenant le soleil et la lune doivent s’obscurcir et la terre éclater.”
Il était bien gentil Léon, mais est-ce bien mature de débiner ses petits camarades qui n'ont pas fait les même choix ? Prenons le célèbre roman d'Oscar Wilde Le Portrait de Dorian Gray, les dialogues fourmillent de bons mots, d'aphorismes,... L'esprit prime sur le réalisme et c'est, entre autres, ce qui rend la plume de l'écrivain irlandais aussi savoureuse.

 

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II. Un dialogue réaliste, à quel point ?

Le premier principe d'un dialogue réaliste est très simple : un dialogue crédible n'imite pas la vie. Pour preuve ? La prochaine fois que vous allez boire un café, écoutez quelques minutes les conversations de vos voisins de table. Si on les transcrivait tels quels, ces échanges feraient-il de bon dialogues ? Certes non. Les répétitions, les « euh », les passages ennuyeux, les hésitations... Tout ce qui émaille nos échanges dans la réalité n'auraient pas forcément sa place dans un roman. Un dialogue se doit d'imiter la vie...en mieux. Crédibilité ne signifie pas réalisme primaire.

Pour mieux expliquer ce principe, nous pourrions prendre le théâtre comme exemple. Un comédien, pour jouer juste, doit nous donner à nous, spectateurs, l'impression qu'il ressent vraiment ce qu'éprouve son personnage. Pourtant un acteur doit aussi faire porter sa voix et « élargir » l'amplitude de ses mouvements afin que tous -même au fond de la salle- puissent profiter de son jeu. Pour les dialogues, il en est de même, Ils ne devront pas imiter ou singer la vie mais en donner une illusion adaptée.

 

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Phèdre de Racine, mise en scène d’Ophélia Teillaud et  Marc Zammit - Théâtre Mouffetard, février 2012

 

III. L'écriture du dialogue : un art

 

Si le métier de dialoguiste semble tombé en désuétude, nous continuons à porter aux nues le travail d'auteurs tels que Michel Audiard ou Henri Jeanson. Car oui, le dialogue est un art à part entière.

L'importance du dialogue dans un scénario coule de source et il devrait en être de même pour le roman ou la nouvelle. Si vous aimez lire, vous devez avoir connu cette déception : vous êtes plongé dans une histoire, une bonne histoire, avec des personnages sympathiques et une intrigue prenante et là, patatras, les dialogues cassent tout. Les voix des personnages semblent tomber à côté, comme une mauvaise note en plein concerto.

 

Citation

 

Visuel citation : De bons dialogues donnent de bons personnages. De mauvais dialogues donnent de mauvais personnages. Joe Abercrombie, écrivain.

Hélas, la technique a ses limites et le dialogue est un art délicat : faire sonner juste une réplique est une question de musicalité. Ce n'est qu'avec beaucoup de lecture et de pratique que l'on parvient à saisir ce qui différencie un dialogue juste des autres.

Il est donc question d'oreille et si vous devez retenir un conseil, c'est celui-ci : travailler vos dialogues à haute voix. Quand vous les écrivez et quand vous les corrigez. C'est le meilleur moyen de voir s'ils sont naturels. De même, pensez à exercer votre oreille en écoutant les autres. Lorsque vous croisez quelqu'un avec un accent ou un phrasé particulier, restez attentif à la manière dont il s'exprime. Prenez quelques notes au besoin.
Bien sûr il existe de nombreux outils et techniques pour vous aider à parfaire vos dialogues. De plus, quelques prérequis semblent indispensables comme de comprendre quelles fonctions peut occuper une réplique ou l'importance d'avoir des personnages bien caractérisés. Promis, je prendrai le temps, dans les mois à venir, de revenir sur ces questions.
En attendant, ouvrez grandes vos oreilles : écouter les autres est la manière la plus simple d'améliorer notre capacité à donner une voix juste à un personnage...

 

Et vous, ami lecteur, dialogues réalistes ou envolées lyriques ?

16 mars 2017

Écrire pour faire place

 

Après deux articles dans la catégorie « Se réécrire », l'un proposant la tenue d'un journal d'estime de soi et l'autre d’exprimer sa gratitude, j'ai envie de me détacher du développement personnel.

Avant d'utiliser l'écriture comme outil au service d'une philosophie ou de grands principes, elle m'a d'abord aidée dans mon quotidien. Simplement à faire de la place. Comment ? Pourquoi ? Laissez-moi tout vous expliquer.

 

Effacer le tableau...

 

Vous souvenez-vous de ce grand tableau à l'école primaire ? Noir ou blanc, l'odeur des craies ou des feutres... Dans la plupart des classes existe un roulement de l'élève de service. Vous savez, l'enfant si fier d'assister le maître : en distribuant les feuilles, en écrivant la date et, le soir, en nettoyant ce grand tableau. Ah... Effacer la journée de travail. Faire place nette pour le lendemain. Il ne viendrait à l'idée d'aucun professeur, le matin suivant, d'écrire par-dessus les énoncés et exercices de la veille.

Et pourtant c'est ce que la plupart d'entre nous tentons de faire. On se couche rempli des joies, chagrins, victoires et rancœurs du jour. On dort en compagnie de ce capharnaüm et le lendemain on se lèvre comme si de rien n'était. Prêt à gribouiller par dessus les événements de la veille.

Au quotidien, nous aurions pourtant besoin de faire place nette, d'effacer le tableau de notre journée. Pour cela une minute suffit, quelques phrases déposées sur une feuille volante, dans un cahier ou sur smartphone... Ne vous perdez pas dans les détails ni dans les interprétations ou les analyses, plutôt quelque chose du genre :

« Longue journée. Rencontré H, très sympa. Réunion avec Mr D : gros conflit, pas encore de solution. »



Sortir les poubelles de nos émotions

 

Dans la première partie, nous avons parlé du quotidien, des micros-événements. Écrire est encore plus efficace face à des émotions intenses. Notre cœur et notre esprit sont de vraies poubelles : on y accumule des tas de choses, on les laisse pourrir dans un coin. Puis quelques jours/semaines/mois plus tard on s'étonne que la moisissure envahisse tout le reste. Certains d'entre nous ne laissent pas les déchets dépérir : ils vident leur poubelle sur les personnes qu'ils aiment le plus.

Parce que ce sont nos proches qu'on a sous la main, c'est sur eux qu'on se retrouve à déverser nos poubelles. C'est comme ça que, surmené au travail, on peut se retrouver à crier sur nos enfants ou notre conjoint...

 

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Il existe nombre de manières de vider nos poubelles : en se confiant à un ou une ami(e), en consultant un thérapeute, en pratiquant une activité exutoire... Mais quoi de plus accessible qu'un stylo ? Parce qu'il ne nous est pas toujours possible de téléphoner à notre confident ou d'attendre cette séance de yoga qui nous fait tant de bien... Dans ce cas, écrire sa colère, ses angoisses peut faire le boulot. Quitte à mettre ça dans une vraie poubelle à la fin.

Bref ne laissez pas les déchets s'empiler dans votre esprit. Non seulement il y a toujours un moment où ça déborde mais cela occupe de la place. Un espace dans lequel vous pourriez collectionner tant de jolies choses...

 

Mémoire vide, mémoire vive ?

 

Selon Daniel Levitin, un spécialiste des neurosciences, professeur de psychologie cognitive, existe le principe d'externalisation. C'est le fait de ne pas remplir sa tête de choses qui n'ont rien à y faire. Il préconise pour cela d'écrire le plus possible dans son agenda, de s'en servir comme d'une extension de sa mémoire. Allégez la charge d'informations que vous avez à traiter ! Ne vous contentez pas de noter vos rendez-vous mais aussi tout ce dont vous vous efforcez de vous souvenir -horaires de magasin, tâches à effectuer, identifiants internet,...-. Non seulement tout cela prend de la place mais épuise votre énergie.

La thèse de monsieur Levitin reste une merveilleuse découverte pour la maniaque d'organisation que je suis. Désormais quand un de mes proches se moque gentiment de ma manie de faire des listes pour tout, j'ai une bonne excuse...

 

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Daniel Levitin

 

25 mai 2017

Point ch'orthographe : les adjectifs de couleur



Ce mois-ci dans ma boîte à outils : les adjectifs qualificatifs de couleur

 

Mettre des couleurs dans nos mots... Argh que l'argument est joli, poétique, prometteur ! D'un point de vu purement fonctionnel les adjectifs de couleurs semblent indispensables à un texte de fiction. Sauf que -attention point confession- j'ai beaucoup de difficultés avec cette histoire d'accord. À force, lors de mes corrections, de me référer à mon bien-aimé Bled, je maîtrise plutôt le sujet. Toute fière, je me suis dit « Et si je n'étais pas la seule à avoir besoin de révisions ? ».

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La règle c'est la vie !



Oui, oui, le vin rouge aussi c'est la vie - et le chocolat - mais pour l'Écrhistoires, il me semble que les règles d'orthographe nous serons plus utiles, au moins dans un premier temps.

Bon la règle de base est simple : en général les adjectifs qualificatifs de couleur s'accordent avec le nom qu'ils qualifient lorsqu’il n'y en a qu'un. Le pull blanc / les flocons blancs / la neige blanche.

Mais quand l'adjectif est accompagné d'un autre adjectif ou d'un nom, il ne se s'accorde pas :

des yeux bleu pâle, des uniformes vert bouteille, des pierres bleu-vert.

Cette règle -hélas- ne vaut que pour les « vraies » noms de couleur. Quand ceux-ci sont des noms ou des groupes nominaux utilisés comme des images, ils sont TOUJOURS invariables, même seuls :

une tapisserie vermillon, des gants ivoire. Ouais, c'est chiant nul.

Bien sûr, il y a une liste d'exceptions -sinon on pourrait pas embêter nos enfants avec les listes de mots à apprendre par cœur-. Donc les adjectifs suivants sont considérés comme des vraies adjectifs de couleur : mauve, écarlate, incarnat, fauve, rose, pourpre.

 

Quand la grammaire -s'emmêle- s'en mêle...



Les règles d'orthographe nous permettent de savoir comment écrire sans faute. Quant à la grammaire, donne une fonction aux mots, donc un sens.

Et là accorder ou nom un adjectif changera ce qu'on veut montrer au lecteur -s'il connaît la règle, hein... sinon il s'en fout comme de son premier tube de dentifrice.

Prenons des chaussures -parce que les chaussures aussi c'est la vie- :

- si j'écris « des chaussures noir et blanc », sans accord, les chaussures en question seront bicolores.

- Si j'écris « des chaussures noires et blanches », avec accord, cela signifie qu'il y a devant nous des chaussures blanches ET des chaussures noires.

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Prendre des libertés avec les règles : on se le permet ?



Rappelons que la langue française cette avenante catin est vivante, par conséquent, elle évolue, se transforme, s'adapte. Ce qui, je l'avoue, me change parfois en punk de l'orthographe -on ne ricane pas, merci-. Ainsi, traditionnellement -vu que c'est un nom utilisé comme une image- on n'accorde pas châtain : des cheveux châtain. De nos jours on tolère l'accord de châtain en genre, ce qui donnerait : une chevelure châtaine. Sauf que je ne peux pas laisser châtaine dans un texte. IMPOSSIBLE -sinon mes globes oculaires risques fort de prendre la fuite pour rouler sur la surface lisse de mon bureau, ce qui (admettons-le) serait un peu dégueulasse -.



Et vous, amis lecteurs, un point de la langue française à réviser ?

3 juin 2017

Consigne d'écriture n°6 - « Logo-rallye »

La consigne

Un logo-rallye est un exercice qui consiste à inclure dans un texte un certain nombre de mots imposés au départ. Écrire un texte comportant les sept mots et expressions suivants : faction, royalties, fort, fonctionnalité, os du talon, mal de tête, costumé. 

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Mon texte

La petite nouvelle que j'ai écrite dépassant largement les mille mots, j'ai choisi de vous la proposer en téléchargement et au format PDF. Si vous avez des soucis techniques -ou des remarques- n'hésitez pas à m'en faire part dans les commentaires ou par mail.

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17 juin 2017

Consigne d'écriture n°7 - « Personnalité obsessionnelle-compulsive»


La consigne

 

Écrire un texte mettant en scène un personnage souffrant du trouble de personnalité obsessionnelle-compulsive (préoccupation pour l'ordre, le perfectionnisme et le contrôle mental et interpersonnel.)

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Mon texte

 

La lumière de l'aube peinait à traverser les lourds rideaux lorsque la sonnerie retentit dans la maison. L'homme grogna contre ce réveil intempestif puis, conscient qu'un appel aussi matinal n'augurait rien de bon, il se dressa dans son lit, combiné à l'oreille. Ses yeux embrumés de sommeil retrouvèrent tout à coup leur lucidité. La conversation fut brève, quelques échanges brutaux sans sensiblerie.

Albert Bardaux resta immobile plusieurs minutes, la main crispée sur le téléphone, dardant un regard vide sur la tapisserie taupe : Claudine était morte la veille. Peu après 15 heures. Elle n'avait pas souffert, de cela il n'en doutait pas. Mardi, jour de sa dernière visite, la pauvre était assommée de morphine. Heureusement que celle-ci avait agi jusqu'à la fin... On les avait prévenus que ce n'était pas toujours le cas avec cette sorte de cancer. Passant des doigts tremblants dans ses cheveux d'une épaisseur encore convenable, il se leva pour enfiler sa pantoufle droite. Puis la gauche. Jacques, le mari de sa sœur, l'avait prévenu qu'ils n'auraient que la journée pour lui rendre un dernier hommage. L'enterrement aurait lieu le lendemain.

Après une agonie de plusieurs semaines, le veuf voulait en finir.

En robe de chambre bordeaux, Albert mit le café en route et sortit sa tasse avant de l'essuyer avec un chiffon propre pour ôter la poussière de la nuit. Il jeta un coup d’œil sur la pendule murale : 7h27. Il ne se levait jamais avant sept trente tapantes aussi attendit-il trois minutes avant de se rendre aux toilettes. Debout devant la cuvette, il retint un grommellement d'agacement : depuis plusieurs mois, il avait de plus en plus de mal à uriner. Il lui faudrait consulter. Alors qu'il se focalisait sur la santé de sa prostate, la nouvelle le frappa de nouveau. Pendant quelques secondes il avait oublié la mort de sa petite sœur. Ils se voyaient peu avant sa maladie. Il faut dire que tout les opposaient : leurs caractères, leurs goûts, leurs modes de vie. Pourtant apprendre son état avait été un coup dur. Claudie n'avait pas cinquante ans.

Ne dérogeant pas à son emploi du temps, il but son café en écoutant les nouvelles puis lava, rinça et essuya soigneusement la tasse et la cuillère avant de les remettre à leur place. Toujours en robe de chambre, il fit couler l'eau froide puis ajouta progressivement l'eau chaude. Quand la température de la douche lui convint – 24 °C sur le thermomètre bleu en forme de poisson qu'il utilisait depuis une décennie – il se dénuda pour se placer sous l'eau. Il se savonna soigneusement, se rinça avec autant d'attention avant de recommencer. Les pieds sur le tapis un peu rêche, il se sécha vigoureusement avant d'enfiler la tenue préparée la veille. Lavage de dents, brossage de cheveux... Il enchaînait ses ablutions matinales en songeant à sa sœur.

Après plusieurs traitements, le constat avait été cruel : le cancer avait encore progressé. Il ne restait que les soins palliatifs. Albert se souvint du chagrin de Jacques. De son courage aussi. Il n'avait jamais beaucoup aimé son beau-frère, un dilettante professionnel qui n'avait jamais fait preuve de la stabilité d'un chef de famille. Claudine disait souvent que grandir entourée d'un père et d'un frère rigides l'avaient poussée à épouser un artiste. Albert réprima un sourire : sa sœur ne s'était jamais plaint de son choix même si lui-même de le comprenait pas. Huit heures : consultation de son agenda. Jeudi 7, finir la traduction pour Morton. Plusieurs heures de travail l'attendaient. Avec un soupir, il se promit de se presser : Claudine l'attendait et il en avait pour deux heures de route. Vite... Vite... Il s'installa à son modeste bureau d'angle et sorti le dossier. En dépit de ses connaissances, honorables, en informatique, il commençait par une première version à la main.

Il nettoya son bureau : on ne peut pas être efficace dans la saleté. Ensuite, il tailla méticuleusement ses crayons, Albert ne supportait pas les mines émoussées. Enfin, il disposa à droite de son brouillon ses ouvrages de référence franco-russe. Il pouvait se mettre au travail. Les heures passèrent rapidement et chaque étape de la traduction fut revue plusieurs fois. Jusqu'au brouillon final. Il ne s'interrompit que pour son déjeuner du jeudi : jambon de Bayonne et crudités suivis d'une salade de fruit. Après avoir tapé son travail, il en fit trois lectures, chacune séparée d'une pause de quinze minutes. Lorsqu'il éteignit l'ordinateur, il conclut sa journée de labeur avec le classement de ses papiers, le rangement des livres et crayons puis un nettoyage rapide du bureau. C'est seulement quand tout fut à sa place, qu'il se permit de jeter un œil curieux sur sa montre. Dix-sept heure cinq. S'il partait maintenant, il aurait peut-être le temps de dire adieu à Claudine.

 

 

Au volant de la petite citadine, Albert trépignait. À cette heure de pointe, la route n'en finissait pas... La nationale était bondée et il regretta presque d'avoir respecter ses principes en refusant de prendre l'autoroute. Il ne le faisait jamais pour aller à Rouen. Jamais. Quand il se gara la sueur perlait à son front et collait son dos au siège. Courant presque, il se rendit à l’accueil, où une dame, désolée, lui expliqua que les pompes funèbres avait pris le relais un quart d'heure plus tôt. Dépité, il téléphona à son beau-frère qui, en colère, lui rappela l'avoir prévenu. Albert bredouilla des excuses avant de raccrocher. Sans démarrer sa voiture, dans le parking de l'hôpital, il pensa à sa journée. À son emploi du temps. À ses crayon impeccablement taillés. À sa traduction si parfaite. Et il se mit à pleurer.


 

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10 août 2017

Personnages : dix éléments indispensables

 

Dans l'écriture de fiction -romanesque ou scénaristique- la place des personnages est primordiale. Que serait Orgueil et Préjugé sans la fougueuse Elizabeth Bennet et le charismatique MrDarcy ? Aurions-nous la même fascination pour le roman d'Oscar Wilde sans l'humanité trouble de Dorian Gray ?

Soyons franc : il n'existe pas de recette magique qui permette d'obtenir ce petit quelque chose en plus, cette magie qui transforme un être de papier en une incarnation de chair et de sang. Néanmoins certains aspects me semblent indispensables pour tendre vers cet idéal. Ces quelques éléments ne feront pas de miracle mais vous aideront à construire vos personnages.

Certains auteurs élaborent soigneusement des « fiches de personnage » avant même de commencer à écrire. Ce n'est pas mon cas mais peu importe la méthodologie ; à terme les personnages principaux comportent tous ces dix ingrédients.

I. Une carte d’identité

  1. Un état civil

Commençons par le plus évident : l'état-civil ! Pas besoin de connaître tous les détails mais vous devrez pour le moins savoir le nom et l'âge de votre personnage.

Pour ce qui est de nommer les héros -ou personnages secondaires-, il existe plusieurs écoles. Certains se focaliseront sur la sonorité, d'autres sur la véracité -prénom en adéquation avec l'époque par exemple-, il y en a même qui misent sur un lien entre le nom et le rôle / caractère du personnage. Qu'importe... N'oubliez pas que rien n'est gravé dans le marbre, je suis en train d'écrire une trilogie et mon héroïne vient juste de changer de prénom alors que j'en suis au milieu du deuxième opus !

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  1. Un physique

Ici pas la peine de connaître le moindre grain de beauté de notre personnage mais de garder une trace de son apparence générale : couleur des yeux / cheveux / stature / particularité physique. Il s'agit de ne pas se contredire lorsque l'on travaille sur un projet long.

  1. Une particularité

Personnellement j'aime bien octroyer à chacun de mes personnages une « particularité », quelque chose qu'il sera le seul à posséder dans le récit. Ce ne doit pas forcément être une rareté, seulement un signe extérieur qui marquera l'esprit du lecteur et différenciera facilement ce personnage des autres : des tâches de rousseur, le port de lunettes, un tatouage, une calvitie précoce...



Avec cela vous aurez les données de base du personnage mais rien qui le rendra véritablement attachant ou intéressant. C'est tout juste une enveloppe reconnaissable... Il est temps de lui donner une humanité.



II. Une humanité

  1. Un passé

Inutile de le rappeler, le passé est ce qui nous façonne : que nous nous construisions pour ou contre, grâce ou malgré, il me semble compliqué de comprendre quelqu'un sans savoir d'où il vient. Il en sera de même pour vos personnages. Là encore pas besoin de leur composer une biographie exhaustive, gardez à l'esprit quelques éléments de sa vie AVANT le temps du récit. Il ne sera peut-être pas pertinent de donner toutes ces infos au lecteur, cela permettra surtout la cohérence dans la trajectoire du personnage.

Par exemple savoir que votre héros n'a pas pu faire d'études à cause d'une enfance pauvre aura une influence sur son rapport au savoir, à la culture ou à l'argent.

  1. Des aspérités

Là il s'agit surtout des personnages principaux : un héros trop parfait ou un « méchant » seulement monstrueux n'ont que peu d'intérêt. Tout être humain a des contradictions, des aspérités, des zones d'ombre et de lumière. À vous de jouer avec cela pour donner à vos personnages une complexité suffisamment intéressante pour apporter un plus au récit sans pour autant tomber dans le cliché.

  1. Un mode de fonctionnement

Savoir comment fonctionne un personnage est fondamental. Celui-ci est-il dominé par une vision manichéenne du monde, un respect de l'ordre et des règles ? Alors il réagira aux événements extérieur en gardant ce fonctionnement.

  1. Une voix

La voix combine la manière de penser et de s'exprimer. Cette notion arrive en dernier de cette partie parce qu'elle découle de tout le reste. Le vocabulaire utilisé changera en fonction du milieu dont est issu le personnage ainsi que de sa capacité à apprendre... Le phrasé et le rythme ne sera pas le même selon qu'il est introverti ou très sociale. En prenant tout cela en compte, vous parviendrez plus facilement à donner une coloration unique à cette voix. Dans l'idéal, un dialogue devrait être imputable à un personnage donné parce que « reconnaissable ».

III. Une existence « narrative »

  1. Un rôle dans l'histoire ou la narration

Puisque nous avons désormais un personnage complet, avec un passé, un fonctionnement, une apparence,... il est temps de le placer dans le récit. De la même façon qu'un producteur/réalisateur engagera un acteur pour un rôle précis, il convient de savoir lequel incarnera le personnage en question. Pour les héros ou l'antagoniste, la question paraît d'une simplicité enfantine... Mais pour les autres ? Pourquoi ce personnage existe-t-il ? Pour aider le héros ? Pour apporter un peu de légèreté dans le récit ? Un personnage, même bon, doit servir à quelque chose.

  1. Un objectif

Là on revient au fonctionnement de notre personnage. Qu'importe son rôle dans le récit, il doit avoir un « objectif ». Ce dernier est le ressort qui le fera agir. Prenons un exemple : le collègue du héros existe pour lui faire perdre son emploi, il dénoncera une faute grave de notre personnage principal et le fera licencier. Mais pourquoi faire cela ? Est-ce un homme si ambitieux qu'il est prêt à tout pour évincer un « concurrent » ? Un père de famille nombreuse qui agit à contrecœur, par peur de perdre lui-même son emploi ?

  1. Un arc dramatique travaillé

On appelle arc dramatique la trajectoire émotionnel du personnage, comment les événements narratifs vont le transformer, le révéler... Un héros ou un personnage secondaire ne sera pas le même au début et à la fin de son existence dans le récit. De la même façon que le caractère du personnage aura une influence sur sa manière d'agir aux événements, ces derniers auront à leur tour une influence sur lui. Par exemple une héroïne très jeune confrontée plusieurs fois à la trahison deviendra sans doute plus méfiante.

Connaître l'arc dramatique d'un personnage permet d'être attentif à garder le récit dans une dynamique, à ne pas trop s'égarer en cours de route.

 

Perso

Cet article aborde de nombreuses notions... S'il rappelle les fondamentaux, j'espère avoir l'occasion de revenir plus précisément sur chacun de ses éléments.

Il est inutile de faire une liste de ces « indispensables » à chaque fois que vous écrivez mais cela devient intéressant quand un personnage vous semble faible. Pour vous aider à trouver ce qui « cloche ».

 

Quel exemple de personnage particulièrement réussi vous vient à l'esprit ?

 

16 septembre 2017

Consigne d'écriture n°10 - «Terre»

 

La consigne

Un thème lié aux quatre éléments que nous ferons tous au fil du temps : Terre

 

Mon texte

 

Racines en terre

Compter mes racines

Me donne des forces

Ma terre sanguine

Nourrit mon écorce

 

Mon CV est à terme

Je dois être mobile

Mais ma terre reste ferme

Mes élans malhabiles

Région en bandoulière

Et le cœur indocile

Sur mon âme, des lierres

Ma terre au bord des cils

 

Compter mes racines

Me donne des forces

Ma terre sanguine

Nourrit mon écorce

 

Les pieds rivés au sol

Laissez-moi ma région

Elle reste ma boussole

Mes entrailles de Lyon

Car à fond et à flore

Partir c'est m'enterrer

Pas de ruée vers l'or

Impossible d'errer

Car à terre et à flore

Mon amour enferré

Je compterai encore

Mes racines au carré

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5 octobre 2017

Des rêves sur papier

 

Dans mon article Projeter pour se révéler, au mois d'avril, je vous parlais de deux méthodes pour visualiser l'avenir que l'on veut : un exercice de Christopher Peterson -professeur de psychologie- et le 10 level up goals. Ces propositions conviendront à ceux qui ressentent une forme d'insatisfaction face à leur existence. Mais même lorsque l'on se sent bien dans sa vie, nous avons des rêves, des projets, des désirs. Dans le flot continu du quotidien, il reste néanmoins facile et presque normal de perdre ces derniers de vu...

Pourquoi ne pas s'atteler sérieusement à la réalisation de ses rêves ?

Bien entendu je ne parle pas ici de fantasmes irréalistes tels que gagner au loto, devenir danseur étoile -alors que vous n'avez jamais pris de cours- ou aller à Poudlard. Il s'agit de ces désirs que l'on remet à plus tard, quand on aura le temps, le courage, assez confiance en soi. Or le premier pas avant de s'atteler à la réalisation de ses rêves est de connaître ses derniers.

I. Bucket list : lâcher la bride à ses rêves

 

Une infirmière en soins palliatifs, Bonnie Ware, a demandé à ses patients quelle étaient leur plus grands regrets. De cette démarche, elle a fait un ouvrage Les 5 regrets des personnes en fin de vie. Ce qui ressort de cette expérience, c'est qu'on ne regrette jamais d'avoir essayer de réaliser ses rêves mais toujours de ne pas avoir tenté le coup.

Pour se lancer, il faut déjà définir ce que nous voulons. Et comme vous connaissez ma passion pour les listes, je vous confiais ici que je collectionne les listes comme d'autres épinglent les papillons, il me paraît logique de vous proposer d'en établir une.

Rien de plus simple : une feuille, un crayon et c'est parti ! Vous pouvez faire des catégories comme : lieux à visiter, choses à apprendre (la guitare ou le mandarin par exemple), oser (se couper les cheveux très courts, aller dans un cours de danse, chanter en public...), donner aux autres (comme faire des dons de sang régulier ou s'engager dans une association), sortir de sa zone de confort / tester des nouveautés (faire un saut à l'élastique, goûte des insectes,...). Personnellement je préfère limiter ma Bucket List à moins de dix points afin me concentrer sur eux et ne pas m'éparpiller...

 

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Si vous avez joué le jeu, vous disposez désormais d'une bucket list tout à vous. Mais comment l'utiliser ? Il ne s'agit pas de vouloir tout réaliser dans l'immédiat. Contentez-vous de choisir un item de la liste, un désir à votre portée. Ensuite demandez-vous comment vous pouvez atteindre ce but ? Pourquoi ? Comment ? Quel coût ? Et oui... Réaliser ses rêves demande quelques efforts !

II. Descriptif et contrat avec soi-même

 

Définir un rêve ou projet en une seule ligne me paraît limité. C'est pourquoi après avoir choisi l'item de votre liste à réaliser en premier, il vous faudra passer à l'étape suivante. Comme je vous le conseillais ci-dessus, prenez d'abord le temps de poser les bases et répondez aux questions suivantes...

Pourquoi voulez-vous faire/apprendre ceci ? Bien comprendre ses motivations vous permettra non seulement d'être sûr de ce que vous voulez mais devrait vous aider à garder votre volonté intacte si les choses se compliquent. Ensuite vous pouvez définir les moyens à mettre en œuvre. Pour apprendre une langue, il pourra s'agir d'acquérir une méthode ou de dégoter un cours. Pour un voyage, ce sera de se renseigner sérieusement sur les conditions de votre périple. Enfin, parce que nous avons souvent des moyens financiers limités, vous pouvez essayer de prévoir quel coût auront vos démarches. Par exemple si vous voulez vous rendre au Japon, définissez un budget puis prévoyez l'argent mensuel à mettre de côté.

Bien sûr certain désirs seront plus longs et compliqués que d'autres à réaliser. Pourtant en mettant par écrit votre « plan », vous aurez déjà effectué le premier pas vers cet accomplissement !

Afin d'ajouter un peu plus de solennité à cette approche vous pouvez très bien passer une sorte de contrat avec vous-même... Du type, « je m'engage à... ». Bien que je n'utilise pas cette méthode, je sais que cela aide certain à garder leurs motivations intactes.

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Materiel pour l'item "Apprendre le japonais"

III. Tableau de visualisation et visualisation

 

Si l'écriture introspective vous pose problème et/ou que vos goûts vous portent plus vers le visuel il existe une autre méthode pour « matérialiser » vos désirs : le tableau de visualisation ou vision board. Comme son nom l'indique, il s'agit de mettre votre bucket list en image. J'utilise cet outil depuis quelques mois et je le trouve très intéressant.

Bien entendu vous devez d'abord avoir -au moins en tête- une liste de vos rêves, de préférence des demandes justes et précises. Ensuite -et là c'est la phase que je préfère- prenez le temps de trouver des images pour illustrer vos items. Une fois les illustrations réunies, vous pouvez construire votre vision board.

Plusieurs possibilités s'offrent à vous. La plus classique est d'utiliser un grand tableau en liège sur lequel vous épinglerez vous images. Je n'utilise pas cette option car je n'ai pas envie que mon tableau de visualisation soit à la vue de tous. J'ai donc fait ce dernier à l'aide de deux feuilles perforées que j'ai insérées dans mon journal intime. Ainsi je peux le voir tous les jours.

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Vous pouvez aussi vous tourner vers le numérique en utilisant le site Canva ou des logiciel comme Photoshop ou Gimp.

Peu importe la manière, faire le point sur ce que l'on souhaite et prendre le temps de réfléchir sur les moyens d'y parvenir est passionnant.

Cette démarche fera appelle à votre créativité, vous apportera une meilleure connaissance de vous-même et peut-être l'impulsion qui change les rêves en projets.

 

Et vous, ami lecteur, quel sera votre premier pas en direction de votre rêve ?



28 octobre 2017

Consigne d'écriture n°13 - «Haïku»

 

 

La consigne

 

Écrire un haïku, c'est à dire un court poème comportant trois séquences (5/7/5 syllabes).

 

 

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Mon texte

Cil baigné de larmes
Frémissement de paupière
Voilà : enfin libre !

   Manuel ouvert
Les sourcils un peu froncés
Tiens, un papillon !

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16 novembre 2017

Débuter un Bullet Journal

 

Au moment de la rentrée, j'avais publié un article sur l'organisation. Toute une partie était consacrée au Bullet Journal sans pourtant en donner le mode d'emploi.

Pour beaucoup, Ryder Carroll a réinventé la roue mais nul besoin d'idée révolutionnaire, le principe se révèle bien pensé ! Depuis que le designer américain a partagé le Bullet Journal, il connaît un succès impressionnant. Il suffit d'un tour sur Pinterest pour s'en rendre compte. En quoi consiste le Bullet Journal ? Il s'agit, dans un carnet, de regrouper agenda, to-do list, journal, notes,...

Or comme je l'expliquais en septembre, ce système est devenu un moyen d'expression créative. Et c'est très bien ! Sauf que la profusion de pages joliment illustrées peut effaroucher quiconque veut s'essayer au Bullet.

Si vous avez envie de tenter le coup, je ne saurais trop vous conseiller de faire au plus simple. Puis, au bout de quelques semaines -ou mois-, éventuellement de décorer un peu vos pages. La règle est de ne jamais empiéter sur la raison d'être véritable du BuJo : mieux gérer son temps pour en gagner.

 

Rydercarroll

Twitter: @rydercarroll

 

Pour commencer...le matériel

 

Sans doute, quelque part chez vous, traîne un petit carnet ou un simple cahier d'écolier. Pas la peine d'investir ! Si dans trois ou six mois la méthode vous convient encore, il sera toujours temps de vous faire plaisir avec un support plus luxueux.

Vous avez un cahier ? Très bien ! Prenez un stylo et une règle.

Et bien vous avez tout ce qu'il vous faut !

 

Matériel

Un matériel minimaliste



La notice de votre Bullet : les clefs

 

Pour mieux visualiser tâches et rendez-vous, on va utiliser différentes « puces ». Sur l'illustration ne figurent que quelques possibilités, à vous d'enrichir la page de vos propres « clefs ».

 

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Le GPS du Bullet : l'index

 

Après la page « clefs », intervient l'index. Une à quatre pages selon l'épaisseur de votre support... Pour cela, rien de plus simple : une colonne "numéros de page", une colonne "intitulés". Il suffira ensuite de numéroter chaque page terminée avant de l'inscrire dans l'index.

 

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Les calendriers

 

Ensuite arrive la partie organisation/agenda. Pour pouvoir noter vos engagements à l'avance, il vous faudra un emplacement « future log » :

 

Futurelog

Une vue mensuelle vous permettra de vérifier en un coup d’œil vos disponibilité lors de la prise de rendez-vous :

 

Novembre

Bien que je n'utilise plus de vue hebdomadaire depuis quelques semaines, vous pouvez tout à fait en créer une :

 

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Au quotidien : les vues journalières

 

Chaque matin -ou la veille au soir-, il vous suffira de note la date du jour puis les évènements et tâches prévue. Un conseil : pour le moment ne préparer pas ces pages en avance au risque de vous retrouver au limiter quand dans un agenda lambda.

 

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Surtout pas de pression, si vous n'avez pas eu le temps -ou l'envie- de terminer vos tâches, contentez-vous de reporter celles concernées au lendemain. À mort la culpabilité !

 

Les collections

 

Sous ce terme, on trouve un peu de tout. Vous avez envie de disposer d'une liste de livres à lire ? Créez-la ! Ou vous aimez noter les citations qui vous parlent ? Allez-y ! Pas de limite aux collections. Et qu'importe qu'elles soient au milieu de votre mois de novembre : l'index permet de les retrouver.

 

Citations

 

Un outil de motivation : les pages de suivie ou tracker

 

Quand on essaie de mettre en place une nouvelle habitude, toutes les aides sont bienvenues ! Le Bullet Journal peut être un allier précieux en la matière. Par exemple, si on veut faire du yoga tous les jours, on peut se faire un tableau où il suffira de cocher les jours durant lesquels on a réussi son challenge.

 

Yoga

 

 

Attention de ne pas multiplier les bonnes résolutions, mieux vaut prendre le temps d'ancrer une pratique. S'atteler à plusieurs défis risque d'épuiser votre volonté. Surtout restons bienveillant envers soi !

Un dernier conseil avant de vous laisser : prenez le temps d'adapter votre Bullet. Cette personnalisation ne se fera pas en quelques jours. Et n'oubliez pas que rien n'est gravé dans le marbre. Une méthode d'organisation doit s'adapter à votre caractère, non l'inverse. Ainsi j'aime que les choses soient rangées donc les collections et trackers mélangés et éparpillés ne me convenaient pas. J'ai décidé de tenir mon BuJo dans un planner, avec des intercalaires dédiés à chaque section.

 

Et vous, quelle organisation vous convient ?

 

21 décembre 2017

L'écriture pour gérer son passé...

 

Depuis l'ouverture de l'Écrhistoires, nous avons beaucoup parlé d'écriture pour le futur, que ce soit afin de le planifier et de le rêver ou dans l'intention de l'organiser. Mais le passé ? À moins d'être né ce matin, adulte et vierge de toute expérience, le passé influe sur le présent. En bien, lorsque l'on s'efforce de ne pas répéter certaines souffrances et/ou en mal, quand des regrets, des remords, des douleurs nous empêchent d'accéder à la sérénité. L'écriture peut-elle nous aider à intégrer ce passé et ainsi lui enlever de son pouvoir ? Et de quelle manière ?

 

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I. La méthode Brunet... ou l'écriture utilisée pour le SPT

 

Commençons par approcher un procédé thérapeutique qui utilise l'écriture. Il ne s'agira pas de le répéter sans la sécurité de médecins ou soignants, seulement de voir comment l'écriture entre en compt.

En France, c'est le psychologue québécois Alain Brunet qui a proposé cette méthode. Après les attentats du 13 novembre 2015, il a proposé son aide aux victimes souffrant de stress post-traumatique. Ce traitement, qui serait efficace pour 65-70% des personnes prises en charge, dure six semaines avec une séance hebdomadaire de 25 min. Une heure avant le début, le patient prend du propranolol, un bêtabloquant, servant habituellement à combattre les migraines, mais qui permettrait d'effacer la dimension émotionnelle des souvenirs traumatiques. Lors de la première séance le patient est invité à écrire son trauma, à le raconter au présent et à la première personne. La semaine suivante -après avoir pris un nouveau comprimé de propranolol- il relit son récit initial. Le patient en fera de même pendant six semaines et, à la fin, le texte ne devrait plus correspondre à son ressenti. Ce ne serait qu'un souvenir douloureux, sans l'effet dévastateur provoqué par l'état de stress post-traumatique.

Une étude est en cours -sur 400 personnes souffrant de SPT- afin de déterminer l'efficacité de cette méthode.

On peut voir que l'écriture -puis la lecture de son propre texte- tient une place centrale dans cette démarche et confirmerait l'intérêt de celle-ci pour consoler du pasé.

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II. S'en inspirer, oui mais comment ?

 

Comme je l'expliquais plus haut, il ne s'agit pas d’utiliser cette méthode n'importe comment, elle doit être menée dans un cadre médicale. Ce procédé met seulement en lumière l'utilisation qui peut être faite de l'écriture pour gérer des événements déjà passés.

Raconter les circonstances de ce qui nous fait souffrir ou nous empêche d'avance ne suffit pas. Notre état d'esprit doit être propice à mettre de la distance. Ce recul peut tout à fait être atteint avec des méthodes douces comme la méditation. Personnellement, je pratique toujours au moins 10 min de méditation ou de yoga avant de prendre le stylo pour travailler un événement difficile. Ensuite je raconte ce qui s'est passé et ce que cela provoque en moi. Je ne cherche pas à produire un texte littéraire, seulement à rester franche et précise. Le lendemain, ou quelques jours après, je relis le texte et essaie de comprendre pourquoi et comment l'incident en question provoque tant de souffrance. Je recommence autant de fois que cela me semble nécessaire -en faisant une pause d'au moins 24 h entre chaque « séance ». En général, je finis par relire ce récit sans que cela provoque en moi des émotions disproportionnées.

Dans le cas contraire et si j'en éprouve le besoin, je demande de l'aide. Je considère que si je n'arrive pas à vider l’événement en question de sa charge émotionnelle c'est que j'ai besoin d'aller voir ce qui se cache derrière. Pour cela, je me fais accompagner.

 

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III. Pour quelles blessures ?

 

Bien sûr cette démarche -écrire l'élément jusqu'à ce qu'il perde de son pouvoir- n'est pas une solution miracle ni le stylo une baguette magique d'Ollivander ! Si l'écriture peut vous permettre de gérer des situations problématiques, son action possible sur les traumatismes reste dangereuse hors de tout cadre thérapeutique. Pour les traumas anciens ou « lourds » l'écriture peut intervenir mais seulement en complément d'autres stratégies que ce soit médicamenteuse, psychanalytique ou via l'EMDR.

 

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Le personnage d'Ollivander, vendeur de baguette magique dans Harry Potter

 

De nombreuses études montrent que l'écriture peut être thérapeutique, ce qui me conforte dans l'idée qu'on peut l'utiliser efficacement pour le développement personnel. La tenue de mon journal revêt tout à fait cette fonction : écrire m'aide non seulement à gérer le quotidien mais aussi à digérer les difficultés de la vie.

Selon vous, l'écriture peut-elle aider à gérer le passé ?

 

15 février 2018

Point papeterie : prendre des notes...

 

Dans le premier article du site, les trois clefs de l'inspiration, un des premiers conseils que je permettais de donner était le suivant : « gardez toujours un carnet/journal sur vous pour recueillir sur l'instant toute cette matière à votre portée. ». C'est un principe auquel je ne déroge jamais. Si, par malheur, je sors munie d'un micro-sac de soirée et donc sans carnet, je finis toujours par le regretter...

 

 

La folie de la prise de note : une obsession utile

 

Si vous pratiquez une activité artistique, que ce soit le dessin, l'aquarelle, l'écriture ou la fabrication de bijoux, vous savez que l'inspiration peut surgir n'importe où, n'importe quand. Or, il n'y a pas de phénomène plus frustrant que de perdre une bonne idée. Je ne parle pas d'écrire un sonnet en dix minutes dans le métro -quoique...- mais de cette phrase, ce thème ou ce vers qui naît en une seconde à la vue d'un passant, d'un ciel particulièrement beau, ou en entendant une mélodie, une phrase, un bruit. Bref, je ne compte pas les fois où au détour d'une journée ordinaire j'arrête tout pour m'exclamer : « Mais bien sûr ! ». Certains de ses « éclairs de génie » se sont bien entendu révélés des impasses mais quelques uns sont à l'origine de mes meilleures productions.

Si vous ne vous passionnez par pour un art au sens strict du terme, cela n'a aucune importance. La prise de note concerne tout un chacun.... Pour garder en mémoire le nom d'un restaurant qu'on nous conseille, une vanne désopilante ou même la petite phrase drôle et adorable du petit dernier. Le regret de ne pas avoir suffisamment noté les bonnes idées se fait particulièrement ressentir au moment des fêtes ou à l'approche des anniversaires : « Mais si, il m'avait parlé d'un truc qu'il lui faisait envie. Un bouquin. Un certain Arthur machin truc. Argh, j'arrive pas à me rappeler... » À défaut d'avoir griffonné l'idée cadeau -et d'avoir conservé le fameux post-it-, on se retrouve à offrir la bouteille de vin ou les chocolats mille fois offerts !

Je vous parlais de post-it car je connais pas mal de personnes qui utilisent ce genre de choses. Je ne dis pas qu'ils sont inutiles mais, personnellement, j'ai tendance à les perdre. Maintenant j'essaie de les coller dans mon agenda, mon carnet de note où n'importe quel « lieu » qui me permettra de les retrouver. Si vous voulez pratiquer la prise de notes au mieux, il existe plusieurs possibilités selon vos besoins...

 

Les cahiers, carnets et les autres...

Commençons par un outil très pratique mais que je n'utilise presque jamais pour prendre des notes : le smartphone. Si cela ne me correspond pas, vous pouvez très bien y trouver votre compte. Si vous désirez essayer le téléphone pour remplacer vos post-it, choisissez une application dédiée – elles sont nombreuses et souvent gratuites. La seule que j'ai pu expérimenter et qui semble la plus connue -et une des plus plébiscitées- est Evernote. N'hésitez pas à l'essayer.

Peut-être que, comme moi, vous préférez le papier. L'offre étant colossale, le mieux reste de choisir le format qui vous paraît le plus pratique. Beaucoup apprécient les petits cahiers format 9x14cm. En effet ils rentrent dans n'importe quel sac ! De mon côté je n'en utilise pas de cette taille car j'adore avoir beaucoup de place pour écrire. Si je possède un agenda en A6, il ne me sert qu'à noter quelques rendez-vous mais jamais à prendre de notes. Il me faut au moins un A5 (148 x 210 mm) ! Pour cela j'ai très longtemps utilisé des carnets A5 moleskine qui me servaient de journal intime/carnet de notes/cahier de brouillon,...

Ce genre de supports suppose que l'on écrit au kilomètre. Au mieux on inscrit la date et nos notes sont « rangées » chronologiquement. Si vous prenez peu de notes, ce système peut suffire. Personnellement j'ai besoin de plus « d'ordre »... Et je pense avoir trouvé l'outil parfait pour moi...



Mon allier personnel : le Traveler's Notebook

 

Pour ne pas mélanger les informations, je me retrouvais souvent avec deux, trois ou même quatre carnets ! Non seulement je n'ai pas envie de me balader avec une valise mais j'avais la fâcheuse tendance d'oublier ou de perdre mes fameux carnets... J'ai donc essayé de trouver une solution.

Le système de Traveler's notebook a été la réponse à mon problème. Mais qu'est-ce qu'un Traveler's notebook ? C'est une couverture -en cuir ou immitation cuir- qui permet, avec un simple système d'élastiques, d'y insérer des carnets -un à quatre pour la plupart des modèles.

 

Ainsi on peut choisir une fonction à chaque carnet. Souvent muni d'un passant à stylo, on a tout sous la main ! Je possède un traveler's notebook de la marque Dokibook et je ne peux plus m'en passer. J'ai pris ce modèle car il comporte quatre élastiques ce qui signifie que j'ai pu y mettre autant de carnets. Vous voulez savoir comment j'utilise ces derniers ? Le premier me sert de to-do list, le deuxième me permet de prendre des notes (de lecture ou lorsque j'assiste à une conférence), le troisième recueille mes recherches sur l'écriture et le dernier est une sorte de cahier de brouillon multi-fonctions. Je ne l'emmène par partout avec moi -je peux prendre une note exceptionnelle dans mon journal intime qui, lui, m'accompagne partout- mais je l'ai souvent dans le sac. Si vous choisissez le traveler's notebook, sachez qu'il existe plusieurs formats mais que la taille la plus commune est de 11x21cm.

Le modèle de traveler's notebook que je possède...

Voilà pour la prise de note... En espérant que cet article vous sera d'une quelconque utilité. Il faudra d'ailleurs que je vous fasse un article sur la manière d'utiliser ses notes -et je me dépêche d'écrire cette idée dans mon traveler !



Et vous, ami lecteur, touché par cette obsession de la prise de notes ?

 

22 mars 2018

Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une – Raphaëlle Giordano



Genre : Roman

Pays : France

Date de publication : 2015

Maison d'édition : Pocket pour la présente édition

Prix : 6 euros 95

 

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Résumé :

" Vous souffrez probablement d'une forme de routinite aiguë.

Une quoi ? "

Camille, trente-huit ans et quart, a tout, semble-t-il, pour être heureuse. Alors pourquoi a-t-elle l'impression que le bonheur lui a glissé entre les doigts ? Tout ce qu'elle veut, c'est retrouver le chemin de la joie et de l'épanouissement. Quand Claude, routinologue, lui propose un accompagnement original pour l'y aider, elle n'hésite pas longtemps : elle fonce et repart à la conquête de ses rêves...



L'activité que je propose, l'écriture créatrice, s'imprègne de psychologie, de sophprologie, de méditation et de développement personnel. J'utilise ces pratiques alliées à l'écriture pour travailler sur soi. Je suis donc à l’affût de ce qui s'écrit sur ces questions. Même les romans. C'est ainsi que j'ai eu le plaisir de lire le conte L'âme du monde. Je ne pouvais passer à côté du livre de madame Giordano qui,selon la presse et les critiques, est un roman imprégné de ces pratiques. J'ai même lu l’avis de lecteurs qui témoignat que l'ouvrage avait changé leur vie ! D'un autre côté, une amie -dont les opinions sont proches des miennes- m'avait mise en garde : le bouquin l'avait extrêmement déçue. Toutes ces contradictions ne pouvaient que me pousser à lire Ta deuxième vie...



Mon Avis

 

Sur la papier le livre de Raphaëlle Giordano semble alléchant. Une jeune femme, pas malheureuse mais un peu paumée, découvre via un « routinologue » des pratiques inspirantes... Ok. Bon.

Soyons franc ami lecteur, si vous avez aimé l'ouvrage en question, je veux dire vraiment aimé, alors ne lisez pas cet article. Car cela n'a pas été mon cas. Mais alors vraiment pas !

S'il y a bien une chose qui m'agace et... Non, pas m’agace. C'est loin de la vérité. Je reprends : s'il y a bien une chose qui me met hors de moi c'est quand un écrivain -ou un essayiste- prend ses lecteurs pour des mollusques abrutis. Or tout au long de Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une, j'ai eu l'inconfortable impression qu'on me prenait pour une demeurée. Remarquez, j'aurais sans doute pu m'en douter car le titre annonce la couleur. Il semble proclamer : tu vois lecteur, voilà ce que tu vas apprendre avec moi ! Vois comme je ne vais pas te divertir, car cela n'a que peu d'intérêt, mais vois de quelle manière tu vas avoir une illumination dans ton petit cerveau atrophié de consommateur alléché par la pseudo-philosophie.

Oui, oui, ce n'est qu'un titre. Mais -et finalement cela signifie sûrement qu'il est bien trouvé- il reflète une caractéristique du récit : la condescendance. Tous les principes exposés par Claude le gourou routinologue sont en gras. Oui, en gras. Comme ça le premier benêt venu -celui auquel l'auteure s'adresse- comprendra bien ce qu'il lui faut retenir de sa lecture. L'usage de la typographie pour instruire la populace... Par Aslan, même les citations sont en gras ! Comme celle d'Aristote, page 41. Argh...

Vous pourrez me dire que peu importe, ce qui compte c'est que madame Giordano permette aux néophytes de découvrir le développement personne. Mouais. Sauf que l'auteure ne se contente pas d'effleurer les notions qu'elle promue, elle les abîme. Déjà parce qu'une pratique mal appliquée peut faire beaucoup de mal mais aussi parce qu'elle nous trompe. Madame Giordano nous raconte un conte où les marraines sont remplacées par la méditation en pleine conscience, la pensée positive -que j'exècre- et la communication non violente. Nous avons le droit à des miracles. De la pleine conscience lyophilisée, aussitôt pratiquée aussitôt comprise. De la communication non violente galvaudée, de la psychologie instantanée -il suffit d'un coup de fil pour que l'héroïne pardonne son père-.

Quel est le risque me demanderez-vous ? Et bien que les lecteurs se jettent dans une de ces pratiques en pensant que ce sera aussi simple. Mais ça ne l'est jamais. Oui, il faut du temps pour qu'une pratique fasse partie de notre vie et la change. Finalement l’itinéraire de l’héroïne ressemble en tout point à ce qu'elle semble être : un mélange de bons sentiments, d’égoïsme et de caprice. Le nombrilisme en sarouel.

Enfin, et de manière tout à fait personnelle, je n'apprécie pas les messages véhiculés par le roman. D'abord l'idée d'un devoir au bonheur. Une forme de tyrannie de la perfection et du changement. L'auteure nous vend une femme qui trouve le bonheur dans la réussite professionnelle -avec un final ridicule-, dans le fait de mitonner de bons petits plats sains à sa famille, et surtout de ne pas sombrer dans la routine. Le vrai bonheur est-il de changer de vie ou de regard pour la sublimer ? Ce que nous dit ce roman c'est que l'on doit en faire plus, toujours plus, et mieux ; que le bonheur se débusque non dans la réalité et les petites choses mais dans la quête de la perfection. Même nos difficultés et nos blessures devraient être maquillées de développement personnel...

Alors non, je ne crois que ce roman puisse profondément changer une vie. Il peut, au mieux, donner envie d'aller voir de plus près quelques pratiques. Au pire il nous vend un chemin de vie irréaliste avec l'impression qu'on n'est -encore une fois- pas à la hauteur. Et de se perdre tant dans une quête mensongère que le bonheur nous semble un fantasme juste bon pour les bobos mangeurs de soja.

 

Si vous l'avez lu, vous avez aimé ?

 

 

24 mars 2018

Consigne d'écriture n°22 - «Les voisins »

 

 

La consigne

 

Cette semaine un thème : les voisins.

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Mon texte

 

Première nuit

 

22h00

Vous connaissez l'odeur des meubles neufs ? Celle-ci se mêle à celle de pizza froide. Tant pis, je dormirai dans les effluves d'une cuisine. Mais peut-on donner ce nom à l'espace coincé entre le canapé et la porte d'entrée ? Le frigo, si petit que sa place est dans un mobile-home, vrombit comme s'il se prend pour un réfrigérateur à l'américaine, un de ceux qui produisent des glaçons. Je me sens pourtant toute guillerette : mon premier appartement ! À moi les plateaux-télé, les amants d'un soir, la liberté, à moi, à moi, à moi ! Tant pis pour les aller-retours à la laverie, tant pis pour la vaisselle à main, tant pis pour les factures à payer. Je suis in-dé-pen-dante. Lors de la visite du studio, j'avais été charmée par le vieil immeuble où résident surtout des personnes âgés. Rien ne m'aurait plus horripilé que de vivre dans un des bâtiments truffés d'étudiants, alors que je travaille comme serveuse depuis plus d'un an. Et puis j'aime bien les vieux.

Le couple dont le trois pièces côtoie mon nouveau chez-moi n'a qu'une cinquantaine d'années, des jeunesses par rapport aux autres. J'ai croisé monsieur alors que je montais quelques cartons. Un homme charmant, à la moustache fournie et au regard clair. Il y a peu de risque pour que des fêtes endiablées perturbent mon sommeil. Peut-être que le son de la télé sera la seule pollution sonore que je devrai subir. Cela me fait sourire parce que je repense à ma grand-mère qui regardait Questions pour un champion à un volume si élevé que tout le quartier pouvait répondre...

De l'autre côté de mon studio se trouve une femme seule. La soixantaine plus entamée que mes économies après ma virée chez Ikea. À ma grande surprise, elle a sonné à ma porte, tôt dans l'après-midi, pour m'offrir une assiette de cookie. Adorable... Bien qu'ils avaient la consistance et le goût de litière pour chat. J'irai lui rendre son assiette demain. Afin de préserver mes relations de voisinage, j'avais glissé un mot dans chaque boite aux lettres. À cause du bruit. Mais c 'est terminé. On est dimanche soir, 22h, et je peux enfin m'endormir chez moi. Demain, je prends mon service l'après midi, je peux dormir sans culpabiliser.

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Je ne comprends pas tout de suite la provenance des gémissement. « Vas-y salope ! ». J'ouvre les yeux et cligne frénétiquement des paupières. C'est vrai, je suis au studio. Chez moi. « Clac, clac ». Mais qu'est-ce que... ? Les gémissements reprennent de plus belle. Est-ce que le quinquagénaire, alors que sa femme dort -la bienheureuse!- mate un porno ? « Tu aimes ça, hein ? ». Tout à fait réveillé, j’ai un hoquet de surprise : c'est la voix du voisin ! Celui à la moustache pleine de panache. Et bien, leur couple tient la forme... Avec un sourire, je prends ma petite bouteille d'eau.

« Laisse-moi la place ! » Je m'étrangle et il me faut plusieurs minutes pour cesser de tousser. Je finis assise dans mon clic-clac, les yeux rouges et les joues en feu. Mais combien ils sont ?!

Les minutes s’égrènent aux rythmes du trio. Visiblement, madame est adepte de la fessée. Même quand ils ont fini, leurs bavardages, ponctués de rires, me tiennent éveillée. Je ne cesse de jeter des coup d’œil à mon réveil. S'ils ne venaient pas joyeusement de partouzer, je donnerais quelques coups dans le mur, histoire de montrer mon impatience. Hélas, je suis bien trop gênée...

En tout je subis leur libertinage pendant deux heures. Deux heures de repos perdu, moi qui suis épuisée par mon déménagement.

Je sombre de nouveau dans le sommeil, en tentant de me rassurer : ma foi, même le marquis de Sade ne passait sans doute pas TOUTES ses nuits à baiser bruyamment et en groupe...

 

« Non, non c'est un la ma chérie »

Cette fois le bruit vient de l'autre coté. On joue du piano en chantant. Abominablement. Finalement il y a une certaine harmonie dans cette cacophonie : les fausses notes accompagnent admirablement la voix aigrelette et nasillarde. Mon dieu ! J'ouvre un œil meurtrier : 7h30. Saccager la musique à cette heure indue ?!

Cette fois ce n'est plus possible ! Le manque de sommeil suffit à me faire oublier ma bienveillance et ma patience. Je me lève et enfile un pantalon et, sans prendre la peine de me coiffer, je sors sur le palier, bien décidée à menacer ma voisine des pires outrages. Elle ne peut pas attendre quelques heures avant de s'époumoner ainsi ? Pense-elle qu'une assiette de cookies suffit à me corrompre ? Alors que je lève le poing pour frapper vigoureusement, ma main retombe. Bien malgré moi, un gémissement s'échappe de mes lèvres pincées et des larmes m'aveuglent. Hélas, pas suffisamment pour que je ne puisse déchiffrer la plaque cuivrée : Madame Desmoussint – professeure de piano et de chant.

 

13 février 2017

Un nouveau magazine : Respire

 

La lecture tenant une place primordiale pour mon travail, j'inaugure une nouvelle catégorie sur ce thème. Dans de courtes critiques, je partagerai régulièrement avec vous les ouvrages/articles/magazines qui m'ont plu -ou non- inspiré -ou pas-.



Genre : Magazine

Rythme de parution : tous les deux mois

Numéro : 1 (janvier-février 2017)

Édité par : Oracom

Rédactrices en chef : Agathe Lebelle / Iris Maluski

Prix : 5,95

 

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Une fois n'est pas coutume, nous parlerons aujourd'hui d'un nouveau venu dans les kiosques...

Je ne suis pas particulièrement friande de presse. Déjà parce que cela demande un certain budget, que je préfère consacrer aux livres, et parce que je suis difficile en la matière. En outre, je me lasse vite.

Depuis un an, je reste fidèle à un seul magazine : Flow qui marie mon amour du papier, ma passion pour la créativité et mon intérêt pour le bien-être sous toutes ses formes.

Toujours à l'affût, je suis tombée sur le premier numéro de Respire dont la ligne éditoriale est résumée en quelques termes sur la couverture : Bien-être - Pleine Conscience - Créativité - Évasion. Beau programme...

 

Mon Avis

 

Premier numéro rime souvent avec petits couacs et quoi de plus normal ? Qu'une revue ait besoin de plusieurs parutions pour parfaire sa formule, je le conçois aisément. Je me suis lancée dans ma lecture avec une bonne portion de tolérance...

Quelques éléments peuvent effectivement être imputables à la jeunesse de Respire... Concernant les cadeaux (deux enveloppes, deux papiers à lettre, quatre papiers créatifs), je regrette qu'ils ne soient pas pré-découpés. Cela peut sembler un détail mais devoir abîmer le magazine, puis redécouper tout ça, fait une vraie différence pour les passionnés de papeterie. Ensuite, dans le domaine des agacements, il manque les références complètes des ouvrages cités -maison d'édition,...- et le prix des objets proposés.

Rien de grave me direz-vous. C'est vrai. Surtout quand on regarde les articles de plus près. Avec une ligne éditoriale qui s'attache tant au bien-être, on s'attend à ce que le magazine fasse une part belle à la légèreté. Et ça, on peut dire que c'est léger ! Tellement léger qu'en fait c'est SURTOUT superficiel.

Chaque sujet est tellement survolé qu'on peut se demander si les auteurs ont procédé à des recherches. Peu ou pas de travail journalistique ! Les articles font penser à des parutions de blog, sympas mais sans profondeur. Les études citées ne sont pas référencées, rien n'est argumenté ou justifié. À croire que pour l'équipe de la rédaction, les bobos -cibles, avouons-le, de Respire- sont des lecteurs tellement bohèmes qu'ils sont prêts à gober tout ce qu'on leur dit du moment que ça parle nature, sommeil, méditation ou yoga.

Des papiers superficiels alternent donc avec des extraits d'ouvrages, quelques citations pour faire bonne mesure et des illustrations pastelles pour faire joli, le tout un brin moralisateur. De la psychologie de comptoir qui pourra contenter ceux qui veulent se détendre et dont l'intérêt pour le Bien-être, la Pleine conscience et la créativité se limite à parcourir une fois par mois un article sur ces questions.

Quelle déception !

 

Et vous, lecteur de magazine ou pas du tout ?

3 août 2017

1001 dessins faciles à la japonaise - Kamo

 

Genre : Pratique

Pays : Japon

Date de publication : 2015 pour cette édition

Maison d'édition : Dessin et Tolra

Prix : 8,90 €

 

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Présentation de l'éditeur : 5 chapitres, divisés en 51 leçons concises et ludiques, avec le niveau de difficulté indiqué, pour apprendre les rudiments du dessin Kawaï. Une maquette dynamique et colorée avec de nombreuses illustrations. Des doubles pages de photos avec des idées de customisation avec les dessins kawaï (T-shirt, couverture de livre, cartes, emballages cadeaux…)

Mon Avis

 

Que ce soit dans mon journal intime ou dans mon agenda -ou mon Bullet Journal, il faudra que je revienne en parler plus longuement-, j'adore agrémenter mes pages de petites illustrations faciles à faire. Cela met un peu de fantaisie et de bonne humeur dans la routine ! Lorsqu'à Noël dernier, j'offrais à ma fille un autre ouvrage de Kamo Apprendre à dessiner à la japonaise, je ne pensais pas passer mon temps à lui piquer. Si bien que mon ado en a eu vite marre et que j'ai fini par me commander le bouquin qui nous intéresse aujourd'hui.

 

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1001 dessins faciles à la japonaise est un peu moins complet que le premier mais il est néanmoins devenu un allier de taille pour moi. Divisé en quatre grandes parties selon les saisons, il m'inspire quand j'ai envie d'illustrer mes journées sans prise de tête. Pour ceux qui se considèrent comme dénués de toute aptitude dans ce domaine, je conseillerais plutôt Apprendre à dessiner à la japonaise qui comporte plus d'explications pas-à-pas.

Bonus non négligeable : grâce aux livres de Kamo, j'espère bien devenir une championne au Pictionary !

 

Et vous, prêts à illustrer vos agendas ?

 

31 août 2017

La plume et le clavier : un duel à l'aube ?

 

Sur les sites consacrés à la fiction, dans les manuels théoriques mais aussi au sein des ateliers d'écriture, le sujet continue de faire débat : écrire à la main ou directement sur ordinateur. De la même manière que les lecteurs d'Epub s'opposent souvent à ceux qui préfèrent le poids d'un ouvrage entre leurs mains, la plume et le clavier semblent scinder les écrivants en deux clans.

En dehors de toute considération philosophique, il me paraît utile de simplement comprendre ce que ces deux écoles ont à nous offrir. Ces outils, au-delà de toute considération métaphysique, peuvent et doivent se mettre au service de notre créativité.

Nota Bene : il ne sera question ici que de papier et d'ordinateur. Quant à la possibilité d'écrire sur une tablette ou un smartphone, j'avoue que je n'ai jamais vraiment tenté l'expérience.

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I. Comparatif technique

Commençons cette réflexion par le plus évident : les avantages et inconvénients de chaque outil... Ceux qui privilégient l'écriture à la main ont l'avantage de pouvoir écrire partout et dans -presque- toutes les conditions : dans les transports en commun, debout ou même allongé dans le lit, en pleine nature,... Il suffit de disposer d'un bout de papier et d'un crayon. Quoi de plus nomade ? Au contraire l'ordinateur demande quelques aménagements. On peut tout à fait utiliser un portable à l'extérieur mais il faut le prévoir : transport, batterie,... S'il nous vient une envie subite d'écrire, ce sera plus compliqué...

Si utiliser un stylo apporte -pour certain- une dimension de « plaisir », on a tendance à se fatiguer au bout d'un moment. Surtout quand on a perdu l'habitude d'écrire à la main. Bien entendu plus on « pratique » et plus on dispose d’endurance mais pour avoir souffert de tendinites à répétition lorsque j'étais étudiante, il y a une limite. Le clavier n'a pas ce désavantage même si la fatigue oculaire à cause de l'écran peut devenir, à long terme, tout aussi handicapant.

Enfin, il est parfois intéressant de regarder les brouillons à la main. Nos ratures nous permettent de comprendre de quelle manière on travaille un texte. Les changements sont visibles alors que sur écran on supprime ce qui ne nous convient pas. Hélas cet avantage est contrebalancé par le fait qu'il est compliqué de corriger un texte écrit à la main. Il faudra recopier plusieurs fois les mêmes choses... Chaque version d'un projet prendra beaucoup de temps puisqu'on doit tout réécrire.

Au contraire, l'ordinateur permet de changer une partie de son texte sans tout recopier. On peut déplacer des paragraphes entiers sans se fatiguer...

Bref, que ce soit pour l'écriture manuscrite ou sur clavier, il existe autant d'avantages que d'inconvénients... Comment savoir quel outil utiliser ? En premier lieu, il convient d'apprendre à se connaître...

II. Apprendre à se connaître

 

Cette partie revient dans tellement de mes articles et de mes ateliers que le précepte d'apprendre à se connaître devient une règle de vie... Comme toujours, prenez donc le temps nécessaire pour vous observer. Écrire à la main ou taper sur clavier change-t-il quelque chose à votre inspiration, à votre efficacité, à votre créativité ?

Afin de vous aider, je ne saurais trop vous conseiller la tenue d'un journal d'auteur/d'écrivant. Prendre le temps -5 à 10 min par jour ou séance- de noter vos ressentis, vos difficultés, vos impressions vous permettra de comprendre votre processus créatif et, par conséquent, de le parfaire.

 

III. Choisir le bon outil au bon moment

 

Après avoir pris le temps de lister les avantages et inconvénients de chaque outil puis d'apprendre à vous connaître, le conseil qui nous intéresse coule de source. Il s'agit d'utiliser la plume ou le clavier selon vos propres préférences et particularités. Vous expliquer de quelle manière je procède me permettra d'être plus claire...

À la main, j'écris toutes mes réflexions, idées, notes parce qu'allumer mon ordinateur à chaque fois me semble fastidieux. Concernant mes écrits intimes -comme la tenue de mon journal-, j'utilise aussi un stylo.

Quant au reste, je le tape afin de pouvoir retravailler facilement mes textes. Il existe une exception : la poésie. Je suis incapable d’écrire le premier jet d'un poème sur ordinateur, j'ai besoin de papier. Peut-être parce que le genre poétique exige une réflexion pour chaque mot, que c'est un travail de grande précision...

Vous le voyez, je ne défends ni le clavier ni la plume, les deux me semblent complémentaires selon ce que l'on écrit et pourquoi. À vous de trouver le fonctionnement qui vous conviendra le mieux. Pour finir avec le sujet, un petit conseil... Lorsque je bloque sur une scène ou un passage, changer d'outil me permet parfois de renouveler l'inspiration. Passer au stylo quand je travaille sur écran a souvent donné un nouveau souffle à mon écriture. Une manière simple de surmonter certains obstacles...

 

Et vous, plutôt plume ou clavier ?

 

12 octobre 2017

Voyage en poésie : le Haïku

Née au début des années 80, je fais partie de ceux qui ont grandi avec le Club Dorothée et ses animés venus tout droit du Japon. Une manière très pop-culture de commencer à s’intéresser au pays du soleil levant. Plus tard, à l'adolescence, en plus des quelques manga que je lisais, je me suis plongée avec délice dans les contes de Ugetsu Monogatari ou les romans de Tanizaki et de Kawabata. Quant au haïku, qui nous intéresse aujourd'hui, je ne l'ai découvert d'une fois adulte, lorsque j'ai eu l'impression d'avoir fait le tour de la poésie occidentale. Ce pan de la littérature japonaise reste un univers vaste et passionnant que j'ai eu logiquement envie de partager ici.

 

I. Une forme, une histoire

 

Le haïku est un court poème japonais de 17 syllabes fractionné en trois séquences : de 5 syllabes, 7 syllabes et 5 syllabes.

Impossible d'aborder le haïku sans mentionner une des figures majeures de la poésie classique japonaise : Matsuo Munefusa. Plus connu sous le seul pseudonyme de Bashō 芭蕉, qui signifie « Bananier », il est né dans une famille de Bushi -la noblesse guerrière-. Né aux alentours de Kyoto en 1644, sa vie fut vouée à la poésie. Il connaîtra le succès à Edo (Tokyo) puis renoncera à la vie mondaine pour prendre l'habit de moine et s'installer dans un ermitage. Devant ce dernier il aurait planté un bananier, ce qui lui aurait valu son nom de plume. Il meurt en novembre 1694 après avoir cessé de s'alimenter et demandé à ses disciples d'écrire des vers pour lui. Sur sa tombe, on plantera un Bashō...

Le poète a largement contribué à l'éclosion de la poésie populaire mais il a surtout imposé un certain esprit du haïku, une forme de simplicité, de pureté, de légèreté. Souvent en lien avec la nature et parfois constitué d'une touche d'humour le haïku est souvent décrit comme la poésie de l'instant.

Un exemple parmi les 2000 haïku composés par le maître Bashō ?

 

un vieil étang

古池や

furu ike ya

une grenouille plonge
蛙飛びこむ

kawazu tobikomu

le bruit de l’eau
水の音

mizu no oto

Pour ceux qui voudraient se plonger dans l’œuvre de Matsuo Bashō, il existe de nombreuses traductions française de bonne qualité dont l'intégral des haïku de Bashō.

 

 

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II. Une forme, quelques principes

 

Comme je l'écrivais précédemment on considère souvent le haïku comme la poésie de l'instant. Mukai Kyorai, élève de Bashō, explique dans Kyorai shō que le haïku « C'est simplement ce qui arrive en tel lieu, à tel moment ». Pour parvenir à cette « capture poétique » , chaque mot est ciselé, chaque section travaillée. Peut-être à cause de cette idée de moment présent, on a souvent pensé ou dit que le haïku était une forme poétique du zen. Or pour René Sieffert, spécialiste de la littérature japonaise, l'école de Bashō n'a aucun lien avec le zen.

Maintenant que les choses sont claires, parlons un peu plus de ce qu'est un haïku. Tout d'abord il ne comporte pas de rime. Aucune. Oui, cela nous éloigne grandement de la poésie classique française -et c'est tant mieux!-. Il doit aussi être autonome, c'est à dire qu'il doit se suffire à lui-même. C'est une œuvre à part entière.

Le haïku comporte trois séquence, la première et la troisième de 5 syllabes et la deuxième de 7. Les poètes préconisent d'utiliser un vocabulaire simple -compris par tous- et précis. Par exemple on utilisera plus volontiers le terme chêne que celui d'arbre.

Les thèmes sont très varié bien que la nature tient une place importante dans nombre de recueils de haïku. Ce qu'on oublie parfois est que l'humour est présent chez de nombreux poètes japonais.

Bashō lui-même utilisait le terme de kokkei 滑稽 qui signifie humoristique, cocasse. Non seulement l'image évoquée par le poème peut être amusante mais les jeux de mots sont légions chez certains auteurs. Ainsi, Issa, un des quatre maîtres classiques du haïku, écrivait au dix-neuvième siècle :

Le vent du printemps

découvre les fesses

du couvreur

 

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III. Quelques instants poétiques

 

Parce que pour comprendre et apprécier les haïku, il n'y a rien de plus simple que d'en lire quelques uns, voici certaine de mes préférés :

 

« Oh ! une luciole qui vole

Je voulais crier « Regarde ! »

Mais j'étais seul »

                                  Taïgï

« Le marais, moite

Le silence blême et lourd

Soudain un canard !... »

                                Takasaki

« Sot le 31 décembre

Tout aussi sot

le Jour de l'An »

                              Shiki

« Dans l'eau que je puise

scintille le début

du printemps »

                            Ringaï

« Une fleur tombée

remonte à sa branche !

Non ! c'était un papillon »

                         Moritaka

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     Cet article n'étant qu'une courte bafouille, n’hésitez pas à lire quelques ouvrages sur le haïku ou de haïku si le sujet vous intéresse. Je vous signale d'ailleurs l'ouvrage passionnant de Philippe Costa Petit manuel pour écrire des haiku.

Le haïku est un exercice très agréable, je ne peux que vous encourager à vous y essayer... D'ailleurs lorsque je dirige des ateliers d'initiation à l'écriture poétique, le haïku en est une partie incontournable...

 

Et vous, ami lecteur, amateur d'haïku ?

 




23 mars 2017

Listes obsessionnelles compulsives

 



Genre : Recueil

Pays : Royaume-uni

Date de publication : 2015 pour la traduction française

Maison d'édition : Le Livre de Poche / Editions du sous-sol

Traduction de l'anglais : Claire Debru

Prix : 14,90 €

 

Dans l'article de la semaine dernière « Écrire pour faire place », je vous parlais du principe d'externalisation (le fait de ne pas remplir sa tête de choses qui n'ont rien à y faire). Cette thèse de Daniel Levitin, professeur de psychologie cognitive, m'offre une excuse parfaite pour justifier d'une de mes -nombreuses- manies : faire des listes. Je collectionne les listes comme d'autres épinglent les papillons : avec ardeur, minutie et une joie sans cesse renouvelée. Aussi lorsque j'ai croisé l'ouvrage de Shaun Usher dans ma librairie de quartier, je vous laisse imaginer mon impatience...

 

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Résumé : Les hommes ont commencé à faire des listes bien avant d’écrire des lettres. Ils y consignent l’essentiel de ce qui leur tient à cœur : espoirs et aspirations, préférences et aversions, règles de vie et d’amour, souvenirs et rappels des choses à faire avant de mourir.
Listes de courses de Galilée et de Michel-Ange, des livres préférés d’Edith Wharton et d’Ernest Hemingway, des résolutions de nouvelle année de Marilyn Monroe, « to do list » de Johnny Cash, ou encore tentative d’inventaire de Georges Perec composent ici une anthologie riche et visuelle de cent vingt-cinq listes brillantes et fantasques.



Mon Avis

 

Mon plaisir à feuilleter le livre qui nous intéresse aujourd'hui ne tient pas seulement dans ma ferveur à lister tout et -souvent- n'importe quoi. Tout amoureux des curiosités ou des mots sera fasciné par la profusion et la diversité des choix réunis dans Au bonheur des listes. On croise la petite histoire et la grande, la politique, l'art et l'humour. J'ai beaucoup souri, souvent été surprise, parfois saisie d'émotion et j'ai toujours tourné la page avec ardeur.

Les illustrations, nombreuses, nous offrent des fragments de l'évolution de l'écriture mais aussi de la société. Un livre à offrir ou à s'offrir dans lequel je me replongerai avec délice, un jour de pluie, accompagnée de la douceur gourmande d'un chocolat chaud.

 

Si vous avez envie que je chronique un livre en particulier,

n'hésitez pas à m'en faire part...

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